Arguant que ses attaques contre le Secrétaire général des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, ne s’adressent pas à l’institution de l’ONU, le Royaume chérifien n’a pas tardé à démontrer le contraire, au moment même où son ministre des Affaires étrangères se trouvait, à New York, mardi et mercredi derniers.
Rabat poursuit sa confrontation contre l’Institution onusienne, en décidant, unilatéralement, de sortir du cadre qu’il lui a été fixé par la Résolution 690, adoptée par le Conseil de sécurité, en 1991, portant création et déploiement de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) .
En effet, les mesures de Rabat, annoncées mardi soir, dont celle portant retrait du personnel du segment politique de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) est une décision qui s’attaque directement au Conseil de sécurité (CS). Celui-ci a adopté sa Résolution 690 (1991), portant création et déploiement de la Minurso au Sahara occidental, suite à l’acceptation du plan de règlement portant sur la tenue d’un référendum, par le Maroc et le Front Polisario, le 30 août 1988. Qualifié de «sans précédent» par l’ONU, jeudi dernier, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a affirmé que «nous (ONU, ndlr) assistons à une décision qui est sans précédent», indiquant que «la Mission permanente du Maroc à l’ONU a remis, jeudi, à Ban et à l’Union africaine, une liste de 84 membres internationaux des effectifs civils de la Minurso qui doivent quitter le royaume du Maroc, sous trois jours». Précisant, plus loin, que la décision en question des autorités coloniales marocaines au Sahara occidental «concerne presque la quasi-totalité du personnel civil expatrié de la Minurso», avant d’avertir que cette mesure «rend pratiquement impossible la mission de la Minurso de remplir son mandat sur une période prolongée dans le temps», à cause de cette importante réduction du personnel.
Rabat piétine la Résolutions du Conseil de sécurité portant mission et mandat de la Minurso
Il paraît évident que le Royaume chérifien poursuit, sous une autre forme, sa dérobade de la Légalité internationale, entamée par les entraves marocaines à la visite du Secrétaire général de l’ONU, au Sahara occidental, des mois, avant que celui-ci ne l’entame, fin février et début mars courant. Réagissant fermement et rigoureusement aux propos tenus par les responsables marocains, acculés fortement sur les plans, régional et international, par leur colonisation du Sahara occidental et leur refus de se conformer à la Légalité internationale, et Ban Ki-moon, dans ses déclarations, n’a rappelé que le caractère et la nature fondamentale du conflit opposant le Front Polisario et le Maroc, selon les textes juridiques et politiques des Nations unies, à savoir une question de décolonisation. Après s’être attaqué au SG de l’ONU, qui a rappelé au Maroc la nature du conflit qui l’oppose au Front Polisario, seul et unique représentant légitime, et reconnu du peuple sahraoui, notamment par l’Institution onusienne. Rabat qui espérait voir la visite de Ban Ki-moon sans impacts significatifs, après avoir entraver son déplacement, au Maroc et dans les territoires sahraouis occupés, en se rendant aux territoires libérés du Sahara occidental, à Bir-Lehlou, une première pour un SG de l’ONU, après les camps des réfugiés sahraouis, Rabat et ses soutiens dans sa colonisation au Sahara occidental, ont été outre destinataires d’un rappel significatif, hautement juridique et politique, réaffirmant ainsi l’existence des territoires sahraouis libérés, et donc des territoire encore sous occupation marocaine, et que le référendum d’autodétermination est la solution, selon le droit international, incontournable pour venir à bout de ce conflit. C’est ce qui a affolé les responsables marocains, qui ont vu leurs manœuvres pour entraver la visite de Ban Ki-moon, dans les territoires sahraouis encore sous occupation marocaine, ne pas atteindre ses objectifs, tel celui d’occulter le caractère fondamentale de la présence marocaine au Sahara occidental, force d’occupation, comme l’a souligné le SG de l’ONU, en se référant aux documents et résolution, juridiques et politiques de la quatrième commission, de l’AG et du CS, de l’ONU. Des rappels, repris médiatiquement et largement, faut-il le noter, sur les scènes régionale, continentale et internationale ayant mis à mal le blocus politico-médiatique qu’impose les autorités coloniales marocaines sur les territoires sahraouis, encore sous occupation. D’autant plus que le rapport attendu, pour avril prochain, du SG de l’ONU, portera sur la teneur de sa visite effectuée en question, document qu’il remettra au Conseil de sécurité en prévision de sa réunion sur le Sahara occidental, avant fin avril prochain, date du renouvellement du mandat de la Minurso. Depuis 1991, à ce jour, l’ensemble des Résolutions de l’ONU consacre, selon les textes et la Charte de l’ONU, l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, comme solution incontournable au conflit opposant le Front Polisario et le Maroc sur le Sahara occidental. Ce qui rappelle d’une manière récurrente et pertinente, outre la non-viabilité, mais aussi la non-conformité avec la Légalité internationale, la proposition marocaine d’«autonomie, ou dans le cadre de la régionalisation marocaine», comme solution au Sahara occidental, territoire soumis à un processus de décolonisation à l’ONU. Ban Ki-moon qui a programmé une deuxième visite, dans le cadre de sa mission, qui le conduira à Rabat et dans les territoires sahraouis occupés, après avoir réagi fermement aux attaques de Rabat, il annonce, via Stéphane Dujarric, l’annulation de cette deuxième étape. Aussi, le Conseil de sécurité a été saisi par le SG de l’ONU, sur les mesures précitées de Rabat, visant le personnel de la Minurso, à propos desquelles, le porte-parole du SG de l’ONU dira que «nous assistons à une décision qui est sans précédent», avertissant sur ses conséquences, sur la mission de la Minurso dans les territoires sahraouis sous occupations marocaines. Après ses dérobades et son entêtement à ne pas se conformer à la Légalité international, en refusant avec l’appui de ses soutiens, dont la France et Israël, de sa colonisation au Sahara occidental, Rabat persiste dans sa fuite en avant, en contre sens du cours des enseignements de l’Histoire, en renonçant à se conformer à la résolution du Conseil de sécurité, n° 690, de l’année 1991, signant ainsi son escalade contre l’Institution onusienne et la légalité internationale.
Karima Bennour