Les prétentions infondées du régime marocain sur le Sahara occidental, encouragées un temps par la fameuse décision de l’ex-administration américaine et par le surprenant revirement du Premier ministre espagnol, ont été ébranlées, de nouveau, par la dernière sortie du Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, qui vient de réaffirmer que « toutes les questions concernant le Sahara occidental et son statut doivent être traitées conformément au droit international dans le cadre du processus politique onusien».
Pour l’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, c’est la preuve que « les contorsions de la diplomatie marocaine visant à occulter la légalité internationale, en essayant vainement de bilatéraliser une question de décolonisation, comme lors du «souk de Marrakech», sont vouées à l’échec ». Dans un entretien accordé à la SPS, Agence sahraouie de presse, Amar Belani a évoqué les calculs du Maroc dans le contexte actuel, marqué par les transformations que la crise ukrainienne et la mobilisation antirusse du camp atlantiste ont entraînées dans les relations internationales.
Il fait observer que dans cette nouvelle situation, « la communauté internationale sera plus regardante sur le respect des principes et des valeurs de la charte des Nations unies. Le recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international. Ceci est valable sous toutes les latitudes et ne peut faire l’objet de lecture différenciée ». Il rappelle, à ce propos, que « la cour de justice de l’UE a clairement statué que le territoire du Sahara occidental est un territoire « séparé et distinct » et que le Maroc n’y exerce aucune forme de souveraineté ». À ceux qui, au Maroc, se bercent d’illusions sur le fait accompli, Amar Belani fait savoir que la décolonisation passera fatalement par la solution de l’autodétermination.
Les fanatiques de la marocanité du Sahara occidental doivent se convaincre que «l’occupation sauvage de ce territoire non autonome- y compris à travers le recours à l’utilisation d’armes internationalement prohibées (napalm)- en violation flagrante du droit international ne pourra, en aucune manière, entraver l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination, tant il est admis, par la communauté internationale, que le statut final de ce territoire non autonome reste à déterminer sous les auspices des Nations unies conformément à la légalité internationale», comme s’efforce de le leur faire comprendre Amar Belani.
Concernant le lancement imminent de négociations entre Madrid et Rabat sur la délimitation des eaux territoriales et de l’espace aérien, dont fait état la presse espagnole, Amar Belani, tout en se refusant de commenter des articles de presse, signale, tout d’abord, que « le Maroc ne gère pas, et n’a jamais géré l’espace aérien du Sahara occidental. La navigation aérienne est, depuis toujours, gérée par l’Espagne, la puissance administrante de juré ». «C’est, explique-t-il, un fait têtu qui vous donne une idée édifiante de la pseudo souveraineté fantasmée par la puissance occupante ». Mais, ajoute Amar Belani, «tout comme les autorités sahraouies, nous suivons de près cette question, car en vertu du droit international et des arrêts de la cour de justice de l’UE, les eaux contiguës au territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la souveraineté marocaine ». Il met en garde contre « les propositions de contrats fabuleux offerts par la puissance occupante pour contourner le droit international et le droit européen», elles mèneront irrémédiablement à « une impasse face à la force et à la cohérence de la jurisprudence, notamment européenne ». Sollicité pour commenter la récente déclaration de l’ambassadeur palestinien à Dakar sur le vil marchandage auquel s’est prêté le régime marocain (normalisation du Makhzen avec l’entité sioniste contre reconnaissance par Donald Trump de la marocanité du Sahara occidental), Amara Belani pense que le diplomate palestinien a dit ce que son peuple pense.
M’hamed Rebah