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Afghanistan : Premiers attentats meurtriers depuis le départ américain

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Au moins deux personnes ont été tuées et 19 autres blessées samedi à Jalalabad dans les premiers attentats meurtriers commis en Afghanistan sous régime taliban depuis le départ des troupes américaines le 30 août.

Ces attentats, dont au moins un a visé une voiture de police des talibans, illustrent la situation sécuritaire toujours précaire dans le pays, où le nouveau régime a promis de ramener paix et stabilité après plus de quatre décennies de guerres. Trois explosions au total ont eu lieu à Jalalabad, a indiqué à l’AFP un responsable taliban sous couvert d’anonymat. Aucune n’était revendiquée samedi après-midi. La première, qui a visé un véhicule taliban patrouillant dans la ville, a fait « au moins deux morts et 20 blessés », selon ce responsable. Un responsable du département de santé du Nangarhar, dont Jalalabad est la capitale, a fait état de trois morts et 18 blessés dans ces attaques. Le Nangarhar, dans l’est du pays, est le principal foyer des rebelles du groupe Etat islamique en Afghanistan (EI-K), rivaux des talibans et qui avaient revendiqué l’attentat ayant fait plus de 100 morts à l’aéroport de Kaboul le 26 août. Ces attaques surviennent un mois après la prise de contrôle du pays par les talibans qui ont à plusieurs reprises assuré que la fin de la présence militaire occidentale allait permettre de mettre fin aux violences. Jusqu’à ces attentats, la vie avait commencé à reprendre son cours, loin des scènes chaotiques des évacuations de la fin août à l’aéroport de Kaboul. De premiers vols commerciaux internationaux ont repris cette semaine, avec le Pakistan et l’Iran notamment.

Rentrée 100% masculine
Dix jours après la réouverture des universités privées, les collégiens et lycéens ont été autorisés à reprendre le chemin de l’école samedi – à l’exception des filles et des enseignantes. L’Unicef a déploré cette mesure, exhortant le nouveau régime à ne pas « laisser les filles de côté ». « Il est essentiel que toutes puissent reprendre leur éducation sans plus de retard, et que les enseignantes puissent elles aussi continuer à enseigner », a insisté vendredi l’agence onusienne. En l’espace de vingt ans, le nombre d’écoles a triplé et le nombre d’enfants scolarisés est passé de 1 million à 9,5 millions, selon l’Unicef. La mise à l’écart des filles et des enseignantes devrait ajouter à l’inquiétude d’une partie de la population et de la communauté internationale qui redoutent de voir se reproduire le même scénario que lors du premier passage au pouvoir des fondamentalistes, entre 1996 et 2001. Le mouvement islamiste avait mené une politique particulièrement brutale à l’égard des femmes, qui n’étaient pas autorisées à travailler, étudier, faire du sport ou sortir seules dans la rue. Après le départ des talibans, chassés par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, les droits des femmes avaient à nouveau progressé, notamment en matière d’éducation. Au collège-lycée franco-afghan Esteqlal de Kaboul, l’exclusion des filles et des enseignantes avait du mal à passer samedi. « L’école devrait être pour tout le monde, garçons et filles », a déclaré à l’AFP Gul Mohammed Frotan, un enseignant. « Un pays qui ne l’autorise pas se tire une balle dans le pied. Le pays va avoir besoin de professeurs, d’ingénieurs, de médecins (…) donc ils vont avoir besoin de filles à l’école ». Pour un responsable de l’établissement qui n’a pas souhaité être nommé, les collèges et lycées vont être confrontés à une pénurie d’enseignants. « La plupart des enseignants sont des femmes et ne sont pas autorisés à venir sous le nouveau gouvernement, cela va nous créer des problèmes. »

« Balle dans le pied »
Les talibans ont assuré ces dernières semaines que les droits des femmes seraient respectés. Mais ces affirmations ont été fragilisées par plusieurs de leurs décisions récentes. S’ils ont autorisé les femmes à continuer à étudier à l’université, elles devront y porter une abaya ainsi qu’un hijab et les cours se feront dans la mesure du possible en non-mixité. Aucune femme ne figure par ailleurs au sein du nouveau gouvernement. Quant au ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, il semble désormais occuper les locaux de l’ancien ministère des Affaires féminines. Le Premier ministre du Pakistan Imran Khan a annoncé avoir entamé avec les talibans, dont Islamabad est proche, des discussions pour qu’ils incluent dans leur gouvernement des représentants d’autres communautés ethniques (tajike, hazara, ouzbèke notamment). Les talibans ont été critiqués après l’annonce de leur gouvernement de transition pour son manque de diversité, le cabinet étant formé quasi exclusivement de cadres de leur ancien régime et de pachtounes, l’ethnie d’origine du mouvement. Les répliques du départ occidental précipité qui a suivi l’arrivée du mouvement islamiste continuent quant à elles de se faire sentir.
A Washington, l’armée américaine a reconnu vendredi avoir tué dix civils afghans innocents dans une bavure « tragique » en frappant par erreur un véhicule qu’elle croyait rempli d’explosifs. Aux Pays-Bas, la ministre néerlandaise de la Défense a annoncé sa démission après la gestion chaotique de l’évacuation d’Afghanistan, emboîtant le pas à la cheffe de la diplomatie. La question de l’Afghanistan sera au centre de multiples discussions lors de l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine, où on ne sait pas encore qui parlera au nom de Kaboul.

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