Ni la sérénité affichée par la direction politique du Front de libération nationale (FLN), ni la détermination du camp de l’opposition, quant au bien-fondé de sa cause, ne pourraient nier la crise prévalant au sein du FLN. À moins d’une semaine du très controversé congrès, les belligérants, qui s’affrontaient jusque-là à coups de déclarations croisées, pourraient franchir un autre cap, celui des démêlées et des contestations plus musclées. «Les préparatifs du congrès se poursuivent et suivent leur cours d’une manière habituelle. Les congressistes ont été désignés et élus au niveau des mouhafadhate et tous les membres du comité central (CC) ont été destinataires d’invitations au congrès qui aura lieu aux dates prévues», a fait savoir Saïd Bouhadja, membre du bureau politique, chargé de la communication au FLN, joint, hier, par téléphone. Le cadre de la direction politique dirigée par l’homme herculéen, Amar Saâdani, est revenu au cours de la conversation sur la contestation des personnes constituant le front de l’opposition à son parti. Mais avant, il n’a pas manqué de refuser d’admettre toute existence véritable d’une opposition, que le même responsable a placé à un niveau réductible, la contestation en la qualifiant de simple «agitation émanant de responsables du parti mécontents de leur sort et de leur avenir au FLN», a-t-il tenté d’expliquer en réponse à notre question. Bouhadja a tout de même fait montre d’un fair-play en essayant de tempérer ses ardeurs en parlant des partisans de Goudjil, Belayat, Abada et consorts. On l’aurait compris, l’on ne pourrait tenir des propos disproportionnés à l’encontre d’une partie adverse déjà surexcitée à la veille d’un rendez-vous auquel ils sont, eux aussi, conviés. Une goutte de plus, et la situation s’envenimerait davantage et ferait accentuer leur courroux, sachant qu’ils réclament auprès de l’institution judiciaire l’annulation du congrès. «Leur (opposants, ndlr) venue au congrès est souhaitable et leur absence constituera un non-événement», a ajouté notre interlocuteur. Derrière la diplomatie déconcertante du partisan de Saâdani se cache bien une certaine animosité envers les adversaires du patron tant «décrié» du FLN. En effet, la présence des frondeurs au congrès serait en toute vraisemblance un cheveu sur la soupe, donc, autant pour les garde-fous du parti de prévoir le danger afin de préserver «la sérénité» dont jouissent la maison de Saâdani, comme s’est-il targué de la qualifier récemment pour répondre à ses détracteurs. Donc, sauf en cas de force majeure, le 10e congrès du FLN sera ouvert jeudi prochain. Il sera, selon ses initiateurs, celui du «rassemblement», et non de l’«exclusion», a rappelé le porte-voix de la sphère officielle de l’ex-parti unique. «Nous les avons invités à maintes reprises pour qu’ils s’impliquent dans la démarche ayant précédé l’organisation du congrès, mais en vain», a poursui le même responsable politique. En laissant croire que les portes du parti leur sont toujours ouvertes, il a fait remarquer que la réunion du CC prévue à la veille de ce rendez-vous, soit le 27 mai prochain, sera l’occasion pour eux de démontrer leur force de mobilisation. «Ils se réclament 178 membres du CC. Nous les invitons à venir à la réunion pour l’affirmer», a-t-il défié ses adversaires politiques.
«Ils ont commis une grave erreur en introduisant une requête judiciaire»
Le responsable du bureau politique du FLN pense que les partisans de Goudjil «ont tendu un piège et sont tombés dedans», a-t-il estimé, en expliquant que cette «grave erreur» commise par ses adversaires est le résultat de la contestation de l’actuel secrétaire général du parti, Amar Saâdani, depuis notamment qu’il a été plébiscité. Invité à éclaircir davantage ses propos, Bouhadja a indiqué que Belayat et ses partisans n’«ont pas la qualité statutaire» pour introduire une requête judiciaire, bien qu’il reconnaisse, comme l’a affirmé d’ailleurs le ministre de la Justice, le 14 mai denier, le droit de recours à cette procédure. «Oui, certes, leur requête est recevable dans la forme, mais ils ne sont pas majoritaires pour avoir gain de cause. Ils pensent être au-dessus de tout le monde, des lois, des statuts et de l’État, notamment.
Je ne sais pas comment réfléchissent-ils, mais je leur fais appel, une énième fois, à venir participer à la réunion du CC, à la veille du congrès s’ils désirent s’exprimer dans un cadre légal», a renchéri notre interlocuteur. Le proche de Saâdani a tenu à développer comme argument, afin de battre en brèche, les déclarations de ses vis-à-vis, le fait qu’Abdelaziz Bouteflika, président du FLN, n’a pas répondu aux appels, notamment de Belayat et Goudjil, qui ont attiré l’attention du chef de l’État sur la situation du parti. «Le président n’a pas jugé utile de répondre, car, il sait pertinemment que cela relève d’une affaire intérieure au FLN. Bouteflika aurait dû s’exprimer, si c’était une affaire de l’État. Or, la situation dans le parti est loin d’être le cas», a-t-il estimé.
Farid Guellil