à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote américains, Hillary Clinton a mis fin à près de 19 mois de campagne par une soirée haute en couleurs, devant une foule record à Philadelphie en compagnie de Barack Obama, puis dans un dernier meeting électrique avec Lady Gaga, au milieu de la nuit de lundi à mardi.
Quelque 40.000 personnes se sont rassemblées en plein air lundi soir, dans la ville historique de Philadelphie, avec en têtes d’affiche le président sortant et la Première dame, ainsi que Bill et Chelsea Clinton… Le « Boss » Bruce Springsteen et Jon Bon Jovi étaient aussi là, pour tenter d’écrire une page d’histoire.
« Demain, c’est l’heure de vérité », a déclaré Hillary Clinton, exhortant les démocrates à aller voter en masse. « Aucun de nous ne veut se réveiller et regretter de ne pas en avoir fait davantage ». Jamais dans cette campagne l’ancienne secrétaire d’état de 69 ans ne s’était exprimée devant une foule aussi nombreuse, qui remplissait l’esplanade de l’Indepence Mall jusqu’au bâtiment où en 1776 un groupe d’Américains déclara l’indépendance des colonies.
Jeunes, vieux, enfants, Blancs et Noirs ont bravé le froid, 2 degrés, pour écouter cette femme pudique et raide en public, plus à l’aise dans les églises noires des quartiers nord de cette même ville, où elle était encore dimanche, que sur cette monumentale scène. Le populaire président sortant et le « Boss » ont indéniablement contribué au succès de l’événement, point final d’une campagne démocrate qui n’a guère suscité l’engouement et qui a connu des moments difficiles et controversés. Après un tour de chant de Jon Bon Jovi, le légendaire Bruce Springsteen a pressé les électeurs de se mettre « du bon côté de l’histoire ». Entre ses chansons « Thunder Road » et « Dancing in the Dark », il a salué l’ex-Première dame et sa « vision réelle d’une Amérique où tout le monde compte » peu importe ses origines.
Ses chaudes paroles ainsi que celles de Barack et Michelle Obama ont préparé le terrain pour la candidate. Comme un clin d’œil des organisateurs, le sceau présidentiel n’avait pas été retiré du pupitre, contrairement à l’usage. « Hillary Clinton ne se plaint pas, elle passe outre. Comme les Américains, elle est forte et solide », a déclamé Barack Obama. « Philadelphie, vous avez une personne exceptionnelle pour qui voter, en la personne d’Hillary Clinton ».
Il s’est chargé de reléguer par avance Donald Trump au rang de mauvais souvenir, tout comme Bruce Springsteen qui a dénoncé son « manque de décence ». Mme Clinton a peiné à atteindre l’éloquence de l’homme auquel elle veut succéder, livrant le même discours solennel et patriotique qu’elle a adopté pour la dernière ligne droite.
Evoquant la menace de son rival républicain de ne pas reconnaître les résultats du scrutin, elle a lancé comme un défi: « Nous allons lui montrer demain que les résultats de cette élection seront indiscutables! » Après une accolade des familles Obama et Clinton, la candidate s’est envolée pour Raleigh (Caroline du Nord) pour son quatrième et dernier meeting de la campagne, où l’attendait une surprise.
Gaga
Malgré une heure de retard et une arrivée peu avant une heure du matin, une salle pleine à craquer de supporteurs comme montés sur ressorts l’a accueillie dans une clameur assourdissante, chauffée par l’extravagante chanteuse Lady Gaga, redevenue solennelle pour déclarer: « Cette femme est faite d’acier ». Comme étonnée par l’hystérie des étudiants à son arrivée sur scène, Hillary Clinton a lâché: « Je dois vous dire, cela valait la peine de rester debout ». Et après une demi-heure de discours, elle a longuement savouré l’au revoir de l’auditoire, figée dans un immense sourire, tout comme les responsables de son équipe de campagne, dopés par un spectacle réussi.
La journée avait commencé lundi vers 10h00, à l’aéroport régional de Westchester, non loin de son domicile de Chappaqua, près de New York. Elle était arrivée détendue, par une belle matinée d’automne, en pleine conversation sur son smartphone avec sa petite-fille de deux ans, Charlotte. à la horde de journalistes qui l’accompagnent, elle avait donné le ton: « Je veux être la présidente de tous, ceux qui ont voté pour moi et ceux qui votent contre moi ».
Puis ce fut Pittsburgh, devant près de 4 000 personnes en plein air sur le campus de l’université de Pittsburgh, dans un décor soigné, et où elle s’est permise un bref bain de foule. Et 4 600 personnes près de Grand Rapids dans le Michigan, où elle martelé: « Le pays doit passer avant le parti dans cette élection ».
Le clan Clinton et ses fidèles ont repris dans la nuit la direction de New York, où un comité d’accueil d’amis, de supporteurs et de collaborateurs attendaient l’arrivée de l’avion. Il ne restera plus à la candidate qu’à voter, au petit matin mardi, dans une école de Chappaqua. Et à prononcer un discours mardi soir, à New York, après l’annonce des résultats de l’élection.