Le Forum d’affaires algéro-brésilien, tenu ce mardi à Alger, a mis en lumière les immenses potentialités de coopération économique entre l’Algérie et le Brésil. Organisé par l’Agence brésilienne pour la promotion du commerce et de l’investissement (APEX Brasil), en collaboration avec le ministère brésilien des Affaires étrangères, l’ambassade du Brésil à Alger et le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), cet événement a réuni des représentants institutionnels, des opérateurs économiques et des chefs d’entreprise des deux pays dans le but de bâtir des partenariats concrets et durables fondés sur le principe du gagnant-gagnant.
Dès l’ouverture des travaux, M. Rabah Fassih, directeur de la promotion et du soutien aux échanges économiques au ministère algérien des Affaires étrangères, a appelé les acteurs économiques des deux pays à instaurer des mécanismes innovants pour développer des partenariats créateurs de richesse et d’emplois. Il a cité plusieurs domaines prioritaires : agriculture, industrie agroalimentaire, industrie mécanique, électroménager, équipements électroniques, santé humaine et vétérinaire, matériaux de construction et transport. Ces secteurs sont autant d’opportunités à saisir pour transformer la coopération actuelle en un véritable moteur de développement partagé. Le président du CREA, Kamel Moula, a salué la participation active de plus de 24 opérateurs brésiliens, y voyant un signal fort de l’intérêt stratégique que représente le marché algérien pour les entreprises brésiliennes. Il a notamment évoqué un projet industriel d’envergure : l’implantation en Algérie d’un constructeur brésilien de camions, leader dans son domaine. Des discussions sont également en cours pour lancer une unité de production de grues pour camions.
4,32 milliards USD d’échanges en 2024
Pour l’ambassadeur du Brésil à Alger, Marcos Vinicius Pinta Gama, ce forum représente une étape cruciale dans le renforcement du partenariat algéro-brésilien. Il a souligné que le Brésil, l’un des principaux fournisseurs de l’Algérie en produits agricoles comme la viande, le soja et le café, est prêt à aller plus loin en co-développant des projets agricoles en Algérie. Il a notamment insisté sur les avantages que présente l’expertise brésilienne en matière de mécanisation agricole, tout en évoquant la possibilité d’échanges techniques avec l’Algérie, notamment dans la production de dattes et d’huile d’olive. Le diplomate a aussi plaidé pour l’instauration de mécanismes juridiques solides afin de sécuriser les investissements, appelant à la conclusion rapide d’accords bilatéraux en cours de négociation. Hadjer Larbi, chargée de la direction des relations commerciales bilatérales au ministère du Commerce extérieur, a présenté un panorama chiffré des échanges entre les deux pays.
En 2024, le volume des échanges commerciaux a atteint 4,32 milliards de dollars, enregistrant une hausse notable de 13,68 % par rapport à 2023. Le Brésil est désormais le sixième partenaire commercial de l’Algérie, avec des exportations vers celle-ci évaluées à 3,01 milliards USD — principalement en viande, équipements, café et textiles — tandis que les exportations algériennes vers le Brésil, d’une valeur de 1,3 milliard USD, concernent surtout les combustibles, le verre, le caoutchouc et les produits énergétiques. La directrice générale de l’investissement industriel au ministère de l’Industrie a exposé les récentes réformes mises en œuvre pour améliorer le climat des affaires en Algérie : nouvelle loi sur l’investissement, loi sur la monnaie et le crédit, et réforme du cadre législatif relatif au foncier économique. Ces mesures visent à rassurer les investisseurs étrangers et à leur offrir des garanties solides pour opérer dans un environnement favorable. Le directeur général de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), Chakib Smaïl Kouidri, a mis en exergue la complémentarité entre les deux économies et a invité les entreprises brésiliennes à considérer l’Algérie comme un tremplin stratégique vers les marchés africains. L’un des temps forts du forum a été la tenue de nombreuses rencontres bilatérales entre opérateurs économiques des deux pays. Ces échanges ciblés ont permis d’identifier des pistes concrètes de coopération, et plusieurs accords sont attendus dans un avenir proche. Le directeur exécutif du commerce extérieur d’APEX Brasil, André Queiroz, a conclu en qualifiant l’Algérie de « partenaire essentiel » pour le Brésil en Afrique, et a appelé à capitaliser sur la dynamique économique en cours pour approfondir les relations bilatérales. Ce forum a démontré que l’Algérie et le Brésil disposent d’un potentiel immense pour bâtir une coopération économique stratégique, équilibrée et tournée vers l’avenir. Dans un contexte international en mutation, le renforcement du partenariat Sud-Sud représente une voie crédible pour les pays émergents désireux d’affirmer leur souveraineté économique et d’assurer leur développement durable. L’engagement des deux parties à faire fructifier cette relation pourrait ouvrir une nouvelle ère d’échanges profitables et structurants.
M. Seghilani
