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Ahmed Wahbi : le chantre de l’Oranité

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Ahmed Wahbi, de son vrai nom Ahmed Driche, est un chanteur algérien et l’un des fondateurs, avec Blaoui Houari, du style musical El Asri, un genre influencé par la musique arabe et les rythmes et le langage poétique oranais. L’artiste est né en 1921 à Marseille. Il est de père algérien et de mère italo-française. Son père Dader fait partie du célèbre groupe S’hab El Baroud. Il rejoint les rangs des scouts musulmans d’Oran après sa création en 1937 et c’est à partir de là qu’il commence à trouver sa vocation dans la chanson en reprenant le répertoire d’Abdelwahab lors des longues veillées dans la forêt de Misserghine. Auteur compositeur dans le registre de la chanson oranaise, il a interprété plus de 800 chansons, depuis l’enregistrement de son premier disque 78 tours, en1949, à la maison d’édition « Pacific ». En fait, sa première apparition en public remonte à l’année 1946 à la salle « Atlas » d’Alger, avec Rouiched, Keltoum, Abderrahmane Aziz, Mohamed Touri, Missoum et Cheikh Er-Rouge. Orphelin dès son jeune âge, il fut recueilli et élevé après le décès de sa mère, par ses grands-parents qui habitaient à Médina Djedida, à Oran. Cependant, avant d’être un artiste reconnu, Ahmed Wahbi a connu la gloire dans le milieu de l’athlétisme et de la natation, après avoir été sacré champion dans le 110 mètres haies. Après s’être investi dans la chanson, dans les années 1940, l’année 1950 sera une période faste, après sa rencontre avec Cheikh Abdelkader ElKhaldi. Il signera ses plus belles chansons dont « Ya Touil Erragba », « El Ghezal », « Yemna ». Son répertoire sera également enrichi, grâce à l’apport d’un autre chantre du « Chi’r El-Malhoune », Cheikh Mostefa Benbrahim. Il écrit ses propres chansons mais fait appel également à d’autres poètes ce qui lui permet de rencontrer le poète Abdelkader Khaldi et quelques maîtres de la poésie populaire comme Cheikh Saïd, Mostefa Benbrahim et Cheikh Benkabila. Il enregistre en 1950 son célèbre tube « Wahran, Wahran » évoquant l’exil et son père Dader. Sa carrière de chanteur fut bâtie essentiellement dans l’exil puisqu’il part s’installer à Paris dès 1947, avant de regagner Tunis en 1957 où il fonde la troupe musicale du Front de Libération Nationale (FLN). Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, il retourne à Oran qu’il ne quitte qu’à deux reprises : en séjournant à Paris de 1965 à 1967 et au Maroc de 1969 à 1971. Il prend la direction musicale du Théâtre régional d’Oran (TRO) après son retour à Oran et y poursuit « l’aventure de la musique algérienne ». Cet interprète et auteur-compositeur est à l’origine, avec Blaoui Houari, du genre Asri (moderne) apparu à Oran dans les années 40. On se souvient de ce groupe qui évoluait près du café Bendouma et qui avait son rival au quartier Sidi Blal, habité par des Noirs. Wahbi devint orphelin à l’âge de 4 mois, et fut donc élevé par ses grands-parents et sa sœur aînée à J’dida. Les photos qu’on a de lui le représentent presque toujours avec sa moustache fine, le costume cravate de rigueur et des lunettes d’écaille dégageant l’allure d’un chanteur égyptien des années 40 et 50. La musique d’Ahmed Wahbi est une synthèse entre la musique orientale et les rythmes agrestes de la poésie populaire algérienne. Profondément marqué par Mohamed Abdelwahab à qui il empruntera son nom d’artiste « Wahbi », Ahmed aurait été le premier artiste algérien à user du luth, instrument emblématique de la musique orientale. Pendant la période coloniale, il se produisait devant le public algérien toujours muni de cet instrument. Il est venu à la chanson par le biais des Scouts musulmans d’Oran qu’il intégra en 1930, alors enfant. Au sein du scoutisme, il côtoya Hamou Boutlélis et Kada Mazouni qui étaient, autant que lui, membres de la troupe En-Najah. Il avait animé des veillées dans la forêt de Misserguine en reprenant avec un succès fulgurant les morceaux d’Abdelwahab. Quand éclata la Seconde Guerre mondiale, il se retrouva soldat sur les fronts de Tunisie, du Rhin et du Danube. En 1942, il dut mettre à profit son tour de permission pour venir participer à un concert à l’Opéra d’Oran sous la direction de l’orchestre de Blaoui Houari. Il participa avec la chanson Nadati qalbi de Mohamed Abdelwahab. Il dut ensuite faire un séjour de dix ans à Paris (de 1947 à 1957) avant de s’installer à Tunis où il lance la troupe musicale du FLN. C’est l’époque où il mena une activité de propagande en faveur de la Révolution algérienne. Dans les années 50, il devient maître du gharbi, caracolant avec des titres sublimes tels que Aâlache Tloumouni, Ya twil regba et Wahran, Wahran, dont certaines seront reprises par Khaled. C’est indubitablement Wahran, Wahran, une chanson qui traite de l’exil, enregistrée chez Pathé-Marconi en 1950, qui le propulse au sommet de la gloire. Wahran Wahran évoque, du reste, le souvenir du père de l’artiste Dader. En outre, il ne faut pas perdre de vue qu’en fait, à l’instar de beaucoup d’artistes de son époque, l’essentiel de l’œuvre de Wahbi fut réalisée en exil, à Paris.. Ahmed Wahbi a construit en grande partie son originalité en jouant de l’oriental pour exprimer l’identité oranaise ou ce qu’il convient d’appeler l’oranité. Cette identité s’exprime à travers la mise en musique du corpus poétique légué par les grands bardes oranais et marocains du XVIIIe siècle, voire d’avant. Suite à ses problèmes de santé, il limite ses déplacement et réduit son activité jusqu’à sa mort en 1993 à Alger.

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