Le pianiste hongrois Andrâs Nemeth a animé vendredi dernier à Alger un récital de piano, où il a restitué au public nombreux, le génie créatif de grands compositeurs hongrois, dont Béla Bartok, qui s’était imprégné de la beauté des sites et du patrimoine musical de la ville de Biskra, où il avait séjourné.
à la Basilique « Notre Dame d’Afrique », où l’acoustique est favorable aux arts de la scène, le public est venu nombreux apprécier la virtuosité du pianiste Andrâs Nemeth, restituant une douzaine d’œuvres célèbres des compositeurs, Franz Liszt, (1811-1886), Zoltan Kodaly (1882-1967) et Béla Bartok (1881-1945) qui avait séjourné en 1913 dans la capitale des Zibans, collectionnant plusieurs de ses chants folkloriques. Mettant en valeur les passerelles d’échanges établies par le génie créatif de Béla Bartok entre l’Algérie et la Hongrie, Andrâs Nemeth a conçu son répertoire autour de la Suite, « Opus 14 », une pièce « riche en éléments » inspirés par la musique traditionnelle de la région de Biskra, que le grand compositeur hongrois a créée au retour de son voyage d’étude dans cette région d’Algérie.
Rendue dans des variations modales et rythmiques qui ont tracé les traits d’une fusion parfaite des genres musicaux des deux pays, « Opus 14 » était pour Béla Bartok, pionnier de l’Ethnomusicologie avec Zoltan Kodaly, la preuve que les « cultures se parlaient » et que le « patrimoine musical autochtone » pouvait s’ouvrir à la « pureté de l’académisme universel ».
D’autres pièces consacrant cette insurrection aux dogmes de Béla Bartok ont été brillamment exécutées par Andrâs Nemeth, dont, « Variations libres », « Pour les enfants. Vol 4 », « Quinze chants paysans hongrois » et « Six danses dans le rythme dit bulgare, ‘Mikrosmos.Vol 6’ ». Donnant de l’embellie au silence sacral de la basilique, le jeune pianiste hongrois a ensuite enchaîné avec, « Lament Székely » (sept pièces pour piano) de Zoltan Kodaly, puis avec quelques œuvres de Franz Liszt, dont, « Wiegenlied », « Sposalizio » (Années de pèlerinage, vol. 2. Italie) et « Eglogue » (Années de pèlerinage, vol 1. Suisse). Très applaudi par l’assistance, Andrâs Nemeth a fait montre de toute l’étendue de son talent de virtuose, dans une prestation époustouflante de technique et de dextérité, menée sans avoir eu recours aux partitions, ce qui dénote, selon un connaisseur, d’une « grande maîtrise intellectuelle de son sujet », acquise grâce au « travail et à l’exercice ininterrompus ».
Reflétant l’esprit d’une grande ouverture au monde, par la mise en valeur de la musique populaire hongroise, Béla Bartok, Franz Liszt et Zoltan Kodaly entendaient établir, à travers la fusion des genres folkloriques et populaires « des passerelles d’échanges » entre les peuples et leurs « cultures respectives », explique un professeur d’histoire de l’art présent parmi le public.
Dans la solennité du moment et en présence de l’ambassadeure de Hongrie en Algérie, Helga Katalin Pritz et les représentations diplomatiques accréditées à Alger de plusieurs pays invités, le public a savouré le rendu d’Andrâs Nemeth dans la délectation, applaudissant très fort l’artiste à l’issue de chaque pièce interprétée.
« Je suis ravi de venir en Algérie et très honoré de me produire à Alger, une ville que je découvre et que je trouve très belle », a déclaré Andrâs Nemeth, présent pour la première fois en Algérie. Andrâs Nemeth a étudié le piano à l’Académie de musique « Franz Liszt » de Budapest avec plusieurs autres pianistes de renoms, dont Andrâs Kemenes, Jenô Jandô et Sândor Falvai.
Musicien-professeur, Andrâs Nemeth prépare son doctorat, avec pour sujet de thèse, « Composition pour enfants-Source d’inspiration dans les œuvres de Bartok et de Kurtâg ».
Organisé par l’ambassade de Hongrie en Algérie, en collaboration avec la Basilique « Notre Dame d’Afrique », le concert de piano animé par Andrâs Nemeth, entre, selon le recteur de la basilique Notre-Dame d’Afrique, père José Maria Cantal Rivas, dans le cadre du « programme régulier, initié par l’église ».