A Friedberg, quand le feu passe au vert, c’est «Now or never» qu’il faut traverser. La petite ville allemande où Elvis Presley effectua son service militaire entre 1958 et 1960 vient de peaufiner son statut de lieu culte du King de Las Vegas dans le pays en installant trois feux pour piétons à son effigie. En vert, on y reconnait la silhouette du chanteur des tubes tels que «Love me tender» ou «Return to sender» grâce à son déhanché légendaire, tandis qu’en rouge, il prend la pose derrière un pied de microphone. Les feux ont été installés sur une place qui porte depuis 1995 le nom de la star décédée à Memphis en 1977. Car cela fait déjà longtemps que Friedberg, qui a accueilli une caserne de l’armée américaine, a compris quel filon pouvait représenter le culte du King. Une statue sur un rond point à l’entrée de la ville donne le ton: «Foyer militaire d’Elvis Presley», peut-on y lire derrière une représentation du rockeur, guitare posée au pied.
«Place particulière»
«Elvis a une place particulière ici, et donc il est honoré», explique à l’AFP une habitante, Heidi Huebner, après avoir pris les nouveaux feux en photo avec son portable. «Elvis fait partie de Friedberg», renchérit une autre, Kim Röder, avant de traverser la rue de cette cité proche de Francfort. Si la base militaire de l’inventeur du «Jailhouse rock» était à Friedberg, il habitait à Bad Nauheim, à quelques kilomètres, où des fans déposent encore aujourd’hui régulièrement des bougies et petits cadeaux pour leur idole devant un mémorial. C’est d’ailleurs ici que le roi du rock, mort de manière inattendue à 42 ans, a rencontré sa femme Priscilla. Les noces avaient été célébrées en 1967 aux Etats-Unis, mais le mariage n’a duré que six ans. Une association à la mémoire d’Elvis est active depuis 1998 dans les deux villes et organise tous les ans une fête d’anniversaire d’Elvis ainsi qu’un festival Presley, rassemblant des milliers de fans. Friedberg n’est d’ailleurs pas la première ville allemande à installer des feux originaux pour rendre hommage à un habitant célèbre.
Bonn s’est notamment offert le visage de Beethoven à quelques intersections, et Trèves (Trier) celui de Karl Marx pour le 200e anniversaire du philosophe barbu. Et plusieurs villes ont également affiché des couples de même sexe à l’occasion des journées de «gay pride». A Berlin, la plus connue de ces figurines des feux de signalisation est anonyme. «L’Ampelmännchen», ou «petit bonhomme des feux», est vêtu d’un large chapeau et originaire de l’ancienne RDA. Il a conquis sa popularité dans les années 1990, après avoir survécu à la réunification du pays en étant porté par l’»Ostalgie», la nostalgie du temps de l’Allemagne de l’Est. Et il est aujourd’hui décliné en bonbons, porte-clefs ou tasses à café.