La crise diplomatique entre la Turquie et les Pays Bas est à son summum après l’interdiction signifiée au chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, de participer à un meeting en faveur du référendum constitutionnel organisé dans son pays le 16 avril. Le ministre turc des AE devait se rendre, à Rotterdam pour encourager la communauté d’origine turque (400 000 personnes) à voter en faveur du référendum devant renforcer le pouvoir présidentiel en Turquie. Mais il s’est heurté au refus néerlandais motivé par les déclarations incendiaires du ministre menaçant de lourdes sanctions » les Pays-Bas s’ils ne le laissaient pas tenir meeting. La crise diplomatique entre les deux pays s’était aggravée après le blocage de la ministre turque de la famille, Fatma Betül Sayan Kaya, par la police néerlandaise à trente mètres du consulat, alors qu’elle s’était rendue à Rotterdam par la route depuis Düsseldorf (Allemagne), à bord d’un véhicule diplomatique. Plus grave la ministre turque à été expulsée vers l’Allemagne et alors que la police néerlandaise a dispersé, à l’aide de canons à eau, un rassemblement à Rotterdam pour protester contre l’interdiction de la venue du ministre turc des Affaires étrangères. La tension et la crise diplomatique entre les deux pays pointait à l’horizon depuis le 9 mars avec les déclarations du chef de la diplomatie néerlandaise, Bert Koenders, affirmant qu’il ne participait pas à la visite d’un responsable gouvernemental turc menant une campagne politique pour le référendum. Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a mis en avant un risque à l’ordre public pour justifier l’interdiction de la tenue d’un meeting par le ministre turc des AE aux Pays-Bas. La réaction des autorités turques ne s’est pas faite attendre et l’ambassade des Pays-Bas à Ankara et le consulat à Istanbul, ainsi que « les résidences de l’ambassadeur, du chargé d’affaires de l’ambassade et du consul «, ont été bouclés par la police « pour raisons de sécurité «, selon des responsables turcs. Pour sa part le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis d’interdire aux responsables néerlandais de venir en Turquie. Il a accusé les Néerlandais d’être des « fascistes « influencés par les « vestiges du nazisme «. « Vous pouvez dire non, une fois, deux fois, mais mon peuple finira par contrecarrer vos manigances. Vous pouvez annuler le vol de mon ministre des Affaires étrangères autant que vous voulez, mais vous allez voir comment vos avions vont être reçus en Turquie, désormais. « a-t-il ajouté. Il faut indiquer que la campagne lancée en Europe auprès de la diaspora turque en vue du référendum est à l’origine de tensions entre plusieurs pays et la Turquie, et en premier lieu avec l’Allemagne, après l’annulation par plusieurs villes allemandes de rassemblements pro-Erdogan. Quatre meetings sur le référendum ont également été interdits en Autriche et un autre en Suisse. Mais le MAE turc , M. Cavusoglu a pu se rendre en France, à Metz, où il a participé, hier dimanche, à une réunion sur le référendum, organisée par une association turque. Contrairement aux autres pays européens la préfecture l’a autorisée sur instruction du Quai d’Orsay , car elle ne présente pas « de menaces à l’ordre public». Le manque de solidarité européenne de la France est dénoncé par le candidat à l’élection présidentielle, François Fillon qui a appelé à une décision européenne commune. La crise diplomatique entre La Haye et Ankara survient à quelques jours du scrutin législatif néerlandais, mercredi 15 mars, avec le risque de forte percée de l’extrême droite au terme d’une campagne où l’islam a été un thème central. Mais cette crise au delà des positions de ses protagonistes pose le problème du respect des conventions de Vienne sur les usages diplomatiques et le libre exercice démocratique dans certains pays européens à forte communauté étrangère.
M. Bendib
Le PM néerlandais veut «une désescalade» avec Ankara
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a affiché dimanche sa volonté de favoriser «une désescalade» de la crise entre son pays et la Turquie, tout en défendant la décision de son gouvernement d’expulser la veille une ministre turque. «Nous ferons tout notre possible pour une désescalade de la situation», a déclaré M. Rutte à la radio-télévision publique NOS. «Nous devons être la partie raisonnable», a ajouté M. Rutte, en pleine campagne électorale avant les élections législatives prévues aux Pays-Bas mercredi. «Ce qui s’est passé hier est totalement inacceptable», a-t-il poursuivi au lendemain de l’expulsion de la ministre turque de la Famille Fatma Betül Sayan Kaya qui avait ignoré les demandes néerlandaises à Ankara de ne pas venir à Rotterdam. «Sa présence était indésirable», a dit M. Rutte, expliquant pourquoi la police néerlandaise l’avait escortée dans la nuit jusqu’à la frontière avec l’Allemagne d’où elle était venue en voiture en tentant d’aller au consulat turc à Rotterdam pour une réunion de soutien au référendum programmé en Turquie pour le 16 avril.
Paris appelle à «l’apaisement»
Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a appelé, hier, à «l’apaisement » alors qu’une crise diplomatique oppose la Turquie et les Pays-Bas, qui ont interdit d’atterrissage la veille l’appareil du ministre turc des Affaires étrangères. «Face à la tension existant actuellement entre la Turquie et plusieurs Etats membres de l’Union européenne, la France appelle à l’apaisement. Elle invite également les autorités turques à éviter les excès et les provocations», a dit le ministre français des Affaires étrangères, dans un communiqué. «Il est indispensable de faire preuve de responsabilité et d’éviter les polémiques inutiles», a-t-il ajouté.