L’affaire du scandale d’importation de 135 millions de bavettes et masques médicaux par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) est passée ce mardi en justice.
Le procureur de la République près le tribunal de Dar El-Beïda a requis des peines de 5 ans de prison ferme, assorties d’une amende d’un million de DA contre quatre accusés, à savoir Tarek Djaâboub, ancien DG de la PCH, Kamel S., directeur des achats de fournitures médicales, de réactifs chimiques à la PCH, Abdelatif T., sous-directeur en charge des équipements médicaux ; Farid Ch., directeur de comptabilité et finances. Le procureur de la République a requis la même peine également à l’encontre d’un accusé se trouvant en fuite à l’étranger, avec émission d’un mandat d’arrêt international. Ceci dans l’affaire de mauvaise gestion et corruption des responsables de la PCH, un scandale éclaté en plein début de la crise de l’épidémie de coronavirus. L’Algérie, qui a fait face à des pénuries de bavettes et masques médicaux, avait décidé de lancer entre février et mai dernier, une offre d’importation de ces moyens médicaux de protection au profit de la PCH pour la somme de 3,7 milliards DA concernant 135 millions de bavettes et masques médicaux. Les investigations ont mené à des anomalies dans la conclusion de ce marché et le choix des fournisseurs, et de la corruption, détournement et dilapidation de deniers publics, passation de marchés non réglementaires, surfacturation et transfert illégal de devises vers l’étranger.
Selon les investigations, le choix des opérateurs chinois, singapouriens et émiratis s’est fait en violation des lois de la République appliquées en la matière. Ce procès a été ouvert, mardi dernier ; l’ancien directeur général de la PCH, Tarek Djaâboub, a comparu devant le juge pour répondre aux questions qui lui ont été adressées concernant les différentes accusations portées contre lui concernant la passation de marchés non réglementaires, et la sélection des concessionnaires par favoritisme et intérêt personnel. L’accusé a déclaré que la PCH est une société commerciale, et de ce fait le code des marchés publics lui est appliqué. L’ancien DG a mis en avant les pénuries vécus par l’Algérie lors du début de la crise sanitaire de Covid-19 pour expliquer que la PCH travaillait en coordination avec le président de la République et le ministre de la Santé, pour remédier à l’épuisement des stocks en bavettes et masques médicaux.
De ce fait, il a affirmé qu’après avoir contacté les opérateurs locaux et avoir constaté leur incapacité à couvrir les besoins du marché national, il a recouru, après consultation du Premier ministère, à l’importation pour acquérir ce matériel médical. L’accusé s’est justifié en disant que la conclusion de tels marchés obéit à des procédures spéciales, et des cadres de la PCH sont chargés d’accomplir les différentes formalités d’importation. Le juge lui demande alors pourquoi il n’a pas constitué une commission ad-hoc pour conclure ces marchés et étudier les solutions pour fournir le marché national en bavettes et masques médicaux, comme le stipule la loi, Tarek Djaâboub a répondu que la conjoncture requiert alors le caractère d’urgence.
L’ancien DG s’est défendu en disant que le gouvernement a consacré une enveloppe financière de l’ordre de 3,7 milliards de DA pour la conclusion de l’accord d’achat de masques, et le choix s’est porté sur un opérateur espagnol et un autre à Singapour. Cependant, le juge l’a interrompu en disant: « L’accord a été conclu avant qu’ils ne soient chargé de fournir des masques ». Durant le procès, il a été expliqué que seulement 35 millions de bavettes et masques ont été importés, et les questions du juges ont porté sur la destination des 100 millions autres.
Hamid Mecheri