C’est une première depuis des décennies : un nouveau musée vient d’ouvrir ses portes à Bassorah, symbole d’une renaissance dans un pays toujours en guerre.
Dans un pays dévasté par la guerre et les pillages qui le rongent depuis plus de dix ans, la nouvelle sonne comme un fragile espoir. Un musée archéologique a ouvert ses portes il y a un mois dans la ville de Bassorah, relativement épargnée par le conflit actuel.
Un ancien palais du raïs
Le musée est logé dans un des nombreux palais de l’ancien dictateur irakien destitué en 2003 à la suite de l’intervention américaine. Le « palais du lac » proche de la frontière iranienne est aussi situé après la rencontre du Tigre et de l’Euphrate, dans une des régions les plus riches du pays. Au lieu d’en faire un hôtel, comme ce fut le cas pour certains anciens palais du raïs, ainsi que le rapporte le Daily Mail en 2009, il a été décidé d’en faire un musée pour aider à la réanimation culturelle de Bassorah. La ville de Sinbad le marin fait partie des centres culturels du pays. Selon John Curtis, spécialiste du Proche-Orient ancien, « le bâtiment a l’avantage d’être situé sur un lieu idéal, où il pourrait y avoir eu un jour des jardins merveilleux ». La région est parfois référencée comme un des emplacements possibles du jardin d’Éden. Le projet a été porté notamment par une association britannique. Le palais avait hébergé les troupes britanniques durant la seconde guerre du Golfe, ce qui a amené Londres et le British Museum à s’impliquer. En effet, le bâtiment avait subi de nombreux dommages lors de la guerre. Les réparations ont nécessité une levée de fonds de 3,5 millions de dollars.
Pillages
Il y a un an, le musée irakien de Bagdad, fermé depuis douze ans, rouvrait ses portes. Il avait été pillé et endommagé pendant la prise de Bagdad en 2003 par les Américains, à qui on a reproché d’avoir agi tardivement pour le protéger. Dans le sud du pays, dont la région de Bassorah avait déjà été ravagée lors de la première guerre du Golfe en 1991, près de 4 000 pièces avaient disparu durant des pillages. Pour la mise en place de cette collection, les pièces ont été fournies par le musée de Bagdad. Le musée exposera des pièces archéologiques datant de plusieurs millénaires avant notre ère. Le pays se situe dans ce que les historiens considèrent comme « le berceau de l’humanité », entre le Tigre et l’Euphrate, de nombreuses civilisations ont vu le jour : les Sumériens, les Babyloniens et les Assyriens, qui ont développé des inventions aussi essentielles pour l’humanité que l’agriculture, l’écriture ou l’astronomie… Le pays tente de se reconstruire peu à peu alors que la bataille pour reconquérir une partie de son territoire fait encore rage. L’Irak accueille tout de même chaque année 1,5 million de visiteurs.
Ils pourront désormais ajouter une visite à leur périple mésopotamien. Le prix de l’entrée du futur musée de Bassorah sera de 1 dollar pour les locaux, il se montera à 10 dollars pour les touristes étrangers.