Les services de sécurité de la résistance palestinienne dans la bande de Ghaza poursuivent une vaste campagne contre les collaborateurs et les groupes armés hors-la-loi, tandis que la libération de quelque
2 000 prisonniers palestiniens, dans le cadre de l’opération « Toufane al-Ahrar » (Déluge des Libres), marque un tournant majeur dans l’histoire du conflit et dans la lutte nationale pour la liberté.
Selon la force « Radéa », branche de la sécurité de la résistance, des opérations de ratissage et d’arrestations se poursuivent dans l’ensemble des provinces du territoire. Plusieurs collaborateurs présumés et membres de milices impliquées dans des attaques contre des déplacés ont été interpellés. Dans le sud de Ghaza, des individus accusés de coopération avec une milice armée et de recrutement d’agents durant la guerre ont également été arrêtés. La force a précisé que toute personne reconnue coupable de trahison ou de crimes sera traduite devant les instances judiciaires compétentes.
Renforcer la cohésion et l’unité des rangs
Dans le même temps, les célébrations se multiplient dans les rues de Ghaza et de Cisjordanie après l’annonce de l’échange de prisonniers conclu entre la résistance et l’occupation israélienne. L’opération « Toufane al-Ahrar », qui a abouti à la libération d’environ 2 000 Palestiniens — dont 250 condamnés à de lourdes peines, plusieurs à la perpétuité — en échange de 20 Israéliens, constitue la plus vaste opération de ce type depuis le début de la guerre. Les Brigades Al-Qassam, bras armé du mouvement de la résistance palestinienne, ont par ailleurs remis au Comité international de la Croix-Rouge les corps de quatre détenus israéliens décédés pendant leur captivité. Les images diffusées par les médias israéliens montrent les prisonniers libérés sans signe visible de mauvais traitement, contraste saisissant avec les témoignages de prisonniers palestiniens décrivant des années de torture psychologique et physique dans les geôles de l’occupation.
“Une victoire nationale consacrée par le sang”
Dans un communiqué solennel, le mouvement Hamas a salué cette libération massive comme une “étape lumineuse sur la voie de la libération” et un “symbole de l’unité du peuple et de la résistance”.
Le mouvement affirme que l’opération « Toufane al-Ahrar » représente un succès national historique, fruit de la détermination du peuple palestinien et de la fidélité de la résistance à ses promesses envers les prisonniers. la résistance souligne que la joie qui a submergé les foyers de Ghaza et de Cisjordanie, malgré la douleur et les blessures, témoigne de la résilience d’un peuple que rien ne brise.
Le communiqué dénonce la barbarie du gouvernement israélien, mené par Netanyahou et ses ministres extrémistes, qui cherchent à étouffer la liesse populaire née de la victoire de la résistance. « Cette joie, consacrée par le sang et le sacrifice, annonce la poursuite du chemin jusqu’à la libération totale de la terre et le retour des réfugiés », conclut le texte. Hamas a également exhorté la communauté internationale et les organisations des droits humains à assumer leurs responsabilités face aux crimes commis contre les prisonniers palestiniens, qualifiant les conditions de détention de “sadisme institutionnalisé”.
Les héros célébrés
À Khan Younès, dans le sud de Ghaza, une foule immense s’est rassemblée devant le complexe médical Nasser pour accueillir les prisonniers libérés.
Les chants, les drapeaux et les slogans en faveur de la résistance ont rythmé une journée d’émotion et de fierté nationale. En Cisjordanie, la joie a été mêlée à la douleur. Devant la prison d’Ofer, les forces d’occupation ont ouvert le feu sur la foule venue attendre ses proches, blessant un jeune homme par balles et provoquant plusieurs cas d’asphyxie.
À Ramallah, les 96 prisonniers aux condamnations les plus lourdes ont été accueillis par des centaines de proches en larmes. Parmi eux, le docteur Samer Halabya, dentiste originaire d’ElQods, libéré après dix ans d’incarcération sur une peine de 32 ans, a simplement déclaré : « Grâce à Dieu, je suis libre, mais les conditions dans les prisons israéliennes sont inhumaines ». Plusieurs anciens détenus, dont Yasser Abou Turk, condamné à deux peines de perpétuité et vingt ans supplémentaires, ont exprimé une joie teintée de tristesse : « Notre peuple continue de mourir à Ghaza. Tant que la liberté n’est pas pour tous, la victoire reste incomplète ».
“La libération des prisonniers reste un serment sacré”
La Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a salué l’opération, promettant de poursuivre le combat sur tous les fronts – politique, populaire et militaire jusqu’à la liberté totale de tous les détenus. Le mouvement appelle à internationaliser la cause des prisonniers et à exposer les crimes de l’occupation devant les institutions juridiques internationales. « La libération de tous nos prisonniers, à commencer par notre secrétaire général Ahmad Saâdat et ses compagnons, est un engagement dont nous ne nous écarterons jamais », a affirmé la FPLP dans un communiqué. En libérant les derniers Israéliens vivants qu’elle détenait depuis le 7 octobre 2023, la résistance palestinienne a démontré sa capacité à imposer un rapport de force inédit, mais aussi à se conformer à ses propres principes. Les prisonniers israéliens ont été traités, selon la résistance, « dans le respect des valeurs islamiques et humaines », tandis que l’armée israélienne poursuit la torture systématique des captifs palestiniens. Cet échange sans précédent, surnommé par les habitants de Ghaza “le pacte du sang et de la dignité”, s’inscrit comme un moment charnière dans la lutte nationale palestinienne. Il consacre la persévérance d’un peuple sous siège et redéfinit, par la résistance, la notion même de victoire dans un conflit où la justice, l’honneur et la liberté continuent d’être les plus rares et les plus précieuses des conquêtes.
M.Seghilani