Le ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Lavrov, a appelé les parties au conflit au Sahara occidental, le Maroc et le Front Polisario, à faire preuve de retenue et à reprendre le processus onusien.
Dans un entretien téléphonique avec son homologue marocain, M. Lavrov a discuté des développements de la situation au Sahara occidental, face aux affrontements militaires incessants dans la région d’El-Guerguerat, dans le sud du Sahara occidental, suite à la violation par le Maroc de l’Accord de cessez-le-feu le 13 novembre dernier, appelant à la retenue, au respect du cessez-le-feu et à la reprise des négociations sous l’égide de l’ONU, a indiqué un communiqué du MAE russe.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait appelé l’Union africaine (UA) à assumer sa responsabilité face aux graves développements de la situation au Sahara occidental et aux tentatives d’imposer la politique du fait accompli dans les territoires d’un membre fondateur de l’UA. Dans son intervention, par visioconférence lors des travaux de la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine, le chef de la diplomatique algérienne a précisé que « face aux graves développements de la situation au Sahara occidental, notre organisation continentale, qui a joué un rôle constructif dans l’élaboration et l’adoption du plan de règlement onusien, ne peut pas rester en marge », soulignant que « vu l’échec total du mécanisme de la Troïka, le Conseil africain de paix et de sécurité doit assumer la responsabilité qui lui incombe, conformément au texte de son protocole d’institution ». Après avoir affirmé que la situation actuelle au Sahara occidental « constitue une source de grande inquiétude pour l’Algérie », M. Boukadoum a prévenu qu’ »outre les tentatives d’imposer la politique du fait accompli dans les territoires d’un membre fondateur de notre organisation, les violations enregistrées contre des civils dans la région d’El-Guerguerat ont posé de sérieux défis susceptibles de mettre en péril la paix et la sécurité dans toute la région ».
Ces développements, a ajouté le ministre des Affaires étrangères, « interviennent au moment où le processus politique de l’ONU, pour le règlement de la question sahraouie, se trouve dans une impasse sans précédent qui a exacerbé les souffrances du peuple sahraoui en l’absence de perspectives de négociations politiques sérieuses permettant l’autodétermination du peuple sahraoui ».
La passivité de l’Union européenne pointée du doigt
Ces déclarations interviennent au moment où une parlementaire européenne (PE), du parti social-démocrate suédois, Mme. Jytte Guteland a affirmé que « l’inertie et la passivité de l’Union européenne (UE) devant la décolonisation du Sahara occidental ouvrirait le champ à une autre guerre sanglante ».
« Au lieu de s’employer au soutien des efforts visant la décolonisation pacifique tant attendue de la dernière colonie en Afrique, l’UE a tenu à conclure un accord commercial au-dessus de la tête des Sahraouis et contre leur volonté, afin de continuer à exploiter les ressources sahraouies et préserver les intérêts économiques du Maroc dans les territoires occupés », a écrit Mme. Guteland dont les propos sont cités et rapportée par l’Agence sahraouie SPS. Pour la député européenne, il est impératif pour l’UE de se prononcer et de défendre le Sahara occidental où le Maroc occupe illégalement de grands territoires depuis 1975, sous les yeux de la Minurso créée en 1991 et qui a échoué durant 29 ans dans sa principale mission, à savoir l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination au profit du peuple sahraoui. Exaspéré contre la violation par le Maroc du cessez-le-feu à El-Guerguerat, Mme. Guteland a avoué avoir transmis, conjointement avec des députés membres du Groupe des amis du Sahara occidental, une correspondance au haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, dans laquelle le groupe a invité l’UE à condamner l’attitude du Maroc et à parvenir à une solution pacifique au conflit, en faisant respecter le droit international et le droit des Sahraouis à l’autodétermination.
Le statu quo au Sahara occidental, précise la députée socio-démocrate, a nourri davantage la désespérance chez les réfugiés sahraouis qui assistent, depuis 45 ans de conflit, à l’échec du processus politique onusien, 29 ans après son lancement, censé garantir au peuple sahraoui son droit à l’indépendance. « L’occupation marocaine du Sahara occidental est inadmissible, de même que le blackout sur la violation flagrante du droit international est intolérable, c’est pourquoi, la Commission européenne est appelée à faire respecter les chartes internationales et les droits de l’Homme même avec les pays étroitement liés au plan économique », a-t-elle écrit.
Elle a appelé la Commission à « mettre un terme à la passivité afin d’éviter le danger d’une autre guerre de sang aux abords de l’UE ».
M. Bendib