La ville de Kénadsa, une ancienne cité minière de charbon à l’époque coloniale, située à18 km au sud du chef-lieu de wilaya de Béchar, a célébré conjointement l’anniversaire de la création de l’UGTA en 1956 et celle de la nationalisation des hydrocarbures de 1971 vendredi dernier. Les autorités locales de la wilaya ont assisté à cet événement censé tirer de l’oubli une catégorie de retraités. L’occasion a été pour ces derniers encore en vie d’évoquer, devant une assistance nombreuse, des moments chargés de fortes émotions et de souvenirs. Prenant la parole à cette occasion, un ancien enseignant et membre de la société civile décrira les pénibles conditions de travail du fond de la mine à l’époque et fera remarquer que la plupart des mineurs de fond ont prématurément été tués par la silicose et que d’autres luttent encore contre la terrible maladie qui les mine. Il fera remarquer que leurs veuves ne perçoivent qu’une modique et insignifiante pension variant entre 12.000 et 17.000 DA par mois. Pension, dira-t-il, devenue obsolète devant une inflation galopante. Allali Belkheir, 85 ans ancien mineur, le dos vouté et titubant, prendra à son tour la parole pour décrire en quelques mots la surexploitation du travail au fond de la mine de charbon dans les années 1940-1950 pour un salaire dérisoire. Ces «gueules noires » comme on les surnomme, survivants de cette épreuve, s’en sortent tant bien que mal pour l’instant grâce à la solidarité familiale et au soutien financier apportés par leurs progénitures qui continuent à les entretenir. Cette catégorie sociale des anciens travailleurs des Houillères du sud oranais aspire à l’adoption d’un statut honorable, au recouvrement de la dignité et à la reconnaissance.
Messaoud Ahmed