La fermeture des commerces durant les fêtes religieuses est devenue une pratique qui s’est enracinée dans les us en Algérie.
Alors que l’Aïd El-Adha n’est que pour demain, la capitale commence, d’ores et déjà, à se vider de ses habitants et les commerces ont, dès à présent baissé leurs rideaux. Hélas, malgré les multiples mesures prises par le ministère du Commerce, qui a instruit ses directions de wilayas pour établir des listes de permanence des commerçants, le doute plane quant à la disponibilité, en quantité suffisante, des produits alimentaires. Lors d’une virée hier, dans les artères d’Alger. Le scénario est le même. Boulangeries, restaurants, cafés et épiceries spécialisées en alimentation générale, quincailleries, merceries… Toutes sortes de commerçants ont décidé de baisser leurs rideaux, à seulement 48h avant la fête du Sacrifice. Alger plonge dans une léthargie et n’est pas prête à se réveiller avant la fin de la semaine ! Alors que plus de 4500 commerçants ont été réquisitionnés à Alger par la direction du commerce de la wilaya d’Alger pour assurer des permanences durant les deux jours de l’Aïd El-Adha, les signes de fermeture massives des commerces se sont déjà installés, et ce, depuis vendredi dernier.
L’indisponibilité des employés est le principal argument avancé par les gérants de ces commerces. « Nous ne pouvons pas obliger les employés à travailler le jour de l’Aïd et les empêcher, aussi, de passer les fêtes avec leurs familles !», nous dira un gérant d’une boulangerie un niveau de la commune de Bab El Oued. Pour sa part, un gérant d’une superette nous dira que c’est son dernier jour de travail. « Je pars ce soir au bled, et je ne reviendrais que dimanche prochain. De toute façon, je ne peux pas gérer tout un magasin seul. Vu que mes deux employés envisagent eux aussi de partir à Béjaïa passer l’Aïd chez eux, je profite moi aussi », a-t-il affirmé, en souriant. Ainsi, bien qu’ils soient conscients que les amendes pour non-respect des permanences sont lourdes, les commerçants se retrouvent entre le marteau et l’enclume. Entre sanctions sévères et manque de main d’œuvre, Alger est prise en otage. Les restaurateurs de la capitale sont tous aux abonnés absents. Ces derniers procédaient, hier, au nettoyage de leurs locaux, afin de se préparer au départ vers leurs wilayas d’origine passer l’Aïd en famille. Quant aux cafés, en dehors des quartiers populaires où certains tiennent à ouvrir pendant les fêtes, ceux des grandes artères prennent un long congé, après celui du mois d’août ! Même chose pour les boulangeries qui tournent au ralenti, si elles ne ferment pas, bien sûr ! Il est vrai aussi que les livreurs, notamment de lait, se font désirer pendant ces jours. Ce produit a, d’ailleurs, déserté les étales hier. Les ménages ont beau essayé de s’adapter avec les nouvelles pratiques imposées, ils finissent toujours par avoir une mauvaise surprise. Du côté du transport, le scénario est plus désastreux.
Du côté des pouvoirs publics, on se veut plutôt «répressifs». En effet, il convient de rappeler que les commerçants concernés par la permanence ont été informés du programme par la Direction du commerce par des procès verbaux qu’ils ont signés et dont ils ont obtenu une copie. Le manquement à ce contrat les exposerait à des sanctions pouvant aller jusqu’à la fermeture de leur commerce. Une amende allant de 3 à 10 millions de centimes et la fermeture du local pour une durée d’un à deux mois en cas de récidive sont entres autres sanctions auxquelles s’expose le commerçant contrevenant.
En cas de non paiement de l’amende imposée, l’affaire est déférée à la justice. Mais comme à l’accoutumée, la fermeture des commerces avant et durant les fêtes religieuses est un phénomène qui pénalise la population. C’est la panne sèche un peu partout. D’autant plus que certains malins n’ont pas attendu la veille de l’Aïd pour partir au bled. Depuis jeudi soir, ils ont pris la route, pour éviter la ruée des dernières heures. Dans tous les cas de figures, c’est le citoyen qui est pris, à chaque fois, en otage, alors que les pouvoirs publics peinent à trouver une solution radicale à l’épineux problème».
Lamia Boufassa