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Macron reconnait la « torture systématique » durant la Guerre de Libération : De la repentance à minima pour solde de tout compte

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Dans un geste qualifié d’historique par la presse internationale, le président français Emmanuel Macron, a reconnu, jeudi dernier, la responsabilité de l’État français dans l’assassinat de Maurice Audin, torturé jusqu’à la mort, reconnaissant officiellement le recours des militaires français à un système de torture légalement institué durant la Guerre de libération nationale.

Le chef de l’État, Emmanuel Macron, a admis que le militant pro-FLN, Maurice Audin, avait été assassiné en Algérie par des soldats français en 1957. Faisant lui-même le pas vers la victime, Maurice Audin, Macron s’est rendu au domicile de Josette Audin, et a remis à la veuve du disparu, 87 ans, une déclaration reconnaissant que son époux était «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France». Attendu depuis des décennies par la famille et ses soutiens, ce geste mémoriel est le pas le plus édifiant accompli par le président français, Macron. Dans un communiqué, la famille Audin a salué «la déclaration du Président dont chacun pourra mesurer l’immense portée politique et historique». Alger a, certes, salué «un pas positif», toutefois, et comme le souligne avec pertinence le Washington Post, «la reconnaissance par la France du recours systématique des militaires français à la torture durant la Guerre de libération est une décision historique mais « loin d’être suffisante». Premièrement, parce que cette reconnaissance, même si elle donne l’impression de reconnaitre la généralisation du système tortionnaire à tous, à commencer par les révolutionnaires algériens, elle ciblait précisément un français, Maurice Audin. Pour le Washington Post, «en France il y a toujours une «réticence» à assumer l’héritage de la violence coloniale en Algérie», réticence qui renseigne sur une France toujours aux prises avec son héritage refoulé de crimes coloniaux «mais qui ne va pas assez loin». Deuxièmement, à aucun moment Macron ne s’est exprimé sur les centaines, voire les milliers d’Algériens torturés et assassinés, faisant l’impasse sur une reconnaissance qui aurait été plus large et plus attendue.
Ce trois-quarts de pas envers les Algériens est sans commune mesure avec celui fait par Jacques Chirac, par exemple, en 1995, d’assumer pleinement la responsabilité de la France et du régime Pétain dans la rafle du Vél d’Hiv où des milliers de juifs ont été arrêtés et déportés, fait rappeler le Washington Post, bien que l’historien Benjamin Stora ait essayé, sans convaincre, d’atténuer le choc de la comparaison en affirmant que «les deux évènements sont très différents», car la décision du président Macron révèle et «remet sur le tapis plusieurs anciens dossiers de la colonisation».
I.M. Amine

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