Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole se sont mis d’accord pour geler leur production pétrolière.
La réunion informelle de l’Opep tenue, mercredi passé à Alger, en marge de la clôture des travaux du 15e Forum international de l’énergie (IEF15) a débouché sur l’adoption d’une décision, on ne peut plus historique, portant sur le gel de la production pétrolière par l’ensemble des pays membres de l’Organisation. Ainsi, Alger a réussi ce que la réunion de l’Opep de Doha «Qatar», tenue le 17 avril écoulé, n’a pas pu faire. L’Algérie a fédéré les positions des uns et des autres autour de la question du gel de la production pétrolière des membres de l’Opep. Même l’Iran qui a affiché, par le biais de son ministre du Pétrole, son opposition à toute prise de décision liée à la production de l’Opep a fini par entériner la décision de la réunion informelle à Alger.
Après plusieurs heures de négociations laborieuses à Alger, les membres de l’Opep sont parvenus, mercredi soir, à s’accorder sur une réduction de leur production de brut, une décision historique depuis sa réunion extraordinaire de 2008 abritée également par l’Algérie. Alger a concilié les positions des un et des autres sur cette question. Prenant à contre-pied les pronostics hâtifs d’experts et de médias internationaux sur un échec de la réunion, l’Opep, à travers sa décision de réduire sa production à un niveau oscillant entre 32,5 mb/j et 33 mb/j, reprend les rênes pour continuer à défendre les intérêts de ses membres à travers un prix de brut rentable et raisonnable. Patiemment et habilement orchestrés, avant et durant cette réunion, les efforts de l’Algérie pour aplanir les divergences au sein de l’Opep ont été unanimement salués par les pays membres. «Grâce à une excellente concertation et compréhension entre les membres de l’Opep, nous sommes parvenus (…) à cibler une réduction à un niveau allant entre 32,5 millions de barils par jour (mb/j) et 33 mb/j, et nous nous sommes mis d’accord de mettre en place un comité technique pour étudier les mécanismes de partage des quotas» entre les membres de l’Organisation, a déclaré Mohamed Bin Saleh al-Sadda, ministre qatari du Pétrole lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Énergie, Noureddine Boutarfa, et le Secrétaire général de l’Opep, Mohamed Sanusi Barkindo, à l’issue d’une réunion qui a duré plus de six (6) heures. La date de mise en œuvre de cet accord sera fixée lors de la prochaine réunion ordinaire de l’Opep, prévue le 30 novembre à Vienne.
Les pays membres de l’Opep ont aussi accepté que les cas de l’Iran, du Nigeria et de la Libye soient traités «de façon spéciale», a-t-il ajouté.
«Nous avons également demandé aux principaux pays de l’Opep de coordonner leurs efforts afin d’accélérer ce processus d’équilibrage (du marché) avec la participation d’autres pays producteurs en dehors de l’Organisation et ayant montré leur volonté de coopérer pour stabiliser le marché», a encore expliqué Al-Sadda. Concernant la date d’entrée en vigueur de cet accord, une flexibilité a été accordée au comité technique. De son côté, Boutarfa a mis en exergue le caractère «historique» de cette réunion de l’Opep qui vient de se réapproprier sa fonction de «monitoring» du marché pétrolier qu’elle avait perdue depuis plusieurs années. «Il faut savoir que cette réunion, qui était au départ une réunion de concertation, s’est transformée en une réunion extraordinaire à laquelle des décisions sont prises. Aujourd’hui, l’Opep vient de prendre une décision historique», a déclaré le ministre.
«Cette décision, prise à l’unanimité, a pu être obtenue grâce au consensus entre l’ensemble des membres de l’Opep, alors qu’un grand travail de rapprochement a été fait», a souligné Boutarfa.
Par ailleurs, dans la Déclaration finale de la réunion, l’Opep a salué «les efforts déployés par l’Algérie pour abriter cette réunion extraordinaire, ainsi que le travail de préparation accompli par son ministre de l’Énergie». Ce document a aussi souligné les défis auxquels le marché pétrolier mondial s’est confronté durant les deux dernières années, aussi bien en matière d’approvisionnement que celle des prix. «Le déclin dramatique des revenus des pays exportateurs (…) a mis en danger leur croissance économique», a également noté la Déclaration finale de la réunion d’Alger. Sur la base de ces observations et analyses, les membres de l’Opep ont aussi décidé de mener un dialogue sérieux et constructif avec les pays producteurs non-Opep en vue d’éviter des résultats négatifs à court et moyen termes, a conclu la Déclaration.
La réunion informelle de l’Opep d’Alger, qui a abouti à la tenue d’une réunion extraordinaire laquelle a entériné la décision de la réduction de la production, est l’aboutissement d’un long processus de concertation initié par l’Algérie depuis même début 2015. Prônant constamment une approche de coopération privilégiant la concertation et le dialogue entre l’ensemble des pays exportateurs, qu’ils soient membres ou non de l’Opep, l’Algérie a multiplié les démarches dans l’objectif de faire converger les positions. Dans le cadre de ces efforts, Noureddine Boutarfa s’était rendu notamment au Qatar, en Iran et à Moscou, et s’était entretenu avec ses homologues saoudien, russe, iranien et qatari, ainsi que le Secrétaire général de l’Opep, sur la situation du marché pétrolier. À la veille de cette réunion, Boutarfa avait alors prédit qu’«il n’y aura pas d’échec» de la réunion d’Alger.
Hacène Nait Amara et APS