La dépouille mortelle du chanteur algérien d’expression Kabyle, Cherif Hamani, rapatriée de France, est arrivée mardi dans la wilaya de Tizi-Ouzou et a été acheminée vers la maison de la culture Mouloud-Mammeri où un dernier hommage a été rendu au défunt artiste et à l’homme connu pour sa sagesse.
Une foule nombreuse composée de plusieurs figures de la famille artistique, notamment des chanteurs, mais aussi des poètes, des hommes de théâtre, des journalistes, des élus locaux, les autorités locales, à leur tête le wali, Djilali Doumi, et des centaines de fans, de tous les âges, s’est déplacée au théâtre de plein air Mohia pour se recueillir à sa mémoire. Présent sur place pour rendre un dernier hommage à celui qu’il a qualifié de sage, le chanteur Karim Abranis a indiqué qu’il a connu Cherif Hamani à ses débuts dans la chanson, dans les années 1980. « Cherif était un homme modeste, sympathique, très gentil, respectueux et profondément spirituel. Jamais un mot de travers n’était sorti de sa bouche, il était très sage », a-t-il ajouté, soulignant que « son œuvre est imme nse et témoignera de son talent ». Pour Karim Abranis, « c’est le physique de Cherif qui disparaîtra, mais son souvenir demeurera dans les cœurs de ceux qui l’aiment, des Algériens qui l’apprécient car il a laissé une œuvre gigantesque ». L’artiste Ouazib Mohand Ameziane a confié avoir connu Cherif Hamani en 1977 à Alger alors qu’il était le bras droit d’El Hasnaoui Amechtouh, il était banjoïste. « J’ai beaucoup apprécié sa voix rock, je lui disais alors pourquoi tu ne chantes pas, tu as une belle voix. Il a fallu attendre 1981, au 40e jour de la mort du chanteur Farid Ali, pour le voir chanter sur scène, ce que j’ai beaucoup apprécié », a-t-il témoigné. Il a insisté, lui aussi, sur la sagesse de celui qu’on surnommait « Amghar Azemni » (le vieux sage), ajoutant que Da Chérif a laissé un trésor avec ses textes très profonds. « Il était le meilleur de nous tous en tant que joueur de mandole et de banjo », a-t-il dit. De son côté, Hacene Ahres, a souligné que Cherif Hamani, en dehors de la chanson, était un homme très cultivé. « On pouvait discuter avec lui là longueur de journée sans se lasser, car il avait beaucoup de connaissances », a-t-il confié, ajoutant que pour ce qui est de la chanson, « il avait grandement contribué à l’enrichissement de la chanson kabyle », rappelant sa modestie et sa sagesse. D’autres artistes, de ceux qui l’ont connu et de la jeune génération, ont aussi témoigné de sa sagesse et de son apport à la chanson algérienne d’expression kabyle. La directrice de la culture, Nabila Goumeziane, a souligné que Cherif Hamani a consacré sa vie pour la culture algérienne, soulignant sa modestie et son humilité qui lui ont valu respect et amour de tous, ajoutant que son œuvre qui a bercé des générations, restera éternelle. Cherif Hamani est décédé vendredi dernier à Paris des suites d’une longue maladie à l’âge de 67 ans. La veillée funèbre aura lieu ce mardi, dans sa résidence familiale à Tala Allam (commune de Tizi-Ouzou), alors que l’enterrement est prévu mercredi dans son village natal Tagragra, dans la commune d’Ait Mahmoud (Daira de Beni Douala). Le défunt fut l’un des piliers de la chanson algérienne d’expression kabyle sur la scène artistique nationale depuis les années 1980, notamment après le succès de sa chanson « A Thala » (source d’eau). Né en 1956 au village Tagragra, feu Cherif Hamani a interprété plusieurs chansons dans différents thèmes. Il a également réussi, de manière harmonieuse, à marier le folklore kabyle avec le Châabi algérois, innovant un style artistique unique, qui a fait de lui un des noms ayant enrichi le milieu artistique avec un répertoire authentique.