Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a affirmé, hier à Kampala, capitale de l’Ouganda, que le Mouvement des non-Alignés est « appelé aujourd’hui à faire entendre sa voix sur l’impératif d’une nouvelle approche pour relever les défis » liés à la sécurité et au développement.
Dans une allocution, prononcée à l’ouverture de la 19e Réunion ministérielle du MNA sous le thème « Approfondir la coopération pour une prospérité mondiale partagée », Attaf, chargé par le président Abdelmadjid Tebboune, a abordé les défis du Mouvement aujourd’hui, ainsi que les questions palestinienne et sahraouie. Après avoir rappelé la première étincelle qui a donné naissance au Mouvement des Non-alignées qui n’était autre que la Conférence de Bandung (du 18 au 24 avril 1955), une étape charnière dans la libération des peuples sous le joug colonial, Attaf a exprimé la reconnaissance de l’Algérie qui « n’a pas oublié et n’oubliera pas que sa cause de libération a trouvé en la Conférence de Bandung son premier soutien, le plus important défenseur de son message et le meilleur avocat qui lui a témoigné sa solidarité et a soutenu sa justice ».
Un événement grâce auquel, la première question de la décolonisation, notamment algérienne, a été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies en date du 30 septembre 1955. Dans ce contexte, Attaf a salué la « fermeté de notre mouvement (MNA, Ndlr) envers les principes, l’esprit et les aspirations de Bandung, son attachement à ses positions authentiques et profondément ancrées, qui soutiennent les causes de libération à travers le monde et appellent simultanément à une réforme du système de gouvernance internationale dans ses divers aspects, notamment économiques, politiques, monétaires et commerciaux ».
« Le peuple sahraoui ne demande qu’à exercer son droit à l’autodétermination »
Dans cette perspective, Attaf a souligné que « l’Algérie apprécie ce qui a été affirmé dans les documents finaux de notre rencontre concernant la question palestinienne en particulier, et concernant la question de la sécurité et de la stabilité dans la région du Moyen-Orient en général ». Abordant la question dans son contexte de l’heure, Attaf a indiqué que « le peuple palestinien vit aujourd’hui avec deux espoirs : un petit espoir et un grand espoir. Le petit espoir est celui de consolider l’accord de cessez-le-feu, de le faire respecter et de répondre efficacement aux besoins urgents de notre peuple à Ghaza. Quant au grand, il est à espérer que cette étape sera accompagnée d’un processus politique sérieux qui donne la priorité à la résolution essentielle du conflit, en mettant fin à l’occupation des terres palestiniennes et arabes et en accélérant la création d’un État palestinien indépendant et souverain comme solution juste, permanente et définitive au conflit israélo-palestinien ». S’agissant de la question sahraouie, Attaf a affirmé que « le peuple sahraoui ne demande rien d’autre que de pouvoir exercer son droit légitime à l’autodétermination et déterminer son avenir, sans aucune contrainte, ni tutelle », rappelant que l’Algérie « adhère pleinement à la position ferme et de principe du Mouvement des non-alignés à cet égard », à savoir celle qui « est conforme aux résolutions de légitimité internationale et respectueuse de la doctrine internationale établie dans le domaine de la décolonisation» (résolution 15/14 octroyant l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, Ndlr).
Rétablir la confiance Nord-Sud
Par ailleurs, Attaf a mis en avant les défis de l’heure auquel devrait faire face le MNA qu’il a appelé « à faire entendre sa voix afin d’affirmer l’inéluctabilité d’une nouvelle approche face aux enjeux liés à la dichotomie sécurité-développement ». Une approche, détaille-t-il, « fondée principalement sur la reconstruction de la confiance entre le Nord et le Sud, à travers des partenariats fondés sur l’égalité souveraine, le respect mutuel et une coopération fructueuse face aux méthodes de domination, de subordination et d’exclusion ». Deuxième approche, elle « consiste à corriger les déséquilibres structurels du système international, en commençant par le Conseil de sécurité de l’ONU, puis par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et enfin par l’Organisation mondiale du commerce ». Enfin, ajoute Attaf, une approche relative à « la concrétisation de tous les engagements internationaux liés au soutien au développement durable, notamment le financement du développement, la résolution de la crise de la dette, la justice climatique, la promotion de la bonne gouvernance et le soutien à l’innovation et au transfert de technologie vers les pays en développement ».
Farid Guellil