Lors de la Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine El Mahdi Oualid a annoncé des mécanismes de financement innovants en préparation pour l’accompagnement des investissements agricoles dans les wilayas du Sud.
À ce propos M. Oualid a révélé qu’en sus des facilitations administratives et de la numérisation de l’attribution du foncier, des mécanismes de financement innovants seront lancés «dans un avenir proche », permettant ainsi d’augmenter les capitaux investis dans le Sud et d’attirer un plus grand nombre d’investisseurs algériens et étrangers.
Oualid a également salué la création du Conseil scientifique national de la sécurité alimentaire, installé en marge des travaux de la conférence, soulignant qu’il jouera «un rôle important» dans la définition de la stratégie nationale de la sécurité alimentaire. Les défis auxquels fait face l’agriculture exigent de s’appuyer sur la science et la technologie et d’adopter une approche moderne à même de réaliser la sécurité alimentaire, a-t-il dit. Le ministre a également insisté sur le rôle de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) et de la Chambre nationale d’agriculture (CNA) en tant que «partenaires du ministère ». «En tant qu’administration, nous avons le devoir et la responsabilité d’être beaucoup plus proches des professionnels, car les politiques publiques ne peuvent réussir sans une forte implication du partenaire social », a-t-il soutenu.
Pour sa part, le secrétaire général de l’UNPA , Abdellatif Dilmi a mis en avant la nécessité de mettre en place une stratégie agricole claire, en définissant avec précision les superficies cultivables, les produits indispensables et leurs quantités, afin de former une base de données fiable contribuant à la réalisation de la sécurité alimentaire. Il a également appelé à améliorer la qualité des semences, à impliquer les universités et à encourager les recherches scientifiques afin d’augmenter la production, tout en développant l’industrie de transformation pour absorber les différents produits agricoles.
De son côté, le président de la CNA, Mohamed Yazid Hambli, a évoqué l’importance de prendre en compte les effets des changements climatiques sur l’activité agricole, appelant à renforcer la formation des ressources humaines dans le secteur. Il a aussi mis en avant la nécessité de développer les variétés locales de semences et de préserver les races animales locales, soulignant que le secteur agricole nécessite une conjugaison des efforts pour assurer son développement.
Se structurer dans des coopératives agricoles
Par ailleurs, les participants aux ateliers organisés dans le cadre de cette Conférence, ont appelé à développer les coopératives agricoles et à encourager les agriculteurs à y adhérer, en luttant contre le morcellement des terres afin de stimuler l’investissement agricole et l’orienter vers les besoins nationaux. Selon eux l’attraction des agriculteurs vers les exploitations agricoles implique la mise en place d’une série d’incitations, à l’instar du développement de l’activité des coopératives et la facilitation de leur accès au crédit, tout en leur conférant la prérogative de déterminer les superficies allouées à chaque culture avec la prise en charge de la commercialisation. La question de la récupération légale et effective des terres agricoles domaniales non-exploitées et de leur redistribution immédiate et périodique a également été évoquée, appelant au remembrement des terres agricoles et à la lutte contre leur morcellement.
Par ailleurs, le directeur général du l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), a appelé dans son intervention à encourager la production et le développement de semences, tout en créant un mécanisme de partage d’expériences entre agriculteurs, notamment en ce qui concerne l’agriculture dans les wilayas du Sud. Les participants à cet atelier ont souligné l’importance du rôle de l’ingénieur agronome au niveau des exploitations agricoles, afin d’assurer le respect du parcours technique et de garantir une meilleure qualité et un meilleur rendement dans les différentes cultures.
Industries manufacturières : faciliter l’accès des PME aux crédits
Pour sa part, la représentante du ministère de l’Industrie a mis en avant les efforts consentis pour promouvoir les industries manufacturières, relevant l’importance de faciliter l’accès des petites et moyennes entreprises (PME) aux crédits pour l’acquisition des équipements nécessaires au développement de cette activité. L’accent a été mis sur le fait que certaines industries manufacturières exigent des normes précises pour les produits agricoles, afin qu’ils soient transformables, ce qui exige une coordination entre l’investisseur agricole et le propriétaire de l’usine, tels que les projets de chips qui requièrent une variété de pomme de terre spécifique.
Ainsi, lors de l’atelier relatif au financement, à l’assurance agricole et à la couverture sociale, comme moyens essentiels à même de renforcer la confiance et de pérenniser l’investissement et les exploitations, les intervenants ont appelé à revoir les mécanismes de financement agricole et à la diversification des offres de financement, en œuvrant à associer toutes les banques activant en Algérie dans le financement des exploitations agricoles, pour alléger la pression sur les banques publiques.
Examinant la question de la gestion durable des ressources hydriques agricoles face aux défis du stress hydrique et de la rareté de l’eau, les participants ont souligné l’importance de la recherche scientifique et de la mise à profit des expériences des différents pays pour faire face au stress hydrique, tout en œuvrant à la valorisation des ressources disponibles.
Il est à noter que ces ateliers visent à définir des orientations stratégiques et des mesures opérationnelles à même de faire de l’agriculture un moteur de croissance économique et de création d’emplois, mais aussi un pilier essentiel du développement durable au service du pays.
Sarah O.
