Des discussions entre, le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Hassan Rabhi, et Chokri Latif, le chargé d’affaires à la représentation diplomatique tunisienne, à Alger, se sont tenues, mardi, ayant permis aux deux parties de «passer en revue les conditions de déplacement et de résidence des ressortissants des deux pays et les moyens de les améliorer davantage» selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Depuis janvier dernier, plus de 300.000 entrées de touristes algériens ont été enregistrées.
Même si le dialogue et la concertation entre Alger et Tunis, sur les questions d’intérêts communs, sont réguliers, en vue de hisser au plus haut niveau, les relations entre les deux pays, les discussions entre Hassan Rabhi et Chokri Latif interviennent dans un contexte particulier. La rencontre s’est tenue, en effet, au moment où le mouvement de protestation d’Algériens persiste, au niveau de postes frontières avec notre voisin de l’Est, et quelques jours après, les déclarations de l’ambassadeur d’Algérie, à Tunis, Abdelkader Hadjar, sur la cause à l’origine du mouvement précité. Les protestataires algériens exigent la levée de la taxe de 30 dinars tunisiens (DT), l’équivalent de 2100 dinars algérien (DA), une taxe en application de la loi adoptée par le parlement tunisien. Le représentant de l’Algérie, à Tunis, Abdelkader Hadjar, dans ses déclarations, aux médias, en réaction à cette actualité, a indiqué, faut-il le rappeler, que la taxe en question «a été adoptée par le parlement tunisien et elle ne peut être annulée que par le parlement», relevant, par la même occasion « que rien n’interdisait» au parlement algérien de procéder à «l’adoption» de la même mesure. Si certains médias locaux , dans leur traitement de cette actualité, n’ont pas mis en exergue, l’application de la taxe en question à tout étranger, dont l’Algérien, qui se rend à bord d’un véhicule et notamment le profil des protestataires, cela a nourri amplement l’incompréhension par une certaine opinion nationale, des motivations réelles à l’origine de cette contestation. Celle-ci ayant pris de l’ampleur, quelques jours après le début du mois, courant, alors que la saison estivale, a bel et bien été entamée, plus d’un mois auparavant, pour les vacanciers algériens, se rendant, par voiture, en Tunisie, ont planifié leurs séjours et leurs dépenses, dont les 2100 DA. Alors que pour les commerçants de l’informel se rendant régulièrement, en Tunisie, pour certains, au moins deux fois par jour, devront payer, la taxe de 30Dt, soit 2100 DA, outre régulièrement, mais plusieurs fois, s’ils se rendent, plus d’une fois par jour. Ce qui constitue plus de dépenses pour ceux activant dans ce commerce informel, comme l’a souligné l’ambassadeur d’Algérie à Tunis.
La contestation en question a affirmé, Abdelakader Hadjar, «ne concerne que les gens qui entrent plusieurs fois par jour en territoire tunisien» a-t-il déclaré, et que certains, poursuit-il «y entrent trois à cinq fois». invitant, ceux qui ne veulent pas ou ne sont pas en mesure de s’acquitter de la taxe de 30 DT aux autorités tunisiennes, «n’ont qu’à rester en Algérie et ne pas se rendre en Tunisie, un point c’est tout» a déclaré, Hadjar, non pas à l’adresse des Algériens qui se rendent chez notre voisin de l’Est, une ou deux fois pas an, mais à l’encontre des « trabendistes actifs» selon ses propos. Ce qui l’a amené par ailleurs, à attirer l’attention, sur d’éventuels dérapages de cette situation de tension au niveau de certains postes frontaliers, entre l’Algérie et la Tunisie, notamment, celui de Bétita, à 150 km de Tébessa, et de Ras El Ayoun, situé quant à lui à 35 km. Rappelant que les frontières algériennes «sont sous tension à l’Ouest comme au Sud et avec la Libye», l’ambassadeur Hadjar après avoir souligné que «la seule frontière calme est celle avec la Tunisie», aussi, avertit-il «il ne faut pas créer un problème sur une frontière calme pour une histoire de 30 DT».
Ce qui semble être davantage un appel à la sagesse des protestataires, invités à faire preuve d’esprit de responsabilité, évitant ainsi à certains d’exploiter ces évènements, pour créer, dans la durée une situation de tension, sur nos frontières avec la Tunisie. Et pour éviter tout risque de dérapages, souci commun sans nul doute, de l’Algérie comme de la Tunisie, que la rencontre entre les deux responsables des deux pays, Hassan Rabhi et Chokri Latif a eu lieu et a porté sur «les conditions de déplacement et de résidence des ressortissants des deux pays et les moyens de les améliorer davantage» ont été au cœur des discussions entre les précités, notamment en ce qui concerne les familles algériennes et tunisiennes, résidant, respectivement à proximité des frontières et ayant des liens familiaux, appelés à se rendre régulièrement, de l’autre côté de la Tunisie comme de l’Algérie. Il a été notamment question, durant le tête à tête entre les deux hommes des «conditions d’accueil des citoyens algériens en déplacement en Tunisie durant la saison estivale» lesquelles conditions, selon le communiqué du MAE, il a été souligné «l’importance de poursuivre les efforts» visant la levée «des obstacles entravant le mouvement de déplacement de personnes entre l’Algérie et la Tunisie», lequel pays devenu, est-il précisé, «la destination touristique privilégiée pour les Algériens». La Tunisie qui table en cette saison estivale, sur la venue de 1,5 million d’Algériens, qui dès la fin du mois sacré, soit le six juillet dernier, ils ont commencé à se rendre, par voie routière, et en grand nombre, en Tunisie, pour passer leurs vacances. Et ce n’est qu’au début du mois courant, que la taxe tunisienne précitée, a surgi, pour être au centre de la protestation d’Algériens, demandant son annulation, car, ces derniers, faut-il le rappeler, sont actifs dans le commerce informel, (trabendistes : ndlr). Une situation qui a été accompagnée, par des informations, faisant état, d’actes de pillage de voitures des touristes algériens, citant à Yasmine-Hammamet, ce qui a été démenti par le ministre tunisien de l’Intérieur, affirmant qu’aucune plainte n’ a été enregistrée par la police de cette région.
Il a démenti, aussi, l’existence d’actes de pillage de voitures des touristes algériens, évoqués par des médias, qui auraient, par la suite déposé plainte à Nabeul. Le responsable de l’intérieur dans le gouvernement de Tunisie, a rappelé par la même occasion que «les forces sécuritaires œuvrent pour assurer le bon déroulement de la saison touristique» et veillent, a-t-il poursuivi «à la sécurité des vacanciers», dans toutes les régions du pays. Depuis janvier 2016, plus de 300.000 entrées de touristes algériens ont été enregistrées en Tunisie.
Karima Bennour