C‘est aujourd’hui, dimanche 31 janvier, que devra se tenir le procès en appel de l’affaire de la société de fabrication et d’importation de médicaments « GB Pharma », où sont impliqués les deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que d’anciens ministres. Prévu initialement le 17 janvier dernier, le procès en question a été reporté pour aujourd’hui à la demande de la défense des accusés. Fin novembre, le tribunal de Sidi-M’hamed (Alger) avait prononcé dans cette affaire une peine de cinq (5) ans de prison ferme contre les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et acquitté l’ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane. Les deux hauts responsables déjà cités sont accusés d’octroi de privilèges injustifiés au Groupe Condor et à ses filiales, dont des facilitations pour la réalisation d’une usine de fabrication de médicaments »GB Pharma » dans la nouvelle ville de Sidi-Abdallah (ouest d’Alger), laquelle était gérée par l’ancien ministre de la Poste et des Technologies, Moussa Benhamadi, décédé en juillet dernier à la prison d’El-Harrach, des suites de la Covid-19. Le Groupe Condor a bénéficié auprès d’Ouyahia et de Sellal de facilitations jugées illégales pour la réalisation d’un centre pour brûlés à Skikda par la société « Travocovia », une des filiales du Groupe Condor, ainsi que d’interventions lors de la passation de marchés avec l’opérateur public de téléphonie mobile Mobilis pour l’acquisition de téléphones portables et de tablettes auprès du groupe Condor. Les frères Benhamadi sont également poursuivis pour participation au financement de la campagne électorale du candidat à la Présidentielle d’avril 2019, Abdelaziz Bouteflika, à travers un compte bancaire ouvert spécialement pour recueillir les apports financiers de parties sans aucun lien avec l’élection.
Jeudi dernier, les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ont été lourdement condamnés par la cour d’Alger dans le procès , après la cassation, de l’affaire de montage automobile et de financement occulte de la campagne électorale de Bouteflika pour un cinquième mandat, qui s’est déroulé au début du mois en cours. Ainsi, la cour d’Alger a prononcé une peine de 15 ans de prison ferme à l’encontre d’Ahmed Ouyahia, poursuivi pour sept chefs d’inculpation (blanchiment d’argent, octroi d’indus avantages, trafic d’influence…). Abdelmalek Sellal a été condamné, quant à lui, à 12 ans de prison ferme, alors que les deux anciens ministres de l’Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, ont été condamnés, respectivement, à 3 et 2 ans de prison ferme. En plus de ces peines d’emprisonnement, Ouyahia, Yousfi et Bedda sont également condamnés à une amende de 2 millions de dinars chacun, alors que Sellal l’est à 1 million de dinars.
Le procès opposant Aït Ali Braham à Nebbache reporté au 25 février
Par ailleurs, le procès opposant l’actuel ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, au président de l’Association des concessionnaires automobiles multimarques (Acam), Youcef Nebbache, a été renvoyé par le tribunal de Bir Mourad-Raïs au 25 février prochain. Cette décision a été prise, jeudi, à la demande de la défense du prévenu, qui avait réclamé également la présence du ministre au procès. Le président de l’Acam est poursuivi en justice par le ministre de l’Industrie pour «diffamation » et « atteinte à la sécurité nationale ». Comparu jeudi dernier devant le tribunal de Bir Mourad-Raïs, à Alger, le procureur a abandonné le grief d’« atteinte à la sécurité nationale », contenu dans la requête du ministre de l’Industrie. Dès l’entame du procès, les nombreux avocats du prévenu Youcef Nebbache, ont réclamé «l’ajournement du procès», mais aussi «la présence du plaignant à l’audience pour un débat plus instructif». Il faut savoir que la loi n’oblige pas la comparution de la victime et que la présence de son avocat suffit. Cette loi a été réitérée par Me Oussedik, avocat du ministre de l’Industrie. Ce dernier affirme que la plainte a été déposée par «la personne du ministre et non pas le ministère», et par conséquent la victime «n’est pas dans l’obligation d’être présente au procès dans la mesure où toutes les déclarations du prévenu sont consignées dans le dossier». Il a expliqué que le prévenu (Nebbache : Ndlr)» a «porté atteinte à l’honneur de la personne du ministre et non pas sa politique ou à son programme », estimant que « les propos qu’il a tenus sont gravissimes et n’ont aucun lien avec des critiques constructives».
Brahim Oubellil