Pas moins de 450 enfants autistes sont pris en charge au niveau du Centre de Ain Defla, pour personnes atteintes de cette maladie, depuis l’année 2013 à ce jour, a-t-on appris vendredi du président de l’association Echourouk qui dirige cette structure.
Une mission « ardue » vu que la capacité d’accueil du centre assurant le suivi du trouble en question est limitée à 120 enfants, a observé le président de cette association Mustapha Zitouni, à l’occasion de la journée internationale des personnes aux besoins spécifiques célébrée le 3 décembre de chaque année. « Depuis 2013 à ce jour, nous prenons en charge 450 enfants atteints d’autisme à l’échelle de la wilaya de Aïn Defla, soit plus du triple de la capacité d’accueil (120 enfants) du centre que nous gérons dans le cadre du suivi de ce trouble, un état de fait qui rend notre mission des plus ardues », a-t-il dit. Faisant remarquer que le Centre constitue le point de mire des parents d’enfants autistes des 36 communes de la wilaya, il a noté que dans l’état actuel des choses, la mise en place du système de la double vacation est impossible à cause, notamment, du manque d’encadrement qualifié. Cette situation a contraint les enfants résidant loin du chef-lieu de wilaya à ne se rendre à cette structure que deux fois par semaine, une « solution » anti pédagogique car privant l’enfant de bien de choses contribuant à son épanouissement et à son autonomie (sorties sur terrain, ateliers), a-t-il regretté. Tout en faisant état d’enfants ralliant le centre pour autistes, à partir de localités situées parfois à plus de 60 km du chef-lieu de wilaya, il a soutenu que « l’unique solution à cette situation consiste en la mise en place d’annexes au niveau des plus grandes communes de l’est et de l’ouest de Ain Defla ». « Si l’on veut épargner aux enfants et à leurs parents le calvaire des déplacements vers le chef-lieu de wilaya, il est nécessaire de mettre en place des annexes au niveau des plus grandes communes de l’est et de l’ouest de la wilaya », a-t-il recommandé. M. Zitouni a évoqué, par ailleurs, les problèmes de famille que l’autisme de l’enfant a engendré, relevant que les couples où un enfant souffre de ce trouble sont soumis à une si forte pression que certains finissent par divorcer.
La démystification de la maladie, une priorité
Observant qu’à l’échelle mondiale, l’autisme est plus vu sous l’angle d’ « handicap intellectuel » que de « retard mental », le Dr Hassi Chahrazad, pédopsychiatre activant au sein du centre, a mis l’accent sur l’importance du dépistage précoce de la maladie et des soins avant l’âge de 3 ans. « Si le médecin généraliste, ou la maman ayant notamment eu de grandes difficultés lors de l’accouchement, constatent que vers 6 mois, l’enfant ne ressemble visiblement pas à ses semblables et que son comportement atteste d’un trouble mental, il y a lieu de l’orienter rapidement vers un spécialiste en santé mentale », a-t-elle insisté. Cette démarche est à même d’atténuer des effets d’une potentielle pathologie mentale dont l’enfant pourrait être atteint plus tard, a-t-elle noté, mettant en exergue les risques se rapportant au mariage consanguin et l’importance du bilan prénuptial. Relevant la complexité de la prise en charge de l’autisme, laquelle repose sur une approche thérapeutique, pédagogique et éducative, elle a noté que cette dernière nécessite la conjugaison des efforts de plusieurs intervenants. « Pour une prise en charge efficace de l’autisme, au moins six spécialistes sont requis, en l’occurrence un pédopsychiatre, un éducateur spécialisé, un neurologue, un psychomotricien, un orthophoniste et un ergothérapeute, c’est dire la complexité de la prise en charge de ce trouble », a-t-elle fait savoir. Mme Haci, également psychiatre et psychothérapeute a, d’autre part, mis l’accent sur l’importance de prodiguer des conseils, notamment aux mamans, en vue de leur faire connaître les techniques inhérentes à la prise en charge de l’enfant autiste.
« Il est absolument nécessaire que les parents sachent que les pédopsychiatres ne sont pas des magiciens, mais des spécialistes dont le travail ne peut porter ses fruits sans une réelle implication de leur part », a-t-elle insisté, appelant à une meilleure prise en charge de cette pathologie qui constitue, pour nombre de citoyens, un sujet « tabou ». Observant que les préjugés ont la peau dure, elle a mis l’accent sur l’importance de « démystifier » l’autisme et de faire comprendre aux gens que les enfants autistes peuvent intégrer la vie sociale. Et de rappeler cette citation du célèbre physicien Albert Einstein (1879-1955) « Tout le monde est un génie, mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ».