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Accouchement : les services obstétriques en surcharge

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Les services obstétriques des grands hôpitaux et cliniques de la majorité des régions du pays souffrent d’une surcharge stressante durant la période estivale, qui coïncide avec les départs en congé de nombreux professionnels de la santé. Ce phénomène est expliqué par les professionnels du secteur de la santé, notamment, par la hausse du taux de natalité en cette période de l’année.

Selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), il a été enregistré, à titre d’exemple, 28,4% des naissances, soit près de 300 000 durant le troisième trimestre de l’année 2015. L’ONS relève parallèlement une hausse de mariages, soit 113 000 durant la même période. Dans une déclaration à l’APS, le directeur de la population au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Ouali, a imputé l’augmentation du nombre des naissances, c’est-à-dire plus de 50 000 pour les seuls mois de juillet et août 2015, en comparaison avec les autres mois de l’année, à la tradition de la société algérienne de célébrer les cérémonies de mariage durant la saison estivale. Si la situation difficile que connaissent certains services obstétriques à travers le pays est due, pour le même responsable, au manque flagrant des personnels, médical et paramédical, d’autres professionnels de la santé l’expliquent plutôt par l’absence d’une couverture sanitaire de proximité, ce qui pousse le citoyen à s’orienter vers un service équipé, en quête d’une bonne prise en charge particulièrement en cas de grossesse à risque. Le directeur de la santé de la wilaya d’Alger, Mohamed Miraoui, a indiqué que les naissances enregistrées dans 17 établissements hospitaliers et de proximité avaient atteint un point culminant, en été 2015, avec près de 30 000 nouveau- nés, dont 21% issus d’autres wilayas. Évoquant le nombre de cliniques et services obstétriques, il a précisé qu’il y a un service pour 61 167 femmes en âge de procréation, entre établissements publics et privés, avec une capacité d’un lit pour 447 femmes dans les établissements publics, et une sage-femme pour 1 171 femmes.

Affluence excessive de localités-est de la capitale sur l’hôpital Parnet
Au centre hospitalier Nafissa-Hammoud (ex-Parnet), la sage-femme coordonnatrice du service, Aïchouche Messaoud, a affirmé que cette affluence était due à la réputation de cet hôpital, connu pour ses prestations de qualité au niveau des services des urgences médicales, de pédiatrie et de néonatalogie, ainsi que le service obstétrique. Elle a précisé que le service prend en charge entre 30 et 50 accouchements par jour, et plus de 1 000 par mois, dont la plupart en dehors de la wilaya d’Alger, relevant que certains hôpitaux à l’Est de la Capitale transféraient vers Parnet tous les accouchements à risque (hypertension, diabète, maladies cardiaques, anémies…). D’une capacité de 24 lits patents, le pavillon de gynécologie obstétrique se voit souvent dans l’obligation de redoubler sa capacité d’accueil avec un lit pour deux femmes et leurs nouveaunés. De ce fait, le service se transforme en une véritable ruche humaine qui s’emploie sans relâche à cerner la situation. Cette profession est humaine et éprouvante à la fois, a confié une infirmière qui s’empressait d’aller prêter main forte à une femme sur le point d’accoucher, réitérant toutefois sa totale disposition à assumer cette noble mission quelle que soit la situation. À ce propos, le personnel médical et paramédical a estimé qu’en dépit des grands moyens mis à la disposition de cette structure, il est impossible de prendre en charge le nombre croissant d’accouchements, notamment en cette période de l’année. Le manque sensible des personnels, médical et paramédical, s’explique par le gel, ces dernières années, de la formation et le passage des sages-femmes au secteur de l’Enseignement supérieur, chose qui a entravé, en grande partie, le bon fonctionnement du service en question, a-t-il souligné. Le même son de cloche résonne au sein du service gynécologie obstétrique du centre hospitalier d’Annaba (Est du pays), selon le directeur général, Pr Abdelaziz Lankar, qui a déclaré que 4 000 accouchements ont été pris en charge durant le troisième trimestre 2015, soit 40 naissances par jour, dont 70% venues des wilayas avoisinantes et 50% de la seule wilaya d’Et-Taref. Il a relevé que le service d’une capacité de 135 lits était encadré par sept médecins et 55 sages-femmes, estimant que ces compétences, qui travaillent sans répit aucun, n’étaient pas en mesure de faire face à la situation.

