En effet, un vibrant hommage a été rendu, hier, au moudjahid Brahim Chergui, décédé dans la nuit du 6 au 7 janvier dernier, à Alger. Une occasion pour honorer la mémoire de celui qui, dès son jeune âge, a rejoint, dans les années quarante, le Mouvement national avant de rallier l’Organisation Spéciale (OS), en étant responsable dans le Nord- Constantinois et l’Oranie.
Compagnon de lutte du défunt martyr Larbi Ben M’hidi, Brahim Chergui, Si-H’mida, son nom de guerre, était son voisin de cellule dans les geôles des autorités coloniales françaises, et fût libéré à l’Indépendance. Ses compagnons d’armes, ceux qui l’ont connu ou pas, étaient nombreux, hier, à l’hommage qu’il lui a été rendu au Forum “El-Moudjahid”, à l’initiative de l’association Mechâal Ech-Chahid, pour ne citer que Si-Ali Abdelhamid, 95 ans, le dernier membre du bureau politique du MTLD, encore en vie, membre du Comité révolutionnaire d’unité et d’action. Lors de son témoignage, Si-Ali Abdelhamid se rappelle que, en 1948, il fût celui qui a accueilli Brahim Chergui à son arrivée à Constantine, indiquant qu’il a été, aussi, celui qui a aidé à «réconcilier les deux hommes, Chergui et Boudiaf», a-t-il déclaré. Dans son récit, Si-Ali Abdelhamid n’a pas manqué de mettre en avant la loyauté, le dévouement, l’esprit du sacrifice et le militantisme responsable du défunt moudjahid Brahim Chergui, indiquant que Si H’mida «fût permanent au PPA depuis 1944». Né en 1922, à Aïn-el-Khadra M’sila, celui qui a été le premier responsable de la “Zone Autonome” d’Alger avait passé son enfance à Biskra, et c’est à la ville des Ziban qu’il a commencé à militer avant son adhésion dans les rangs du PPA. Un parcours qu’il l’amène sans détours à prendre sa place et jouer son rôle dans la Lutte armée du peuple algérien pour son indépendance, notamment sur les plans militaire et politique, lui qui était le premier responsable de la “Zone Autonome” (Alger). Celui qui s’est frayé un chemin dans la militance, dès le début des années quarante, où il se distinguera au PPA/MTLD, en occupant plusieurs postes de responsabilité, il a également assuré la liaison avec le Comité de coordination et d’exécution (CEE) du FLN, composé de Abane, Ben Khedda, Saâd Dahlab et Ben M’hidi. Lors de son témoignage à cette occasion, Zohir Ihedadene, militant de la Cause nationale, évoque une page de l’Histoire, jusque-là méconnue, sur le journal “El-Moudjahid”, ayant pu être écrite grâce au rôle joué par Brahim Chergui, indiquant dans son récit que les premiers sept numéros «ont été édités sous forme ronéotyp, à Alger, et tiré au domicile de la famille Benouniche, à Kouba», dans les hauteurs d’Alger. Aussi, il a évoqué la maison de Oumara Rachid, où se réunissaient les membres du Comité de coordination CCE, laquelle habitation, au numéro 133, est située à Krim-Belkacem (ex-Telemly) à Alger. Rappelons que, en 2005, le responsable de la Zone d’Alger a évoqué, dans la presse nationale, le profil et le rôle de deux jeunes Algériens qui ont marqué la guerre de Libération nationale, à tous points de vue. Dans un entretien, paru dans la presse nationale, en 2005, il évoque le rôle du Crua, mais pas seulement, a-t-il déclaré, «le fait d’armes du Crua n’occulte pas le fait que c’est grâce aux cadres de l’Organisation paramilitaire et aux permanents du MTLD que la Révolution a pris corps. Il n’occulte, surtout, pas l’apport décisif du peuple qui, en définitive, a été le grand héros». Sur les défunts martyrs, Abane Ramdan, Larbi Ben M’hidi, il a confié que «la Révolution a beaucoup bénéficié de leur esprit d’organisation et, surtout, de leur attachement à l’unité du peuple algérien et de son combat».
Leur complémentarité, poursuit Si-H’mida, «a beaucoup joué dans le succès du Congrès de la Soummam», avant d’ajouter que «sans la contribution de l’un, le rôle de l’autre n’aurait pas été effectif à cent pour cent, et vice versa», a-t-il déclaré. Abane était, selon Barhim Chergui, «plus intellectuel et, à ce titre, pourvoyeur de la Révolution en idées et initiatives programmatiques. Ben M’hidi avait un sens remarquable de l’organisation et, dans son cheminement de militant, il était très en avance par rapport au déclenchement de la Révolution. L’un et l’autre se sont beaucoup investis», avait déclaré Si-H’mida en 2005.
Karima Bennour