Le nombre de réfugiés des différentes nationalités africaines et arabes ne cesse de s’accroître en Algérie. Des Nigériens, Maliens et des Syriens, des Palestiniens, des Libyens, des Sahraouis et la liste est bien longue. Chaque jour, des milliers de personnes s’aventurent dans le désert fuyant la guerre afin de rejoindre ce qui est aujourd’hui l’eldorado algérien. Mais hélas, la prise en charge de ces réfugiés coûte cher à l’état algérien, qui débourse annuellement 33 millions de dollars, c’est du moins ce qui ressort du rapport établi par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), dont notre rédaction a reçu, hier, une copie.
En l’absence d’une aide du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), la LADDH déplore que l’Algérie se retrouve dans l’obligation de débourser des sommes colossales afin de venir en aide à ces réfugiés, qui sont parfois des émigrés clandestins qui veulent passer de l’autre coté de la Méditerranée. « Selon les statistiques officielles, la prise en charge de plus de 220.000 réfugiés se trouvant en Algérie revient à 330 milliards de centimes (33,2 millions de dollars). Les Palestiniens (4.040), les Syriens (12.000), les Sahraouis (165.000), viennent en tête, dans cette prise en charge », a affirmé l’ONG dans le dit rapport. Dans le même ordre d’idées la Ligue regrette que le HCR ne contribue qu’à hauteur de 28 millions de dollars annuellement pour faciliter la prise en charge de ces réfugiés, or, chiffres à l’appui elle estime que les besoins de 165.000 réfugiés sahraouis, à eux seuls, sont d’environs 60 millions de dollars annuellement. Alors que les aides des ONG internationales à l’état algérien ne couvrent que 46% des besoins, les réfugiés se retrouvent dans une situation critique en raison de la dégradation de la situation humanitaire dans les camps. Déplorant le manque de ressources financières, l’ONG va jusqu’à accuser un Etat membre de l’Union européenne qui exercerait son lobby afin de ne pas octroyer des aides à l’Algérie, en raison de sa position dans le dossier du Sahara occidental. En dépit de ces entraves, la LADDH souligne dans son rapport que les autorités algériennes ont pris toutes les mesures pour la prise en charge de ces migrants jusqu’au retour de la stabilité et de la sécurité dans leurs pays respectifs et ce, en application des engagements internationaux ratifiés par l’Algérie en matière de respect des droits de l’homme.
S’agissant des ressortissants subsahariens qui sont entrés en Algérie en 2015 et qui sont estimés à plus de 16.700 personnes, selon le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Bedoui, l’ONG a appelé à revoir ces statistiques. En effet, ils seraient plus de 29.000 personnes, venus de 23 pays africains subsahariens, à avoir intégré le territoire algérien clandestinement l’année dernière. Par ailleurs, faute de moyens, la Ligue ne manque pas de souligner la dégradation des conditions humanitaire dans lesquelles vivent ces émigrés, et ce, essentiellement, durant le mois sacré du Ramadhan, caractérisé par la canicule. Ainsi, l’ONG signale dans son dit rapport que les migrants africains, qui « n’ont pas encore le statut de réfugiés » officiellement, devraient bénéficier d’une « meilleure prise en charge alimentaire et sanitaire » de la part des autorités algériennes.
Dans un autre contexte, la LADDH affirme que les migrants clandestins souffrent le martyr face au regard ingrat et au rejet de la société, et font même preuve de comportements raciaux, par le fait que les Algériens ont développé de fausses idées quant aux mœurs de ces subsahariens.
Arrivés en masse dans les différentes régions du pays, il y a quelques mois, fuyant la guerre et la famine qui sévissent dans leurs contrées, les migrants ont établi des camps de fortune à proximité des chantiers et au bord des routes. Ils se livraient quotidiennement à la mendicité, en l’absence d’une prise en charge concrète des pouvoirs publics. Et le mois du Ramadhan ne fait que compliquer les choses pour eux.
Lamia Boufassa