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À Bab El Oued, le long du front de mer, «street fishing» et baignades urbaines sont au menu

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À Bab El Oued, quartier populaire d’Alger, l’ambiance est aux plaisirs de la mer, que le séisme de vendredi dernier a quelque peu perturbé en rappelant à tous la vétusté et les conditions sociales modestes de ses habitants. Dans ce quartier mythique, avec ses petites plages et criques où le  »street fishing » est une activité entrée depuis longtemps dans les mœurs locales, la saison estivale ne change pas tellement les habitudes de ses habitants et de ceux des quartiers environnants.
Ouali, universitaire,  »sociologue à ses heures perdues » comme il aime à se présenter, explique:  »pour nous, qui vivons à moins de 200 m de la plage de R’mila ou celle d’El-Kettani, l’été n’est pas vraiment vécu comme une saison particulière ».  »Ici, les conditions de vie des gens sont légèrement en dessous de la moyenne. Beaucoup de retraités vivent à Bab El Oued, et donc l’idée de partir en vacances ou au bord de mer est exclue, puisque nous avons la plus belle façade du littoral algérois en bas de nos appartements », ajoute t-il.
Bab El Oued, quartier qui tire son nom bien avant l’arrivée des Ottomans de la rivière qui traversait jadis ce quartier pour terminer sa course en mer près de l’actuel plage d’El- Kettani, compte un peu plus de un million d’habitants. Réputé jusqu’en 1980 pour ses salles de cinéma, dont l’Atlas (ex-Majestic) avec son toit ouvrant en été et  »Marignan » avec son plus grand écran en Cinémascope d’Afrique, ses deux lycées (Emir Abdelkader et Okba), son marché et, surtout, son front de mer, Bab El Oued est une  »légende, un monde, un univers parallèle pour nous », raconte Ouali. Pour beaucoup de jeunes de Bab El Oued, les criques de la commune de Bologhine, comme  »l’Eden »,  »les deux chameaux »,  »l’olivier », ou celle de  »R’milat Laoued » (la plage aux chevaux) et d’El- Kettani sont les seuls endroits où ils passent leurs vacances estivales.
À  »R’mila », cette ancienne petite plage où les bataillons de l’armée coloniale y faisaient venir leurs chevaux pour les laver vers la fin du 19eme siècle et jusque vers les années 1920, c’est toujours  »un vrai plaisir pour les enfants du quartier ». Après les terribles inondations de novembre 2001 à Bab El Oued, ce bout de littoral a été complètement transformé par des vagues géantes, certains parlant de tsunami, donnant naissance à une grande plage s’étirant de la piscine d’El-Kettani vers la plage de  »R’mila », les bouches d’égouts qui charriaient les eaux usées du quartier ayant été démantelées.

El-Kettani, le point noir
Mais, dans cette image idyllique d’un quartier dont la population vit les  »pieds dans l’eau », il y a  »le point noir de la piscine El-Kettani (ex-Padovani), à l’arrêt depuis un certain temps », fulmine Yacine, un natif de la rue Montaigne, dont les terrasses de ses immeubles Haussmanniens offrent une vue extraordinaire sur la Méditerranée.  »Ici, beaucoup de jeunes et moins jeunes préfèrent les eaux de la mer de la piscine plutôt que les rochers ou le sable des plages du coin. C’est plus convivial et les enfants peuvent apprendre à nager sans dangers », précise-t-il. Pour le moment, la piscine El-Kettani, qui était interdite aux Algériens durant la colonisation, est à l’arrêt.
Une commission de l’APW s’y est déplacée cette semaine pour s’enquérir de la situation des infrastructures de loisirs et des plages du littoral ouest d’Alger. L’arrêt et l’inexploitation de cette piscine, a irrité la délégation de l’APW, dont les membres ont indiqué ne pas comprendre  »qu’on puisse se permettre de garder fermée une telle infrastructure dans une commune qui en a tant besoin ».Interrogée par la délégation de la commission tourisme de l’APW d’Alger qui effectue un cycle de visites dans les plages de la wilaya, le vice-président de la ligue algéroise de voile, Karim Benhalla, gestionnaire du site, a indiqué que cette situation s’explique par son changement de statut juridique actuellement en cours. Se plaignant de la vétusté du matériel, dont les pompes pour remplir d’eau de mer la piscine, et la pollution des eaux qui la rende inutilisable, il a souligné que  »la propriété de la piscine est en cours de transfert juridique de la DJSL (direction de wilaya de la jeunesse, des sports et des loisirs) à l’OCO (Office du complexe olympique) ».  »La piscine a été alimentée en eau de mer à trois reprises depuis le début de la saison estivale et à chaque fois l’APPL (agence urbaine chargée de la promotion du littoral et des zones touristiques de la wilaya d’Alger) a émis un avis défavorable sur la qualité » de l’eau, a expliqué M. Benhalla.
La solution au problème consiste, selon lui, à investir dans le remplacement des pompes de manière à pouvoir aller chercher loin, en mer, une eau susceptible d’être utilisée pour la piscine, « un investissement difficile à engager tant que la question du statut juridique n’a pas été définitivement réglée ». La fermeture de la piscine El-Kettani perdure ainsi, au grand dam des habitants du Grand Bab El Oued, alors que le wali d’Alger avait exigé, fin mai dernier, lors d’une visite d’inspection avec le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques Sid Ahmed Ferroukhi, d’entamer « sur le champ » les travaux de réparation.Qu’importe!  »les habitants de Bab El Oued, avec son front de mer qui court jusqu’à Bologhine sur de superbes petites criques, ont cette chance de vivre leur urbanité aux pieds de la Mare Nostrum », rappelle encore Ouali.

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