Avec la chute persistante des prix du pétrole, le gouvernement doit impérativement trouver d’autres ressources de financement en dehors de budget de l’État. Et les experts et spécialistes nationaux considèrent que la croissance pourrait arriver uniquement dans le secteur de l’entreprise. Après l’adoption d’un nouveau modele économique, l’Etat prévoit des réductions drastiques dans ses investissements pour des projets d’infrastructures. Le Premier ministre a même déclaré qu’avec un prix de pétrole au dessous de 50 dollars, le gouvernement ne serait plus en mesure d’assurer les mensualités de ses fonctionnaires. Ce changement de mode économique a introduit de nouveaux mots dans le jargon gouvernemental, on parle désormais de: transition énergétique, numérisation des transactions et une ouverture sur l’exportation hors hydrocarbures. Et aussi une modernisation des systèmes de formation à l’université. L’un des concepts est le partenariat public-privé (PPP). Question qui intéresse les opérateurs privés et qui a été le thème de cycles de débat du Forum des chefs d’entreprises FCE pour la journée d’hier à Alger. Sous le thème de «Environnement socio-économique et dispositif LMD, quelles actions pour quels objectifs ?», le FCE a invité pour le débat Djamel Boukhettat, directeur de la formation supérieure au ministère de l’Enseignement supérieur. Mme. Nacéra HADDAD, vice-présidente du FCE, a entamé les débats en évoquant le fossé entre les diplômes délivrés par les universités algériennes et les besoins manifestés par les entreprises publiques et privées. Ce qui amène le Dr. Djamel BOUKHETTATA à parler des passerelles qu’entreprend de faire le ministères de l’Enseignement dans son projet d’adéquation entre les deux. Il est plus un problème, pour l’invité du FCE, pour le gouvernement de s’orienter vers le secteur privé pour chercher à booster la croissance du pays. Cela nécessiterait un changement dans les mentalités. « Les recteurs d’universités ne doivent plus se contenter de s’asseoir dans leur bureau et attendre que le budget soit versé par l’État, l’université est face à des défis nouveaux ». Pendant qu’on parlait d’un taux élevé de chômage chez les jeunes diplômés de l’université, les chefs d’entreprises peinent à trouver les cadres qualifiés dont ils ont besoin. Pour l’invité du FCE, cette situation a poussé le responsable du ministère de l’Enseignement supérieur à vouloir changer la qualité et l’intitulé des diplômes. D’où, selon l’orateur, l’introduction par le gouvernement du système LMD. Chaque année, nos universités mènent des centaines de recherches et de thèses sans que nos entreprises en profitent sur le terrain. Problème que l’invité du FCE renvoie à la problématique de réciprocité entre l’entreprise et l’université. Même si l’orateur nie tout enfermement de l’université sur soi et ses prises de décisions unilatérales, il avoue que les contacts avec les opérateurs du monde socio-économique ne sont pas denses. Et la nouvelle stratégie du gouvernement vient de donner un nouveau souffle dans ce processus. Selon l’orateur, l’État aura beaucoup à gagner dans ce rapprochement entre l’université et le monde économique. La réforme du secteur de l’Enseignement supérieur est nécessaire selon le Dr. Djamel BOUKHETTATA.
L’abandon du système dit classique et le passage au système LMD était nécessaire. « De par le monde, on connait une internationalisation des filières d’enseignement, on ne peut plus rester en dehors de se qui se passe ailleurs. Maintenant il est beaucoup plus question de la qualité de la formation, on a assisté à une massification dans la délivrance des diplômes et cela s’est fait avec des effectifs académiques très réduits » dit l’invité du FCE. À une question pour savoir si l’université va vers l’abandon de filières d’enseignement qui ne trouvent pas beaucoup de recrutement, l’orateur dit que, la première vocation de l’université est la formation de capital humain et que les universités ne sont pas des « centres de formation professionnelle », l’État garantit à tous les nouveaux bacheliers un accès à l’université dans les filières de leurs choix. L’invité du FCE a beaucoup insisté sur l’amélioration de système LMD, selon lui, l’administration a créé des pôles d’excellence et d’instituts technologiques dans l’espoir de donner une formation en adéquation avec les défis relevés par le pays. L’orateur a parlé encore de l’ouverture sur l’international et les multiples jumelages entre des universités du pays et des universités à l’étranger surtout avec les Allemands et les Français. Et sur une question du Courrier d’Algérie sur la reconnaissance de nos diplômés à l’étranger, il répond : « on envoie chaque année des étudiants pour des stages et des séjours académiques et la qualité des recherches faites est trés satisfaisante, on a plus de 1600 000 étudiants, et cela est en lui-même un défi pour nous ». Dans la conjoncture actuelle, il est temps- pour l’orateur- d’aller vers une osmose de nos universités. La connectivité de l’université avec son environnement local est un autre impératif, et selon lui « il n’est pas acceptable maintenant de trouver des directions régionales de tous les autres secteurs et ne pas trouver une direction locale de l’enseignement supérieur au niveau des wilayas».
Hamid Mecheri
Accueil ACTUALITÉ Débats du FCE autour de la relation université-entreprise : L’université doit être...