Sous les ors du Centre international des conférences de Charm El-Cheïkh, un document présenté comme « historique » a été paraphé lundi soir. Les dirigeants des États-Unis, de l’Égypte, du Qatar et de la Turquie ont signé un « Document d’accord sur le cessez-le-feu à Ghaza », scellant officiellement la fin d’une guerre qui a laissé derrière elle des dizaines de milliers de morts palestiniens et un territoire dévasté. Le président américain Donald Trump, maître d’œuvre de ce qu’il qualifie de « paix totale », s’est félicité de la conclusion de l’accord, affirmant
qu’« aucun n’aurait imaginé qu’un tel texte puisse voir le jour ». Selon lui, l’« Accord de Ghaza » constituerait une « documentation complète » définissant les règles et les obligations des parties, tout en traçant les contours d’un « nouveau Moyen-Orient ». « Nous avons mis fin à la guerre à Ghaza, et cela sera le début d’un Moyen-Orient fort », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que la reconstruction du territoire palestinien « sera sans doute la partie la plus facile du processus ». Trump a aussi reconnu que la question des corps des prisonniers israéliens restait « non résolue », indiquant que des opérations étaient toujours en cours pour retrouver les dépouilles. Dans son discours, il a par ailleurs exprimé le souhait que « de nouveaux pays rejoignent les Accords d’Abraham », présentés comme la clef de la stabilité régionale.
Sissi : « Le retour à la solution à deux États »
Le président égyptien, Abdel Fattah as-Sissi, hôte de la rencontre, a salué « un moment fondateur » pour la région, y voyant l’ouverture d’un nouvel horizon de paix. Il a rappelé que la solution à deux États restait, pour l’Égypte, la seule voie viable vers un apaisement durable. « L’accord de Ghaza ouvre la porte à une ère nouvelle dans le Moyen-Orient, où le dialogue et la reconstruction primeront sur la guerre et la haine », a-t-il déclaré, promettant que l’Égypte travaillerait étroitement avec Washington et les partenaires régionaux pour jeter les bases de la reconstruction du territoire palestinien.
Shehbaz Sharif : le Pakistan salue «les efforts de Trump»
Présent à la conférence, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a salué le rôle du président américain, affirmant que la paix avait été rendue possible grâce à ses efforts diplomatiques. Dans un message publié le lendemain sur la plateforme X, Sharif a même annoncé que le Pakistan proposait la candidature de Donald Trump au Prix Nobel de la paix, en reconnaissance de son rôle dans la conclusion de l’accord. Le dirigeant pakistanais a également insisté sur la centralité de la cause palestinienne dans la politique de son pays « La liberté, la dignité et la prospérité du peuple palestinien resteront une priorité absolue pour le Pakistan. » Sharif a souligné que l’arrêt immédiat de la “campagne d’extermination” contre Ghaza était une urgence morale et humanitaire, tout en réaffirmant le soutien du Pakistan à la création d’un État palestinien indépendant, viable et fort, sur les frontières de 1967, avec El-Qods pour capitale.
Sommet sous haute tension
La Conférence de Charm El-Cheïkh pour la paix s’est tenue sous la coprésidence d’As-Sissi et de Trump, en présence des représentants de plus de 20 pays. Selon la présidence égyptienne, les discussions ont porté sur les mécanismes de mise en œuvre des prochaines étapes du plan américain, notamment la supervision de la reconstruction, les garanties de sécurité et les conditions du maintien du cessez-le-feu. Cette rencontre intervient après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre la résistance palestinienne et Israël, vendredi à midi, heure d’El-Qods, après son approbation par le gouvernement israélien à l’aube du même jour. Si le ton triomphal de Washington et du Caire évoque une ère nouvelle, le scepticisme domine encore dans les rues arabes.
M. S.