La célébration de la Journée mondiale de l’Afrique se fait cette année dans une situation des plus difficiles depuis l’instauration de cet anniversaire. Subissant les affres d’une pandémie qui dure depuis plus d’une année, certains pays du continent en font leur premier problème national. Une situation aggravée par un accès « inégal » aux vaccins. Les producteurs occidentaux sont encore une fois prioritaires.
Déjà largement confrontés, depuis l’aube de leurs indépendances, aux problèmes de stabilité politique, de développement économique et de maux sociaux, ces pays luttent, presque sans moyens, contre ce problème sanitaire. Les propos du patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’attestent. Tedros Ghebreyesus, a affirmé que « l’inégalité d’accès aux vaccins anti-Covid-19 entre pays riches et pauvres se creuse et devient grotesque ». Des médias européens ont rapporté également que l’engagement solennel des pays du G20 pour « un accès universel équitable à des vaccins sûrs et efficaces pour lutter contre le Covid-19 se heurte à une dure réalité des intérêts nationaux et privés. Les pays en développement et pays pauvres font les frais de cette contradiction ».
C’est dans ce sens que notre ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a mis en garde, à Addis Abeba, contre « les effets néfastes de la concurrence féroce » pour les vaccins et le phénomène dit ‘nationalisme vaccinal’ sur la sécurité humaine sur le continent à bien des égards.
Lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la gestion de la pandémie de la Covid-19 en Afrique, Boukadoum a souligné que « la question de l’accès inégal aux vaccins et les multiples défis qu’elle comporte doit être mise en avant et traitée de toute urgence ». Pour étayer ses propos, il a cité notamment les chiffres avancés par l’OMS, selon laquelle, jusqu’à début mai 2021, plus de 1,59 milliard de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, dont plus de 84% sont destinées aux pays à revenu élevé ou intermédiaire. Dans ces pays, un important pourcentage des populations est déjà vacciné, alors qu’en Afrique, en moyenne, moins de 2 personnes sur 100 (soit 2%), des personnes ont reçu une dose d’un vaccin Covid-19. Ces chiffres traduisent, selon lui, d’énormes inégalités entre les pays et les régions.
Selon lui, les effets prolongés du Covid-19 « représentent une menace réelle pour la paix et la sécurité sur le continent africain, en exacerbant les conflits et en aggravant les situations humanitaires défavorables ».
Pour rappel, l’Algérie est pleinement impliquée dans la lutte anti-covid-19 sur le plan africain. Elle a contribué à hauteur de deux millions de dollars au Fonds africain de réponse à la Covid-19. Elle a entrepris des actions de solidarité, au niveau bilatéral, notamment en offrant une quantité de vaccins au voisin, la Tunisie. Elle plaide également pour un transfert technologique qui permettrait la production des vaccins localement. C’est dans ce sens qu’elle compte lancer la production du vaccin russe Sputnik V et couvrir, par sa production, les besoins des pays de la région.
Lyes Ayoub