Après la rencontre internationale de Paris, mardi dernier, sous l’égide des Nations unies (ONU) , sur la Libye, sanctionnée par l’adhésion, des principaux acteurs libyens, à la déclaration finale, fixant la mise en œuvre d’un processus électoral, d’ici mi-septembre prochain, puis la tenue d’élections législatives et présidentielle, le 10 décembre, dans le pays, la question de savoir, si trois mois suffiront à réunir les conditions pour préparer ces élections, s’est imposée, au vue de la réalité libyenne.
Si des experts et des spécialistes de la scène libyenne s’expriment sur l’initiative de la France, en indiquant que la décision de fixer ce calendrier, a été prise hâtivement, par Paris, l’opinion libyenne, dont des experts, ont manifesté leur scepticisme de voir cet échéancier électoral se traduire dans les temps fixés, dans la déclaration de Paris, sur la crise libyenne. Réunis, dans la capitale française, sous les auspices de l’ONU, en la personne de l’émissaire onusien pour le dossier libyen, Ghassan Salamé, les principaux acteurs présents : le Premier ministre libyen Fayez Seraj, le maréchal Khalifa Haftar, le président de la chambre des représentants Aguila Salah Issa et le président du Conseil d’État Khaled Al-Meshri, ont approuvé le document de Paris, et en l’absence de leurs signatures respectives, sur la Déclaration, la conférence de Paris a permis l’expression d’engagement des acteurs libyens présents, et non un Accord les engageant juridiquement et politiquement. Même si la scène libyenne, comme la communauté internationale, ont salué la rencontre des principaux acteurs de la scène libyenne, participants au rendez-vous de Paris, sur le dossier libyen, beaucoup d’efforts sont à consentir, par les libyens, d’abord, pour réussir le dépassement des divergences persistantes entre eux, seule voie garantissant la sortie du pays et de son peuple de la spirale du chaos dans laquelle, ce pays a été plongé, depuis plus de sept ans, et épargnant, à la Libye, le pire scénario qui la guette, sur fond des difficultés et les problèmes minant le processus du retour, à ce jour, de la vie politico-institutionnelle, chez notre voisin de l’Est. Alors qu’ailleurs, dans les conditions normales, plusieurs mois sont nécessaires à la préparation de toute élection, pour ne citer que l’exemple de la France, il est à s’interroger si les trois mois avancés dans la Déclaration de Paris, suffiront-t-ils à réunir les conditions nécessaires pour que les Libyens soient au rendez-vous ; notamment techniques du scrutin, de la campagne électorale, de la mobilisation du matériel, et le plus important, la condition primordial, voir les protagonistes libyens, dépasser leurs divergences, en ce laps de temps, très court, pour tenir les élections en Libye ? Il est à noter que la réunion internationale de Paris, sur la Libye, s’est tenue, et ce n’est sans doute pas un simple hasard, le jour, où l’ex-ministre français, Eric Woerth, venait d’être mis en examen pour «complicité de financement illégal» de la campagne présidentielle de Sarkozy, en 2007, par le défunt Maâmar El Kedadi.
La déclaration de Paris : du flou et des points en suspens
Il est à s’interroger sur les raisons à l’origine de la mention dans le plan onusien pour la sortie de crise en Libye, de la tenue des élections dans ce pays avant la fin de l’année, sans plus de précisions et celles ayant vu Paris, mentionner dans sa déclaration, deux dates précises, à savoir le 16 septembre et le 10 décembre, susmentionnées auparavant. Aussitôt la déclaration de Paris annoncée, les points de discorde entre les principaux acteurs présents, à l’Elysée, se sont manifestés, notamment par les déclarations du président du Conseil d’État Khaled Al-Meshri et le président de la chambre des représentants Aguila Salah Issa. S’exprimant à une chaîne de télévision française, le premier, Khaled Al-Meshri a réitéré le «refus» de reconnaître le maréchal Haftar comme commandant de l’Armée nationale libyenne et le second, Aguila Salah, à indiqué, à la même chaîne que la «légitimité de Haftar «est non négociable et constitue une ligne rouge» selon ses propos. Des déclarations qui, si elles dévoilent encore, au grand jour, la persistance des divergences entre libyens, nécessitant davantage d’efforts , de la part des libyens, de la Communauté internationale, de l’UA et des pays voisins de la Libye, Algérie-Égypte-Tunisie, il est à s’interroger sur les objectifs escomptés, par la précipitation de Paris, à avancer un calendrier précis, pour la tenue des scrutins en Libye, et quelle direction veut-on prendre au processus du dialogue-interlibyen, en annonçant la mise en œuvre d’un processus électoral, d’ici le 16 septembre et les scrutins législatif et présidentiel, le 10 décembre. D’autant plus que dans la déclaration de Paris, il est question qu’il faut des bases constitutionnelles pour la première date, sans les définir, alors que le débat entre libyens, sur cette question, n’est pas encore tranché, et porte sur la nouvelle constitution, la proclamation constitutionnelle de 2011 et voire même, de la loi de l’ère monarchique en Libye. Il faut espérer que les libyens feront preuve de davantage de responsabilité historique et politique, pour arriver à contourner les obstacles minant leur dialogue, pour s’acheminer sur la voie d’une réelle réconciliation, laquelle leur permettra, dans une dynamique d’ensemble, de renouer avec la vie politico-institutionnelle, que les libyens ont perdu, depuis 2011.
Karima Bennour
Les combats à Derna ont atteint des niveaux « sans précédent » selon l’ONU
Les Nations unies, ont appelé les parties au conflit à Derna à autoriser l’évacuation des civils bloqués dans cette ville de l’Est de la Libye, où les combats ont atteint des niveaux « sans précédent» à cause des bombardements des zones habitées par l’aviation et les armes lourdes. Depuis juillet dernier, la ville côtière de Derna est soumise au siège des troupes du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est de la Libye et chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL). Sous le contrôle encore des groupes terroristes et d’extrémistes, Derna est la seule ville de l’Est du pays qui échappe encore au contrôle du controversé maréchal Khalifa Haftar. Dans son appel, l’institution onusienne, via, son porte-parole, Stéphane Dujarric a affirmé que «l’Onu appelle à nouveau les parties en conflit à permettre, à ceux qui le souhaitent le départ» de cette région, en vue de préserver, les vies humaines, selon le responsable, Dujarric. Les députés européens, réunis en session plénière à Strasbourg, en France, ont adopté, par 486 voix contre 150, avec 44 abstentions une recommandation dans laquelle elle appelle l’UE à soutenir la tenue d’élections en Libye d’ici fin 2018 à condition qu’une nouvelle constitution soit adoptée. Les parlementaires européens ont souligné, le lendemain de la tenue de la rencontre internationale sur la Libye, à Paris, sous l’égide des Nations Unies, la nécessité de porter la réflexion sur la crise libyenne dans un contexte plus large, estimant que ce pays « est la clé de la stabilité de l’Afrique du Nord, du Sahel et de la Méditerranée ».
K. B.