Face à la situation créée par l’interruption, le 1er janvier 2025, de l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe via le gazoduc ukrainien, les sources alternatives sont sollicitées, selon le journal italien « La Stampa » qui a rapporté que l’Italie envisage d’augmenter les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis et d’Algérie, avec l’éventualité d’en importer également de Libye.
Le même média fait savoir que le gouvernement italien entend intensifier ses achats de GNL algérien dans le cadre de contrats spot à court terme, afin de faire face à la pénurie des approvisionnements russes et à ses effets sur les prix. Le journal cite Davide Taparelli, président de Nomisma Energia, un institut de recherche indépendant dans le domaine de l’énergie et de l’environnement, selon lequel l’Italie devra compenser 5 milliards de mètres cubes de gaz en provenance de Russie via l’Ukraine en 2025. On sait que le GNL algérien est déjà présent en Europe. Un rapport de l’Association internationale de gaz naturel (Cedigaz), rendu public au début 2024, a fait savoir que les exportations algériennes de GNL vers l’Europe ont connu une hausse en 2023, avec un bond en volumes de plus de 25%, permettant de conforter de façon notable les parts de l’Algérie dans les importations européennes. « La majeure partie de l’offre supplémentaire de l’Algérie en 2023 s’est dirigée vers la région européenne: 2,1 millions de tonnes sur un ensemble de 2,6 millions de tonnes, portant le volume total des exportations de GNL du pays vers l’Europe à 11,6 millions de tonnes », a noté cette organisation spécialisée dans les données relatives à l’industrie gazière mondiale. En 2023, l’Algérie est devenue le premier pays africain exportateur de GNL avec un volume global exporté de 12,9 millions de tonnes. Le gaz naturel algérien est exporté en grande partie par gazoduc. En 2023, l’Algérie s’est classée au 7ème rang mondial en matière de volumes exportés en gaz naturel, avec un total de 52 milliards de m3, dont 18 milliards de m3 de GNL et 34 milliards m3 par gazoduc. Des rapports internationaux plus récents, publiés en juin 2024, ont également montré que l’Algérie s’est classée au deuxième rang des exportations de gaz vers l’Europe par gazoducs au cours de la période allant de janvier à mai 2024, avec un volume de 30 milliards de mètres cubes, soit une augmentation de 19% par rapport à la même période de l’année précédente. En octobre dernier, le groupe Sonatrach a entamé la livraison des premières quantités de gaz naturel vers la Tchéquie à travers le gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie, dans le cadre d’un contrat d’achat et de vente de gaz naturel conclu avec la compagnie tchèque CEZ. Cette livraison est intervenue après la conclusion des négociations fructueuses ayant duré deux années entre les deux parties. Ce premier contrat doit permettre à Sonatrach de conquérir une part du marché gazier tchèque et de renforcer également son rôle de fournisseur fiable de long terme en gaz naturel du marché européen. En mai 2024, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée sous la supervision du président. Abdelmadjid Tebboune et Robert Golob, Premier ministre de la République de Slovénie, en visite en Algérie, le groupe Sonatrach a signé un accord avec la société slovène Geoplin, aux termes duquel il sera procédé à l’accroissement des quantités de gaz naturel acheminées vers la Slovénie via le gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie. La stratégie d’investissement tracée par la compagnie Sonatrach vise à porter la production de gaz naturel au cours des cinq prochaines années à 200 milliards de m3 par an, conformément aux instructions du président Tebboune, qui a ordonné d’augmenter le volume des exportations à 100 milliards de m3 par an. La production annuelle moyenne de gaz naturel a atteint au cours des dernières années 137 milliards de m3. En mars dernier, le rapport annuel « Global Gas Outlook 2050 », présenté à Alger en marge des travaux du 7ème Sommet des chefs d’État et de Gouvernement du Forum, a prévu que la demande mondiale de gaz naturel devrait augmenter de 34% et sa contribution au mix énergétique mondial passera de 23% actuellement à 26% d’ici à 2050.
M’hamed Rebah