Utiliser l’intelligence artificielle pour fabriquer de fausses informations et s’en prendre à l’Algérie pour la brouiller avec l’Egypte, la chaîne saoudienne Al-Arabiya a prouvé qu’elle en est capable en n’hésitant pas à franchir un nouveau seuil dans la manipulation médiatique. En effet, cette chaîne vient de diffuser une prétendue archive où Gamal Abdel Nasser, dirigeant révolutionnaire qui était président de l’Égypte, minimiserait le rôle de l’Algérie dans la riposte à l’agression de l’entité sioniste contre son pays en juin 1967. Le but de cette désinformation : travestir l’Histoire, semer la discorde et salir les nations arabes les plus engagées dans la cause des peuples. Les faits sont têtus et imposent leur vérité. L’Algérie a été à la hauteur de son devoir de solidarité agissante avec l’Egypte dans cette période, comme en tout autre moment. Pour rappel, en mai 1967, déjà, la situation au Moyen Orient connaissait un regain de tension avec les provocations de l’entité sioniste, toujours guidée par la logique belliciste qui justifie sa présence dans la région, au service des intérêts des pays occidentaux. Vers la fin mai 1967, alors que les pays occidentaux renforçaient leur soutien à l’entité sioniste, l’Algérie, par la voix du Conseil de la révolution qui dirigeait le pays, se déclarait prête à faire face à l’agression sioniste. À l’issue d’une réunion tenue le 29 mai sous la présidence de Houari Boumediene, le ministère de la Défense nationale décidait «l’envoi d’unités de l’Armée nationale populaire (ANP) au Moyen Orient». L’ANP participa effectivement aux côtés de l’armée égyptienne à la riposte à l’attaque sioniste surprise de juin 1967.
Tous se souviennent, ensuite, du geste historique du président Houari Boumediene, qui n’hésita pas, le 12 juin 1967, à se rendre à Moscou, où il eut cinq heures d’entretien avec les dirigeants soviétiques pour obtenir des armes au profit de l’Egypte, en se portant personnellement garant du paiement.
Cet acte de solidarité illustre la fraternité indéfectible qui unit les deux peuples dans les épreuves comme dans la victoire. Moins de quatre ans avant, en octobre 1963, l’Algérie juste sortie victorieuse, mais exsangue, de sa lutte armée pour l’indépendance, avait fait face à l’agression marocaine aux frontières, connue sous le nom de « guerre des Sables ». Notre pays eut à ses côtés, fermement solidaire, l’Egypte de Gamal Abdel Nasser, fournissant conseillers et équipement. Plus tard, en octobre 1973, c’est l’Egypte qui trouvait à ses côtés l’Algérie après l’offensive, réussie, menée par l’armée égyptienne contre les troupes de l’entité sioniste, le 7 octobre. Les témoignages, de sources algériennes, existent sur la participation de l’ANP sur le front égyptien, même avant cette offensive, durant ce qui avait été appelée « guerre d’usure ».
De leur côté, les officiers égyptiens, lorsqu’ils évoquent la guerre d’Octobre 1973, soulignent toujours la contribution déterminante de l’Algérie, tant sur le plan financier que militaire. Ils rappellent avec respect et reconnaissance le courage des soldats algériens tombés au front pour la libération de leurs frères et sœurs égyptiens, ainsi que les pertes humaines infligées par centaines aux soldats sionistes grâce à leur engagement. Cette mémoire partagée explique l’affection profonde que la majorité écrasante du peuple égyptien nourrit pour l’Algérie. Fin octobre 2024, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la glorieuse Révolution de libération, le président Abdelmadjid Tebboune, qui se trouvait au Caire, en visite de travail et de fraternité dans ce pays frère, avait exprimé ses « remerciements au Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, et, à travers lui, au peuple égyptien et à tous ceux qui ont apporté leur concours au «déclenchement de la glorieuse Révolution de Novembre ». «On ne saurait évoquer la Révolution algérienne sans rappeler le soutien que nous avons trouvé, à l’époque, auprès de l’Egypte, ce pays frère qui a aidé tous les peuples en quête de liberté et d’émancipation», avait soutenu le président de la République. L’entente indéfectible entre Alger et Le Caire fait peur à l’entité sioniste et à ses alliés au moment où la force arabe unie prônée par le président Abdel Fattah al-Sissi prend forme. D’où cette falsification grotesque construite par la chaîne Al-Arabiya.
M’hamed Rebah