Au terme du Sommet Françafrique, tenu hier, à Montpelier, que le président Emmanuel Macron, se voulait cette fois-ci non avec les responsables africains mais avec la société civile, Il y a eu l’annonce de débloquer un fonds de près de 30 millions d’euros, sur les trois années à venir.
Ce fonds a pour vocation « de soutenir les acteurs du changement et pas uniquement leurs dirigeants » comme l’a précisé, le philosophe camerounais Achille Mbembe, dans son document remis, mardi dernier à Macron, ayant servi de base aux travaux au dit Sommet de Montpelier
Alors que le sommet se tenait, hier, un autre a eu lieu, en ce même jour, à Montpellier, pour dénoncer la persistance de la France à changer le visage et non le fond de « France-Afrique » indiquant dans le document annonçant leur action de contre-sommet initié par Macron que celui-ci promet seulement « un renouvellement générationnel » et ses prédécesseurs à l’Elysée depuis François Miterrand se sont contenté toujours d’ « affirmer vouloir mettre un terme à ce système » sans plus. Dans leur appel à un contre-sommet, signé entre autres par, Valérie Cabanne, Irénée Karfazo Domboue, conteur burkinabé du comité Thomas Sankara de Montpellier et Emma Cailleau, de l’association Survie, dont la revue documente la Françafrique depuis trente ans, ces deniers dénoncent « un sommet vitrine qui, derrière la mise en avant de “personnalités”, ne promeut en fait qu’une société civile, celle des entreprises. » À côté de l’appel précité, une autre action a été lancée, par la signature de pétitions pour l’annulation du sommet, lequel a été programmé et reporté à maintes reprises y compris par des changements de lieu de sa tenue, dont Bordeaux” y figurait pour l’abriter avec le choix retenu soit sur Montpelier. Charlotte Gehain, coordinatrice du projet de son annulation a précisé aux médias que « demander l’annulation, c’est effectuer une rupture plus nette et plus claire » ajoutant qu’ «il ne doit plus y avoir de sommets de ce genre en France ! Mais nous participerons au contre-sommet ». Affirmant que « nos initiatives ne s’opposent pas, elles se complètent » elle affirme que «plus il y en aura et mieux ce sera pour l’information et la connaissance de la politique de la France en Afrique. » Pour les initiateurs de la tenue d’un contre sommet, la France-Afrique se dit promouvoir « les liens étroits qui doivent perdurer après les indépendances dans l’intérêt des deux parties » mais la réalité est toute autre, affirmant qu’« elle désigne les liens, souvent secrets, cultivant les réseaux discrets et les amitiés compradores ». Ils indiquent que la “Françafrique maintient les populations locales (africaines) dans la pauvreté » Ainsi, ce sommet arrive dans un contexte géopolitique extrêmement tendu où le sentiment anti-français – qui est surtout un sentiment anti-Françafrique, c’est à dire un rejet de ces politiques –, grandit dans l’ensemble des pays d’Afrique francophone. Un fort rejet salutaire de l’impérialisme français a embrasé les populations dans les rues de Dakar, de Bamako, et d’ailleurs. ». Dans leur appel à une manifestation aujourd’hui, il dénonce la politique française en Afrique, affirmant que «sur le continent africain, la France exerce toujours une domination monétaire, économique, diplomatique et culturelle, poursuit des interventions militaires ». Hier, c’est un fonds qui a été débloqué par Paris, d’une valeur de 30 millions d’euros, dont sa gestion revient à l’Agence française de développement, laquelle d’ailleurs des rapports et des enquêtes de presse ont révélé, sa gestion douteuse, dont le média Mediapart. Celui-ci a révélé dans une enquête parue fin septembre dernier , qu’en Afrique, l’Agence française de développement, « finance à coups de milliards d’euros des projets dont les premiers bénéficiaires sont les entreprises françaises », et s’abrite, a-t-il précisé « derrière le secret bancaire pour ne pas dévoiler ses pratiques ». Aujourd’hui, selon le média français « grâce à un capital de 953 millions d’euros fourni par l’État français, l’établissement public emprunte des milliards sur les marchés financiers à taux bas, puis les prêter à des institutions privées ou publiques dans les pays en développement ». Sur les 12 milliards d’euros engagés en 2020, selon l’enquête « 87 % étaient des prêts. Le reste des fonds est utilisé sous forme de dons, majoritairement alloués à des projets sur le continent africain. »
Karima Bennour