Un gendarme et un surveillant de prison maliens étaient portés disparus lundi après une attaque menée par des jihadistes présumés dans la nuit de dimanche à lundi contre la localité de Banamba (140 km au nord-est de la capitale Bamako), selon des sources concordantes.
C’est la désolation. Les terroristes ont crié +Allah akbar+ (Dieu est le plus grand, NDLR) dès leur arrivée lundi vers 01H00 du matin (heure locale et GMT) à Banamba, a déclaré à l’AFP un membre d’une délégation de députés et de conseillers communaux qui se sont rendus dans l’après-midi dans cette localité du centre du Mali. Ils sont partis à la prison pour libérer un de leurs camarades. Mais celui-ci avait été transféré dans une autre prison. Ils ont ensuite attaqué la gendarmerie et une banque, a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat.
Malgré le feu mis à la banque, ils n’ont pas pu ouvrir le coffre-fort, a-t-on souligné, ajoutant que les terroristes sont partis avec deux otages: un surveillant de prison et un homme en uniforme malien, ainsi que des prisonniers qui les ont suivis de leur propre gré. Une source pénitentiaire a confirmé à l’AFP qu’un présumé jihadiste proche du groupe nigérian Boko Haram détenu à la prison de Banamba avait été transféré vers un autre établissement depuis quelque temps. Auparavant, un élu de Banamba avait indiqué à l’AFP qu’un gendarme et un surveillant de prison sont portés disparus. Certains disent qu’ils ont été enlevés par les assaillants qui parlaient tamasheq (langue touareg, ndlr) et peul, a affirmé cet élu sous couvert d’anonymat. Les assaillants, arrivés à Banamba à bord d’une dizaine de véhicules, se sont aussitôt divisés en trois groupes, selon cette source.
Un groupe s’est attaqué à la gendarmerie locale, un autre groupe s’est attaqué à la prison pour libérer des détenus, et un troisième s’est dirigé vers une banque sur place pour forcer le coffre-fort, a précisé cet élu. Selon un autre élu local, tout porte à croire qu’ils avaient infiltré la ville la veille avant de lancer cette opération, qu’il a qualifiée de bien coordonnée. Deux véhicules de la gendarmerie ont été volés par les auteurs de l’attaque, qui a permis l’évasion de dizaines de prisonniers, dont certains sont repartis avec eux, a affirmé de son côté à l’AFP une source de sécurité malienne. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.
Dimanche, un Casque bleu togolais et deux civils maliens ont été tués dans l’attaque d’un convoi de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) près de la localité de Douentza, dans le centre du pays, à 800 km au nord-est de Bamako. Sept autres Casques bleus togolais ont été blessés, dont trois grièvement, selon la Minusma.