La coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite au Yémen a décidé lundi de ne pas renouveler une trêve de 48 heures, en invoquant des violations systématiques des termes du cessez-le-feu par les rebelles Houthis. «A midi (09H00 GMT), ça s’arrête», a déclaré à l’AFP le porte-parole de cette coalition, le général saoudien Ahmed Assiri, au moment même où expirait cette trêve renouvelable, soutenue par Washington et qui s’est effondrée comme les six précédentes.
Le porte-parole a fait état de 563 violations au Yémen et de 163 à la frontière saoudienne. «Il n’y a eu aucun respect (du cessez-le-feu), que des violations (par les rebelles), plus de morts à Taëz (troisième ville du Yémen), plus d’attaques avec des missiles sol-sol. Donc, automatiquement, les conditions ne sont pas là», a affirmé le général Assiri. Et d’ajouter: «Au niveau militaire, pour le moment, nous n’avons aucune directive pour prolonger le cessez-le-feu. C’est fini, voilà».
La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, soutenues notamment par l’Arabie saoudite, à des rebelles chiites Houthis, accusés de liens avec l’Iran. Le conflit a commencé à l’été 2014 avec la progression des rebelles vers la capitale Sanaa, dont ils se sont emparés et qu’ils contrôlent toujours. Selon l’ONU, la guerre a fait plus de 7 000 morts et près de 37 000 blessés depuis son intensification avec l’intervention en mars 2015 de la coalition.
Aucun répit
De fait, la nouvelle trêve n’a jamais été respectée en dépit d’une baisse relative des violences dimanche matin. Les protagonistes se sont mutuellement accusés de ne pas s’y conformer, évoquant chacun des dizaines de violations. à mesure que la date de son renouvellement s’approchait, les combats ont redoublé d’intensité. Dans la nuit, 15 rebelles et neuf soldats ont été tués dans des combats à Taëz (sud-ouest) et ses environs, selon des sources militaires et médicales.
Quatre civils ont péri et 11 autres ont été blessés par des tirs rebelles contre des quartiers de cette grande ville tenus par les loyalistes, selon les mêmes sources. Lundi matin, les forces du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi ont lancé une offensive contre des positions des Houthis, alliés aux partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, à la sortie ouest de Taëz, selon des témoins. L’offensive vise une base de la défense anti-aérienne à Daminah, selon ces témoins.
L’aviation de la coalition a d’autre part pris pour cibles tôt lundi des positions rebelles à Nahm, au nord de Sanaa, et à Saada, province du nord du Yémen et place-forte des Houthis, ont rapporté des témoins. Dans la province de Marib, à l’est de Sanaa, les forces pro-Hadi ont indiqué avoir repoussé une attaque rebelle à Sarwah.
Un convoi d’aide bloqué
L’idée de la trêve avait été proposée mardi dernier par le secrétaire d’État américain John Kerry, après des entretiens au sultanat d’Oman avec une délégation des rebelles. Ces derniers ont donné leur accord pour la respecter et pour envisager l’examen de la formation d’un gouvernement d’union nationale avant la fin de l’année. Mais elle a été rejetée dans un premier temps par le gouvernement du président Hadi qui a dit ne pas avoir été consulté et qui s’en tient à un retrait et un désarmement des Houthis avant toute relance du processus de paix.
Le gouvernement a fini par accepter le cessez-le-feu du bout des lèvres après des pressions internationales, selon des sources politiques yéménites. L’annonce de la trêve avait soulevé l’espoir d’agences internationales qui y voyaient, comme l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance), une occasion d’améliorer la distribution de l’aide à la population civile durement éprouvée par près de 20 mois de combats. Mais des responsables locaux ont affirmé que les Houthis bloquent depuis dimanche un convoi de 18 camions d’aide destinée à la population de Taëz, dans la ville d’Ibb, plus au nord.
Dans la région de Baïda (centre), un chef local d’Al-Qaïda et son garde ont été tués lundi dans une attaque de drone américain, a affirmé un responsable des services de sécurité. Abou Hammam al-Ibbi était un juge et un imam d’Al-Qaïda, dont la branche yéménite est considérée comme dangereuse par Washington.