Au lendemain de la tenue des pré-congrès du Rassemblement national démocratique (RND), Belkacem Mellah, candidat en lice à l’élection du poste de SG du parti, se dit plus que jamais «déçu et choqué» par un certain comportement des coordinateurs, à la tête des wilayas. Et pour cause, il reproche à ces derniers d’exercer la pression sur les congressistes en vue de plébisciter Ahmed Ouyahia, au moment où celui-ci appelle ses partisans à s’exprimer par les urnes. Autrement dit, il accuse les premiers responsables de wilayas de faire appel à des pratiques «anti-statutaires et anti-démocratiques», et de faire preuve d’un «parti pris» avéré, porté, selon lui, en faveur de l’actuel chef intérimaire du RND. C’est du moins, là, l’état d’esprit et la première réaction du second candidat en course, non moins l’unique rival en face d’Ouyahia, dans l’élection d’un nouveau SG à la tête du parti. Contacté, hier par téléphone, pour avoir son appréciation, justement, en tant que prétendant aux commandes de la deuxième force politique, au sujet des préparatifs inhérents au congrès extraordinaire, prévu du 5 au 7 mai prochain, l’ex-chargé de communication auprès du Premier ministre a dénoncé les coordinateurs de wilaya, du moins, parmi ceux qui font exercer du lobbying pour la reconduction de l’autre candidat potentiel. Il a qualifié les partisans d’Ouyahia de carriéristes et de «fonctionnaires politiques», qui, pour plaire à leur chef, appellent les congressistes à voter pour celui-ci, alors que les règles démocratiques veulent que le vote s’exprime à travers les urnes, non pas par «plébiscite», s’est offusqué notre interlocuteur. Tout en affichant son satisfecit quant à «l’objectivité et la neutralité», dont a fait preuve Ouyahia, notamment dans son discours se rapportant à ces élections, Belkacem Mellah regrette le «comportement» des coordinateurs qui «continuent d’adopter les vieilles pratiques, pourtant révolues et caduques», a-t-il expliqué. «Je n’ai aucun problème avec Ouyahia qui a fait tout pour que le prochain SG soit issu des urnes», a-t-il encensé son rival électoral. Pour lui, cette volonté affichée par Ouyahia pour le changement des anciennes méthodes en cours dans le parti-consistant souvent à la désignation du chef par simple plébiscite pour se mettre en phase avec les pratiques démocratiques, a été suivi d’effet lors de la tenue des pré-congrès dans plusieurs régions du pays. Pour illustrer ces «bonnes intentions», Mellah a fait savoir que le SG intérimaire du parti depuis juin 2014, a adressé un message aux congressistes et participants de la rencontre de Mila, pour les instruire d’aller vers les urnes. Ceci, en guise de réponse à ses partisans parmi ceux et celles qui appellent les électeurs à voter en faveur de l’actuel responsable en poste. C’est ce qui fait dire à Mellah qu’Ouyahia ne fait que demander le respect des statuts du parti et l’exercice du jeu démocratique.
En effet, lors de la tenue des ultimes conclaves précédents le congrès extraordinaire prévu dans moins de vingt jours, nombreux étaient les responsables à la tête des sections de wilaya du parti, ceux qui ont appelé à voter en faveur d’Ouyahia, alors que «tout devra passer par des élections transparentes et honnêtes», a précisé Mellah, comme pour rappeler à l’ordre et appeler ses adversaires à faire preuve de retenue. Notre interlocuteur a révélé avoir passé un mauvais quart d’heure, lors du prè-congrès tenu dans la wilaya de Mila, où avait-il, lui-même, participé. En effet, en étant lui-même candidat devant être traité au même pied d’égalité que son rival (Ouyahia), Mellah apprend que les partisans de l’actuel chef de cabinet auprès de la présidence de la République lui ont manqué de respect. Selon les propos qu’il a tenus, lors de cette rencontre, plusieurs parmi ceux qu’il qualifie de prétentieux, qui veulent être «des rois plus que le roi», font preuve de chantage envers les congressistes. Selon lui, ces responsables imposent leur diktat aux délégués du prochain congrès, et les somment de voter Ouyahia, une condition sine qua non pour leur participation. «Nous sommes tous les deux candidats.
Normalement, les congressistes doivent exprimer leur voix par l’urne. Or, je suis choqué d’entendre des appels, devant moi, à soutenir Ouyahia, alors que l’on prétend changer ce genre de pratiques au sein du parti», a déploré cet ex-secrétaire d’État chargé de la jeunesse. «Faites preuve de respect envers moi, en tant que candidat», a suggéré Mellah à ses détracteurs. Quand bien même ses partisans ne cessent d’appeler à son plébiscite, Ouyahia, selon son rival, n’a jamais accepté de verser dans ce parti pris. «Ouyahia n’a pas accepté ces pratiques. Au contraire, il n’a fait que rappeler à l’ordre les coordinateurs. Il avait même pris ma défense devant un de ses partisans qui s’est attaqué à moi, en pleine réunion», a appris le même candidat. En tout état de cause, ce candidat, qui aspire au poste de SG du RND, craint plus que jamais que le sort de la prochaine élection ne soit scellé d’avance. Cela étant dit, il a affirmé qu’il ira jusqu’au bout de ses convictions par privilégier la voie démocratique. Et de conclure, enfin, qu’après ses 20 ans de militantisme, il ne se reconnaît plus dans le RND d’aujourd’hui.
Farid Guellil