S’il y a une nouvelle recrue parmi les nouveaux ministres choisis par le président de la République qui a le plus attiré l’attention des responsables et des médias marocains, c’est incontestablement le nouveau chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf.
C’est que le nouveau ministre des Affaires étrangères n’est pas méconnu des Marocains. Il a déjà occupé ce poste dans les années 90 au moment où l’Algérie faisait face seule aux groupes sanguinaires qui semaient la terreur et à son isolement international développé par les promoteurs de la thèse du « qui tue qui » ? Et c’est lui, également qui a eu à gérer à l’époque la situation de crise créée par le Maroc en 1994 qui a poussé l’Algérie à fermer sa frontière terrestre avec ce pays. Les Marocains avancent « sournoisement » que la situation déjà compliquée entre les deux pays allait crescendo avec Ahmed Attaf à la tête de la diplomatie algérienne. L’arrivée de Attaf à « la tête de la diplomatie algérienne est une dangereuse escalade politique de la part des autorités algériennes pour gérer la scène au niveau régional », a estimé un expert marocain des affaires politiques rapporté par des médias marocains, assurant que le Makhzen s’emploie à « ouvrir la promotion de la diplomatie comme mécanisme de coopération régionale ».
Le Maroc officiel tente, ainsi, désespérément de faire passer la pilule selon laquelle l’Algérie est responsable de la situation de blocage diplomatique entre les deux pays voisins, alors que depuis toujours Rabat enchaine les attaques hostiles et gratuites qui ont fini par pousser Alger à couper tout lien diplomatique avec ce pays pour ne pas aller au-delà comme l’a si bien signifié le chef de l’Etat dans l’une de ses déclarations.
Ils feignent encore aujourd’hui d’oublier que c’est sous le règne du désormais ex-ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, que les relations diplomatiques entre les deux pays ont été coupées en 2021, en raison justement de la poursuite des provocations marocaines, soit près de 30 ans après la fermeture des frontières communes. Une attitude hostile et vieille comme le monde face à laquelle l’Algérie a fait preuve d’une grande patience dans l’espoir de voir le pays voisin se ressaisir et de revenir à de meilleurs sentiments. Pour dire que les raisons de ce qui s’apparente à présent à une éternelle mésentente entre les deux parties sont plutôt à chercher ailleurs du côté marocain et non pas du côté Algérie qui demeure en toutes circonstances fidèle à ses principes diplomatiques.
Des paris et des pronostics perdus
Dans un autre mensonge vite déconstruit par l’Algérie, les Marocains avaient avancé il y a quelques jours que le représentant de l’Algérie à l’Onu, et conseiller de l’ex-MAE Ramtane Lamamra, Nadir Larbaoui, allait être destitué en raison, tenez-vous bien !, de sa « déroute diplomatique » face au représentant du Royaume, Omar Hilal. Là encore les Marocains découvrent non sans grande déception, que celui qui devrait être remercié par l’Etat algérien pour son « manque de rythme » face à son voisin marocain, vient d’être promu au poste de directeur de cabinet de la présidence de la République. Les Marocains savent pourtant que les principes fondateurs de la politique étrangère de l’Algérie ne changent pas au gré des arrivées et des départs à la tête de ce département important, mais qu’il est régi par des principes non-négociables et ne permettent aucun marchandage.
Depuis son indépendance, l’Algérie s’est fixée une ligne de conduite diplomatique qui fait qu’elle ne s’ingère jamais dans les affaires internes des pays souverains, apporte toujours son soutien à toutes les causes justes et aux peuples opprimés à travers le monde, et travaille à la recherche de la paix et à promouvoir le dialogue entre les peuples et civilisations. Il est ainsi clair comme l’eau de roche que toutes ces gesticulations marocaines haineuses envers l’Algérie, sont déployées pour détourner l’opinion publique marocaine des vrais problèmes et des vraies questions internes d’autant plus que le pays est assis sur une poudrière qui risque d’exploser à la moindre étincelle. Face à un grave déclin social et économique, qui a conduit à des contestations sans précédent dans le pays et des scandales à succession à commencer par le logiciel d’espionnage Pegasus et la corruption par le Makhzen des Eurodéputés qui ont fini par le discréditer aux yeux des puissances du monde qui s’étaient pendant longtemps montrés clémentes envers ses dépassements en violation de toutes les résolutions internationales, le Makhzen devrait plutôt s’occuper à trouver sans trop tarder des solutions palpables à la demande sociale qui grogne aux risques de se faire emporter par le vent de la révolte qui souffle sur le pays. Et comme si tous les déboires qu’il s’est créés ne suffisent pas, le pays de sa Majesté a encore enregistré un autre camouflet diplomatique : la reprise des relations diplomatiques entre les Saoudiens et les Iraniens qui, à priori n’arrange pas les affaires du Maroc qui voulait entrainer Téhéran dans le conflit sahraoui pour justifier la présence des Israéliens au Maroc, alors que les relations entre Alger et Téhéran ont toujours été au beau fixe. De quoi perturber le Makhzen dans son sommeil et pour longtemps encore. Quelle que soit la propagande du makhzen, le changement à la tête de la diplomatie algérienne à la faveur du dernier remaniement gouvernemental décidé par le chef de l’Etat a pour objectif de hisser les performances diplomatiques algériennes et non pas de s’attaquer au Maroc. La mission de nos diplomates est beaucoup plus noble que ça. C’est juste que celui qui sème le vent récolte la tempête.
Brahim O.