Placés sous mandat de dépôt depuis le 23 octobre dernier, dans le cadre d’une affaire de diffamation, menace et atteinte à la vie privée, les deux journalistes Abdou Semmar et Merouane Boudiab ont été remis en liberté, avant-hier, sur décision du président de la section pénale du tribunal de Bir Mourad Raïs. Lors d’une audience, qui a duré près de six heures, le juge a décidé de libérer les deux journalistes, en demandant la poursuite de l’instruction concernant leur affaire. Pourtant, le procureur de la République avait requis une peine d’un an de prison et un million de DA de dommages. L’audience a été, également, marquée, par le grand soutien de la part des journalistes qui se sont déplacés au niveau du tribunal en guise de solidarité avec leurs confrères, sans oublier, le nombre important d’avocats qui se sont portés volontaires pour défendre les concernés. Ceci étant, trois avocats ont représenté les deux plaignants qui se sont constitués partie civile, en l’occurrence le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh et le P-DG du groupe Ennahar, Anis Rahmani. Le président de l’audience a confronté les deux journalistes surles charges retenues contre eux, à savoir « diffamation, menace et atteinte à la vie privée » à travers la publication de correspondances officielles relatives à un dossier foncier, en ce qui concerne la plainte introduite par le wali d’Alger et la publication de déclarations tenues par une activiste politique, en ce qui concerne la plainte introduite par le PDG du groupe Ennahar. Lors de son audition par le président de l’audience, le journaliste Abdou Semmar a rappelé qu’il exerçait le métier de journaliste depuis « dix ans » et que les articles qu’il publie ne contiennent «aucune diffamation ou atteinte à la vie privée», expliquant que «son travail consiste uniquement à rapporter les déclarations ou la reprise de documents officiels». Pour leur part, les avocats de la partie civile ont rejeté «les justifications» avancées par les accusés, affirmant que «l’insulte et l’injure des personnes ne devraient pas être justifiées sous prétexte de la liberté d’expression ». Les avocats de la partie civile ont sollicité, dans leurs plaidoiries, de condamner les accusés à verser 50 millions DA pour le dossier du wali d’Alger et 2 millions DA pour le dossier du directeur d’Ennahar. La défense des accusés a demandé, pour sa part, l’acquittement et la relaxe des journalistes, avançant la « nullité de l’action pour vices de forme, tant dans le PV de l’enquête que dans les procédures ». Le parquet général près le tribunal de Bir Mourad Raïs avait requis auparavant un an de prison ferme à l’encontre des journalistes. La procureure de la République a également demandé une enquête complémentaire dans cette affaire, dans laquelle le wali d’Alger et le président du Groupe Ennahar se sont constitués partie civile en introduisant, les 23 et 24 octobre derniers, une plainte contre les journalistes en charge du site électronique Algériepart pour diffusion d’articles contenant « diffamations, menaces et atteinte à la vie privée ». Pour rappel, Abdou Semmar, de son vrai nom Mohamed Abderrahmane Semmar est éditeur du site d’informations AlgériePart, tandis que Merouane Boudiab est son collaborateur. À noter que l’avocat du journaliste Abdou Semmar a déposé, quant à lui, plainte auprès du procureur de la République près de la Cour d’Alger contre Anis Rahmani, directeur du groupe Ennahar, pour acharnement médiatique et diffamation à l’encontre de son client.
Lamia Boufassa