Des hôpitaux maîtrisent quand même la situation, grâce à leurs personnels.
Si les hôpitaux de Parnet et d’Annaba doivent gérer au quotidien cette pression pesante au niveau des services obstétriques durant l’été, la situation est autre à l’hôpital de Kouba et les services hospitaliers d’Oran qui sont parvenus à prendre les choses en main grâce à l’organisation et à la mobilisation de leurs personnels. Le directeur général de l’hôpital Bachir-Mentouri (Kouba), Abdelkader Ghouila, a affirmé que conformément aux instructions du ministre de la Santé liées à la prise en charge des services maternité durant l’été, l’hôpital a de suite mobilisé une équipe médicale et paramédicale pour assurer les prestations au niveau de cette structure, qui dispose de 56 lits entre les services obstétrique et grossesses à risque. Outre la mise en place de 14 autres lits supplémentaires pour éviter la situation catastrophique vécue les précédentes années, le même responsable a mis en avant l’organisation et l’orientation des femmes enceintes au cas par cas vers les cliniques de Gué-de-Constantine et d’El-Mouradia. Pour une meilleure prise en charge, le directeur de la santé de la wilaya d’Alger a annoncé l’ouverture, en septembre prochain, d’un nouvel hôpital maternité-pédiatrie à Douira (Ouest de la Capitale) et un autre complexe à Baba-Hassen et à Bir-Khadem dans l’attente du coup d’envoi pour la réalisation de trois hôpitaux similaires à Rouiba, Aïn-Benian et Hussein-Dey d’une capacité de 150 lits chacun. D’autre part, la situation dans les services obstétriques d’Oran (Ouest du pays) est totalement différente de celle du Centre et Est du pays. Le directeur de la santé de wilaya, Abdelkader Kaceb, a indiqué que sa direction avait résolu définitivement le problème de surcharge et de pression au niveau des services obstétriques par la mise en place d’une cellule qui veille à organiser le transfert des femmes enceintes entre les différents services de la wilaya, en fonction des lits disponibles, avant de rappeler qu’une moyenne de 50 naissances sont recensées chaque jour. Par ailleurs, le chef du service gynécologie de l’hôpital de Zéralda, Pr Arab Boudriche, a confié que le transfert des malades d’une région à une autre était dû en premier lieu, à l’exploitation irrationnelle des structures de proximité existantes et à l’absence de garde et de spécialistes, ce qui contraint le citoyen à aller chercher une meilleure prestation dans les grands établissements hospitaliers. De son côté, le président du conseil de l’Ordre des médecins, Dr Mohamed Bekkat-Berkani, le phénomène est dû à la répartition inégalée des spécialistes à travers les différentes régions du pays, ce qui amène le citoyen, a-t-il dit, à se diriger vers les grands établissements hospitaliers pour la sécurité et la qualité des prestations. Il a prôné, dans ce contexte, l’encouragement de l’installation des spécialistes dans les régions reculées, tout en renforçant le rôle des établissements et centres de santé de proximité, estimant que la prise en charge de la grossesse fait partie des prestations médicales particulières, car nécessitant beaucoup de vigilance pour préserver la vie de la mère et du nouveau-né. Il convient de souligner à la fin que la situation dans les hôpitaux, notamment dans les services obstétriques, reste malgré les efforts fournis par les autorités peu satisfaisantes. Parfois, c’est le manque d’équipements et d’autres c’est le manque de sérieux des personnels qui posent problèmes. Cet état de fait a poussé les familles algériennes à se diriger vers les cliniques privées à la recherche d’une bonne prise en charge, malgré leur situation financière qui ne permettent pas de payer ces centres de soins à des prix exorbitants. Pour la plupart, pas question de prendre le risque de laisser sa vie tant la confiance en les hôpitaux publics est rompue, mais pour le reste pas le choix. En été, la situation est, en effet, beaucoup plus compliquée, vu le nombre de natalité très élevé. Au niveau de ces services, c’est souvent plusieurs patientes qui se retrouvent dans une seule chambre pour manque de places, et cela particulièrement dans les hôpitaux des grandes villes du pays. Les efforts doivent être, sans nul doute, doublés pour arriver à gérer la stressante surcharge. La mobilisation des responsables du secteur doit été efficace pour pallier à ce problème et améliorer la qualité des services, en général.
Ania N. C. et APS

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