Malgré les crises politiques et humanitaires que connait la région Mena (Middle East and North Africa), la santé reste une priorité.
L’Algérie est l’un des pays de la région qui a adopté une série de mesures les plus poussées en matière de santé, particulièrement sur l’épidémie de sida. Ainsi, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre cette maladie, célébrée chaque année le 1er décembre, le Forum de notre confrère El Moudjahid a accueilli de hauts responsables de l’agence de l’ONU pour la lutte contre le sida (ONUSIDA) afin de revenir sur la qualité de la prise en charge dans notre pays. « En Algérie on enregistre relativement peu de cas de sida. Nous sommes un pays à faible prévalence, avec un taux de 0,1%. Cependant le risque d’une infection rapide n’est pas à exclure », a souligné Adel Zeddam, directeur ONUSIDA en Algérie. Affirmant que le nombre de malades a atteint 10.319 cas en Algérie, l’intervenant a expliqué que notre pays offre l’une des meilleures prises en charge dans la région Mena. « Beaucoup de choses ont été réalisées, mais la prise en charge reste insuffisante, surtout sur le plan psychologique », a déclaré l’hôte du Forum el Moudjahid qui dira, en ce sens, qu’il « y a encore du chemin à faire ». D’ailleurs, il a expliqué en langue des chiffres que la prise en charge coûterait en moyenne « 50.000 DA par mois et par patient ». Ce qui constitue un fardeau sur le dos de l’Etat. Par ailleurs, s’étalant davantage sur le nombre de malades, Zeddam a assuré que les nouvelles infections ont enregistré une stabilité, en s’établissant à moins de 500 nouveaux cas par an. « La tranche d’âge la plus touchée est les jeunes entre 25-34 ans, et la majorité des transmissions sont sexuelles », a-t-il rajouté. Plus loin, le responsable a affirmé que l’objectif est de « briser la chaine de transmission ». S’agissant de la prévention de la transmission mère-enfant, il a fait savoir que sur les 112 cas de femmes enceintes en 2015, 10 enfants sont nés séropositifs, soit 10% des cas. L’objectif, selon lui, est de ramener ce taux à 5%. Au sujet des décès, en 2015 l’Algérie a enregistré 54 décès, a encore fait savoir Zeddam qui affirme que ce taux a enregistré une baisse de 45% depuis 2010. Répondant à une question si la maladie est autochtone en Algérie, l’hôte du Forum a affirmé ce constat, en assurant que 99% des cas enregistrés sont dus à des transmissions locales. Au sujet, du plan national de lutte contre le Sida 2016-2020, il dira que celui-ci s’articule autour de trois axes. A savoir, la prévention, le renforcement du traitement et de la prise en charge et l’amélioration des droits humains soit assurer l’accès aux services. Pour sa part, Yamina Chekkar directrice régionale de l’INUSIDA pour la région Mena a argué que l’Algérie reste l’un des pays leaders en matière de lutte contre le Sida. Déplorant que la maladie continue de se propager dans certains pays de la région, elle précisera en chiffres que 230.000 cas de VIH/Sida sont dénombrés dans cette zone.
D’ailleurs, 70% des nouvelles affections sont concentrées dans trois pays, à savoir l’Iran, Soudan et Somalie. En sus, elle a expliqué que le manque de financements dans la région et la faible couverture sanitaire qui est de 18%, alors qu’elle est ailleurs à l’ordre de 90% compliquent la tache de la prise en charge. Pour sa part, Jan Beagle, directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA a certifié qu’en 2015, plus de 55.000 personnes sont décédées en 2015 par le Sida dans le monde. Affirmant que l’objectif de l’organisation est d’arriver « au taux zéro discrimination et zéro stigmatisation », la responsable a regretté que cet objectif reste encore lointain. Sur le plan de la lutte, elle mettra l’accent sur la nécessité de réduire les « populations clés », soit les populations les plus susceptibles d’être contaminées.
Lamia Boufassa