En plein débat sur les chances d’intégration sur le marché du travail des nouveaux arrivants, seuls 4 % des réfugiés ont trouvé un emploi outre-Rhin. En réponse à une question d’une députée de l’opposition, un ministre a révélé que 68 000 chômeurs issus des 15 principaux pays d’origine des réfugiés en Allemagne avaient trouvé un emploi entre septembre 2014 et octobre 2015. Il faut avoir obtenu le statut de réfugié pour pouvoir s’inscrire comme demandeur d’emploi, les dernières vagues massives d’arrivées ne sont donc pas comptabilisées dans ces chiffres. Pour le public examiné, sur 100 inscrits au chômage, 3,8 ont ainsi réussi chaque mois à trouver une occupation, selon cette réponse. Ce taux de sortie du chômage est de près de 7 % pour l’ensemble des chômeurs en Allemagne. Si un homme sur 26 a ainsi pu trouver à s’employer parmi les réfugiés, c’est le cas de seulement une femme sur 43, précise encore le ministère.
De « nombreux obstacles »
Le parti d’opposition de gauche radicale Die Linke, à l’origine de la question, a fustigé « les piètres chances sur le marché du travail » des réfugiés, imputables aux « nombreux obstacles et aux manques de soutien » auxquels ils font face. Le parti réclame notamment « un accès libre pour tous à des cours de langue ». Le sujet de l’intégration au marché du travail des réfugiés agite beaucoup l’Allemagne, qui devrait accueillir cette année entre 800 000 et un million de candidats à l’asile. Une première réaction enthousiaste des milieux économiques et des fédérations d’employeurs, qui ont salué la constitution d’un nouveau réservoir de main-d’œuvre dans un pays vieillissant qui risque d’en manquer très prochainement, a cédé le pas à des doutes et des interrogations.
Le gouvernement a déjà fait sauter un certain nombre de barrières à l’emploi des réfugiés, en réduisant par exemple le délai pendant lequel ils n’ont pas le droit de travailler, et en facilitant les conditions d’accès à un stage en entreprise. Pour certains, notamment au sein du parti conservateur CDU d’Angela Merkel, le salaire minimum mis en place en début d’année (8,50 euros brut de l’heure) est aussi un frein à l’emploi, et ils réclament un régime d’exception pour les réfugiés. La ministre de l’Emploi Andrea Nahles ne veut pour le moment pas en entendre parler.