Le régime douanier algérien n’est pas encore adapté à l’aéronautique algérienne. L’impératif de mise en place d’une réglementation de nature à suppléer aux efforts consentis par Air Algérie, via sa division de la Division de maintenance et de réparation des aéronefs (DMRA), qui sera filialisée en juillet prochain, semble faire l’unanimité au sein de celle-ci, comme ont tenu à nous en faire part ses responsables, lors de la journée Portes Ouvertes, organisée, dimanche, à Dar El-Beida, au niveau de la zone de fret de l’aéroport d’Alger, à quelques encablures de la piste d’atterrissage.
À ce jour, les procédures douanières n’ont fait que retarder la mise sur les aires des avions réparés ou entretenus par la DMRA. Amrouche Mohammed, sous-directeur maintenance moteur, ne mâche pas ses mots pour nous signifier ce phénomène. Le laxisme avec lequel est délivré les pièces détachées destinées à la réparation des avions, atteste, à lui seul, du comble en la matière. Cette opération dure souvent un mois, temps nécessaire pour le paiement de la pièce reçu, soit pour s’acquitter de la taxe douanière correspondante. Ce qui est fortement pénalisant pour les clients, surtout que la DMRA a dans son répertoire 5 partenaires étrangers, car, durant ce casse-tête bureautique, l’avion reste immobilisé au sol. « On renouvelle régulièrement nos partenariats en maintenance et on travaille exclusivement avec les grandes entreprises dans le domaine », tient à indiquer Zioueche. Par ailleurs, Air Algérie dispose du soutien logistique de l’AOG (Aircraft On Ground, avion sur le sol), dont l’objectif est de tout mettre en œuvre pour que l’avion puisse repartir incessamment, et ce, en s’assurant que « les équipes de maintenance soient en place et il fait appel au support logistique AOG afin de rapatrier les pièces de rechange nécessaires à la maintenance de l’appareil dans les délais les plus brefs. », lit-on dans un site électronique dédié à l’aéronautique. D’autre part, la compagnie algérienne, notamment dans le volet maintenance dévolue à cette Division, est détentrice d’un agrément délivré par l’EASA (en français, AESA), Agence européenne de la sécurité aérienne, ce qui lui vaut un semblant de gratification internationale en matière de maintenance des équipements inhérents à l’avion civil.
Le tableau obscur du volet procédural, qui semble échapper au corps douanier, sonne comme un cri d’alerte pour mettre en exergue les contraintes de taille auxquelles est confrontée la compagnie aérienne nationale, surtout que la conjoncture actuelle est opportune pour une conquête des marchés nationaux et internationaux, donc qui requiert des équipements ultrasophistiqués et prêts à l’emploi pour répondre aux besoins d’une clientèle exigeante et diversifiée.
DMRA : personnel algérien à 100 %
Consciente de cet enjeu, la DMRA, sous la houlette de Zioueche Mohammed Salim, s’est ouverte à la presse, dans le but de faire connaître à celle-ci son champ d’action, ses moyens matériels et humains. Dans un point de presse, préalable à la visite des ateliers, Zioueche a fait part qu’Air Algérie compte une flotte de 50 avions, alors que la DMRA, emploie un personnel de 1 250 employés, dont 600 mécaniciens, selon le chiffre donné par le président du Syndicat des mécaniciens, Rezzaz Mohammed, ce dernier n’a cessé d’ailleurs de faire l’éloge d’une équipe technique qui veille tard pour que l’avion soit disposé à assurer confort et sécurité aux passagers. Insistant sur le fait, à consonances nationalistes, qu’ils sont tous algériens. Les agents techniques, rencontrés au sein d’un avion en entretien d’une durée de trois mois, car ayant dépassé 10 ans de vol, nous expliquent que, régulièrement, ils suivent un cycle de formation ou de perfectionnement dans des pays européens, l’on cite, à ce propos, Strasbourg la française et Bruxelles la Capitale de la Belgique. Une formation, que le directeur de la Qualité et de la Maintenance, Ali Guemache, estime de qualité et dont il y veille personnellement au sein de son département. Un manuel d’entretien définit, quant à lui, le mode de maintenance, sa durée et son type, selon les explications fournies par Debebeche Fahmi, directeur Maintenance moteur et équipements aéronefs. On nous explique également que la première visite approfondie de l’avion intervient tous les trois mois ou 600 heures de vol et peut durer 48 heures. La seconde visite est beaucoup plus lourde, car intervenant entre 24 mois et 6 000 heures de vol. Elle peut varier de cinq jours à un mois. Dix ans de vol après, une révision générale de l’avion s’impose et elle est la plus longue, atteignant même les trois mois.
Sinon, un entretien transit, consistant en la vérification régulière de l’avion, est opéré. Toutes les 30 heures, à chaque départ ou arrivée d’avions, des tests sont effectués. Tous les sept jours, aussi, un tour d’avions est fait, ponctués par des vérifications des impacts pouvant être survenus, des niveaux de l’huile, les pressions des roues et celles des amortisseurs. Par ailleurs, la DMRA regroupe trois directions névralgiques d’Air Algérie : la Direction production avion, la Direction équipement et moteur et la Direction logistique et aéronautique. L’objectif est d’en faire de la DMRA, dans un futur très proche, certainement lorsqu’elle sera filiale, un centre de profits et non un centre de coûts comme elle l’est actuellement. Terminons par relever que l’apport des agents techniques dans la rentabilité acquise, et rarement partagée, des entreprises est un secret de Polichinelle, mais, le malheur, est qu’en on parle jamais.
Zaid Zoheir