Le sort de la nouvelle Constitution a été scellé, hier, dans une séance réunissant les deux chambres du Parlement national, tenue au Palais des nations, à Club des Pins (Alger). L’avant-projet a reçu un quitus absolu consacrant son adoption définitive. En effet, 499 voix ont été exprimées en faveur du texte de loi, contre 2 seulement qui lui ont opposé un rejet, alors que 16 autres ont choisi l’option de l’abstention.
En plus des représentants de l’APN et du Conseil de la nation, lesquels étaient directement concernés par cette cérémonie de vote, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, accompagné par la majorité de son staff gouvernemental, ont assisté à cette séance, qui s’est avérée, n’être, comme cela était prévisible, qu’une simple formalité. En effet, loin du passage au forceps enregistré lors de l’adoption du PLF-2016, caractérisé rappelons-le par une ambiance électrique et des chamailleries sans précédent, l’avant-projet soumis hier devant les électeurs du Parlement est passé, on ne peut plus clair, comme une lettre à la poste. Aussitôt que la séance fut ouverte par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, assisté par son homologue de la deuxième chambre, Mohamed-Larbi Ould Khelifa, il a été procédé à la présentation du règlement intérieur régissant le déroulement des travaux de cette rencontre, qui a mobilisé 512 parlementaires (plus 7 procurations) sur les 606 que comptent les deux assemblées. Ce même règlement a été adopté aussitôt par la majorité des voix. Quant à l’adoption en question en elle-même, et comme le confère la réglementation parlementaire en cours, il y est requis un quorum devant atteindre 388 membres pour valider la tenue de la séance de vote. Une exigence législative largement portée au dessus, comme cela a d’ailleurs été constaté par le président de la cette session extraordinaire. Cette dernière a enregistré tout de même des absents, qui se sont avérés être les parlementaires qui ont annoncé, il y’a quelques jours déjà, de boycotter cette cérémonie. Il s’agit des représentants de l’aile de l’opposition parlementaire, constituée d’une part, par les partis islamistes regroupés au sein de l’AAV (Alliance pour une Algérie verte) et de l’autre, par le Front des forces socialistes (FFS). Un seul partisan de ce camp adverse a manqué au groupe. C’est le Parti des travailleurs (PT), qui, en dépit des ses positons tonitruantes mises en avant de la scène politique ces derniers temps, a mis fin au suspense en décidant de prendre part à une séance. Aussi imprévisible que celui puisse paraître, les élus du parti ont même été conduits, une fois n’est pas coutume, par Louisa Hanoune, SG de la formation politique trotskiste. Avant le passage au vote de la mouture du texte de loi, Abdelamalek Sellal a intervenu pour rappeler les grandes lignes des amendements incorporés dans la mouture de l’avant-projet initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. D’emblée, le chef de l’Exécutif arappelé que cette révision constitutionnelle, contrairement aux critiques de l’opposition, est «consensuelle et non exclusive» et d’indiquer qu’il (avant-projet) traduit en soi, les engagements de l’actuel chef de l’Etat, qui, faut-il le souligner, avait annoncé en avril 2011, d’enclencher des réformes pour consolider l’état de droit et la démocratie dans le pays. Et au dessus de tout, Sellal a estimé qu’il s’agit d’une halte qui consacrera l’avènement de la naissance de la IIe République selon, a-t-il précisé, les aspirations du peuple algérien. Après le Premier ministre, ce seront les chefs des groupes parlementaires qui se succéderont pour donner la position de leurs partis respectifs en rapport avec la question du jour. Tour à tour, les représentants indépendants, du RND et du FLN relevant des deux chambres parlementaires, et puis ceux du tiers présidentiel siégeant au sein du Conseil de la nation, ou encore des élus du PT à l’APN, se sont exprimés et ont mis en avant les arguments à faire valoir, en vue de justifier leur position lors de l’opération de vote, qui a suivi juste après. Ainsi, si le FLN par la voie de son porte-parole du jour s’est contenté de rappeler la part de lion que s’est taillé le parti dans les amendements apportés au texte de loi, comme motivation confortant sa position pour plébisciter haut la main l’avant- projet, son alter ego du RND, a mis l’accent sur l’absence avérée de l’opposition.
Le représentant du parti d’Ahmed Ouyahia exprime son regret devant le boycott d’une partie des parlementaires, qui ont raté selon lui «une séance historique» marquée, détaille le même orateur, par des amendements «renforçant pourtant», le rôle de l’opposition, estime-t-il. De l’autre côté, l’intervention du PT qui a réitéré aussi bien les «points positifs» que ceux considérés «insuffisants» dans ce projet, n’aura finalement pas influé sur le cours du vote. En effet, sur les 517 voix qui ont plébiscité le texte de loi, 2 parlementaires seulement ont rejeté l’avant-projet. Le PT quant à lui s’est contenté de s’abstenir. Mais, fort est de constater que sur les 22 députés que compte ce parti, seulement 16 – voire même moins – ont exprimé la même position. Et pour cause, la présence sur place des députés dissidents, parmi eux Salim Labatcha et Salima Sidi Moussa ont du marquer des points après avoir amené certains des partisans de Hanoune, à rejoindre leur camp pour voter en faveur du projet de loi.
Farid Guellil