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Afrique du Sud : L’opéra en plein essor

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Comptant désormais de nombreuses grandes stars sur la scène internationale, la soprano Pretty Yende en tête, l’opéra en Afrique du Sud connaît une ascension fulgurante depuis l’abolition des barrières raciales il y a une trentaine d’années, puisant ses talents dans les traditions chorales. L’Opéra du Cap, en pointe dans l’essor de ce genre musical, présente des interprétations locales pour séduire un public à l’oreille plus habituée aux chants polyphoniques a capella qu’à la musique classique occidentale. Angelo Gobbato, 81 ans, ancien chanteur d’origine italienne, a fondé l’Opéra du Cap, à la pointe sud de l’Afrique, cinq ans après l’élection en 1994 de Nelson Mandela, premier président noir du pays. Quand il a monté Lucia di Lammermoor de Donizetti en 1999, tous les rôles principaux étaient tenus par des artistes venus de l’étranger. Vingt-cinq ans plus tard, la distribution de l’opéra, monté pour fêter cet anniversaire de la compagnie, est entièrement sud-africaine et ne compte qu’un seul chanteur blanc, souligne le fondateur.
Quand l’apartheid a volé en éclats, « on a reçu soudainement un fort intérêt de la part d’étudiants noirs qui voulaient être formés à l’opéra », explique à l’AFP M. Gobbato. « C’était inédit parce qu’à l’école d’opéra du Cap, nous avions des étudiants métis », dits « coloured » selon la classification de l’apartheid, « des étudiants non-blancs, mais pas d’étudiants noirs ». Ces nouveaux élèves, parmi lesquels a figuré la célèbre Pretty Yende, qui a chanté l’an dernier au couronnement du roi Charles III, viennent souvent de chorales locales où ils ont appris la musique sans forcément savoir déchiffrer une partition et sans bagage théorique.

Drames universels
De plus en plus de chanteurs sud-africains sont tombés amoureux de l’opéra et le public sud-africain s’est diversifié en parallèle.
« Je me vis comme un grand-père », confie Angelo Gobbato. « Je n’ai ni enfants, ni petits-enfants mais quand je vois ces étudiants, je suis infiniment fier et convaincu d’avoir fait quelque chose » pour son pays d’adoption. L’opéra était autrefois réservé à un public blanc, souligne la soprano Britanny Smith, héroïne tragique de la production récente de Lucia di Lammermoor. Mais désormais, l’Opéra du Cap oeuvre à le « rendre plus accessible », valorisant ainsi ses nouveaux interprètes, souligne la jeune femme métisse de 29 ans, en coulisses d’une répétition à Johannesburg. Cette institution, comme l’école d’opéra réputée qui dépend de l’Université du Cap, défriche régulièrement les talents prometteurs dans des écoles primaires et townships pauvres, pour préparer les futures générations de solistes.
Les drames universels mis en scène par l’opéra résonnent avec le vécu des Sud-Africains, note le baryton Conroy Scott. « Ca parle de questions profondes, réelles, et d’émotion. De politique, de sexe, de violence et de mort », dit le chanteur de 43 ans. Les productions de classiques de l’opéra après l’apartheid ont donné naissance à une forme distinctement sud-africaine dans la représentation des personnages, avec des décors reconnaissables par le public, souligne le critique Wayne Muller. La Bohème a été située dans un quartier du Cap, District Six, rasé au bulldozer sous l’apartheid, et Porgy and Bess, dans l’opéra de George Gershwin, se sont déclaré leur amour dans un bidonville de Soweto, cite-t-il en exemple.

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