L’homme fort de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), connue pour être l’appellation officielle des services secrets marocains, Yassine Mansouri, déjà cité dans l’affaire des eurodéputés corrompus et dans l’affaire du logiciel espion « Pegasus », vient d’être convoqué par la justice hollandaise dans le cadre d’une affaire de divulgation de secrets d’Etat dans laquelle est cité, Abderrahim El M., un ancien employé qui travaillait comme analyste pour le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l’Autorité nationale de la sécurité et du contre-terrorisme (NCTV), ont indiqué des sources médiatiques néerlandaises.
Cette affaire intervient alors que celle de la défection de Mehdi El Hijaoui, considéré comme le numéro deux de la DGED, intervenue au mois d’août dernier continue de susciter des remous dans le cercle de la famille royale et les arcanes du Makhzen. Ce dernier qui avait fui le pays a demandé l’asile politique en Espagne. Elle intervient également alors que la fuite du général Mohamed Berrid l’Inspecteur général des Forces armées royales marocaines et commandant de la zone militaire sud n’a pas livré tous ses secrets. Dans sa livraison de mercredi dernier, le quotidien NRC a indiqué que le tribunal de Rotterdam souhaite entendre un proche du roi du Maroc Mohammed VI en tant que témoin dans une affaire impliquant un espion présumé de l’Autorité nationale de la sécurité et du contre-terrorisme (NCTV). Selon des sources cette requête pourrait avoir des conséquences diplomatiques entre Rabat et Rotterdam. Ces mêmes sources affirmant que l’affaire de la taupe présumée de la NCTV, arrêté en 2023 pour avoir divulgué des secrets d’État, s’étend jusqu’au plus haut niveau au Maroc. Le tribunal de Rotterdam veut entendre Yassine Mansouri, chef de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) et proche du roi Mohammed VI, en tant que témoin. Toutefois, selon de nombreux experts, le magistrat instructeur pourrait, au terme de l’audition de ce témoin le mettre en examen sur la base de sa déposition et des indices qu’elle pourrait contenir.
La tête du serpent visée
Selon le ministère public néerlandais, le fonctionnaire suspecté, Abderrahim El Manouzi., qui travaillait comme analyste pour le coordinateur de la lutte contre le terrorisme NCTV, aurait eu des contacts directs avec Mansouri. C’est pourquoi le tribunal a déjà décidé d’entendre quatre employés des services de renseignement marocains, à qui El M. aurait transmis des documents classifiés. L’un de ces quatre protagonistes est Mansouri. La tentative du tribunal d’entendre Mansouri et d’autres officiers du renseignement sur la fuite de secrets d’État est considérée comme « totalement vaine». Selon lui, cela pourrait avoir des répercussions sur les liens avec le Maroc. « Une affaire similaire en France a déjà entraîné un refroidissement temporaire de la relation. » Quant à savoir si, et pourquoi, El M. avait des contacts avec le chef de l’espionnage marocain, son avocat Bart Nooitgedagt ne souhaite pas faire de commentaire. « Nous ne communiquons pas sur les témoins potentiels à entendre. » Ces dernières années, Mansouri est apparu plus fréquemment dans diverses affaires d’espionnage européennes. Son nom est notamment mentionné dans l’enquête pénale sur l’ingérence au Parlement européen à Bruxelles.
Selon l’enquête, des eurodéputés qui, d’après le parquet belge, se seraient laissé corrompre pour influencer des décisions en faveur du Maroc, auraient rencontré Mansouri. En tant qu’analyste du terrorisme, il occupait une position cruciale de collecte d’informations aux Pays-Bas. C’est le rêve de tout chef du renseignement de pouvoir recruter une telle personne. Paolo de Mas, expert du Maroc Il s’agit de l’un des hommes les plus puissants du Maroc, déclare l’expert du Maroc Paolo de Mas. « Il fait partie du cercle le plus proche du roi. » De Mas qualifie de « très surprenant » le fait que le fonctionnaire du NCTV ait eu des conversations avec Mansouri, mais ne l’exclut pas. Mansouri est surtout lié au scandale Pegasus, ajoute l’expert Paolo de Mas.
Mauvaise réputation à l’étranger
Il faut savoir que les services marocains sont cités dans plusieurs affaires à travers le monde, notamment en Europe. Au mois de septembre 2024 la justice allemande (tribunal de Düsseldorf) avait condamné un Marocain dans une affaire d’espionnage de partisans du « Hirak du Rif » qu’a connu le nord du Maroc entre 2016 et 2017. Ce dernier, âgé de 36 ans, a été condamné à un an et neuf mois de prison avec sursis dans une affaire d’espionnage en Allemagne de partisans du « Hirak du Rif », en plus d’une amende de 4 300 euros. Le parquet fédéral avait souligné que cet espion arrêté le 14 novembre 2022 à Cologne (ouest du pays), par des agents de l’Office fédéral de lutte contre la criminalité, effectuait des activités d’espionnage pour le compte des services de renseignement marocains. Il ciblait notamment un groupe de militants du Rif, en contrepartie de titres de voyage sur des vols spéciaux. Le Maroc qui n’a pas encore terminé avec l’affaire des eurodéputés corrompus (Maroc-gate) et du logiciel espion Pegasus traîne depuis des années une foule de casseroles. Il faut rappeler dans ce cadre, que dans le cadre du scandale Maroc-gate, son ancien représentant à l’UE et actuellement ambassadeur en Pologne ainsi que le directeur de ses services de renseignements et plusieurs autres employés de ses ambassades en France, en Espagne et en Italie dont sous le coup de mandats d’arrêt internationaux délivrés par la justice de ces pays.
C’est ce profil de paria qu’offre aujourd’hui le Makhzen et ses institutions. Les défections dans les rangs de son armée, et dans ses services de renseignement laissent supposer que son bateau est en train de prendre eau. La crise sociale qui s’amplifie, ses échecs dans le dossier du Sahara occidental, l’entrisme sioniste qui commence à phagocyter ses institutions et même certains pans de la société marocaine et la maladie du roitelet qu’on dit plongé déjà dans une mort clinique sont autant d‘éléments qui renseignent sur l’échec de la famille royale et son système de gouvernance le Makhzen a servir le pays et être au diapason des aspirations de son peuple.
Slimane B.














































