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Phil Collins : Un dernier pour la route

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Diminué physiquement, il nous avait confié, il y a six mois, avoir renoncé à chanter. Le 17 octobre, il a pourtant annoncé son retour sur scène ainsi qu’une autobiographie. Explications sur ce revirement.
Pas tout à fait mort. Ou plutôt « Not Dead Yet » (pas encore mort), selon le titre de sa première autobiographie et de sa prochaine tournée. Inutile de dire que l’on se pince encore un peu pour y croire. En février, Phil Collins nous recevait à Londres pour évoquer les rééditions de ses albums solo. Quatre d’entre eux firent de lui l’une des plus grandes pop stars des années 1980. Avant que Phil ne connaisse une période plus compliquée au début des années 2000, qui se termina en 2007-2008 par une tournée d’adieu de Genesis. « J’ai pris ma retraite », nous expliquait-il alors fièrement, avouant avoir traversé des heures très sombres, sans s’étendre. Mais dans
« Not Dead Yet », paru la semaine dernière, Phil met les choses au point : « Au moment où j’annonçais vouloir me consacrer à mes enfants, ma femme m’a quitté, a rencontré quelqu’un d’autre et s’est installée à Miami. » Collins se retrouve seul en Suisse, où l’alcool devient son compagnon de vie. « Au début, c’était une bière, puis ensuite des bouteilles de whisky », précise-t-il devant un verre de chardonnay. Phil raconte les crises de delirium tremens qui le secouent, parfois devant ses enfants. Une première cure de désintoxication ne suffit pas. Il s’évade au bout d’une semaine. Il faudra qu’il finisse salement amoché moralement comme physiquement pour accepter les traitements qu’on lui propose. Fin 2013, il est tiré d’affaire. « Petit à petit, je me suis rapproché d’Orianne, ma troisième épouse dont je n’aurais pas dû divorcer. » Installé plus ou moins définitivement en Floride, Phil décide de voir ses deux cadets grandir. Nicholas, 13 ans à l’époque, compte devenir batteur professionnel. Si Phil ne peut plus jouer de batterie pour l’instant, il saisit l’opportunité : la nouvelle passion de son fils est une manière de renouer avec son passé. « Nic et Matt (son cinquième enfant) m’ont souvent demandé de reprendre ma carrière. Je ne pouvais plus refuser, j’ai sauté le pas au printemps dernier. » En deux miniconcerts, Collins retrouve ses sensations de chanteur et admire son fils ­derrière les fûts. « Sans lui, je n’y serais pas retourné », sourit-il. Aujourd’hui, pourtant, Phil Collins n’a pas vraiment l’air en pleine possession de ses moyens. Parlant doucement, se déplaçant ­difficilement, il ressemble à tout sauf à une rock star flamboyante. « D’ici à juin, j’en aurai ­terminé avec tout ça, promet-il en montrant sa canne. Cette affaire est peut-être une manière de récupérer une partie de mon héritage musical. » Beyoncé, Pharrell ou Adele ont récemment cité ses chansons comme de véritables influences. « C’est gentil, je crois qu’ils sont sincères, j’ai tenté une collaboration avec Adele sans que cela n’aboutisse. Mais ça m’a fait ­plaisir qu’elle pense à moi. C’est l’une des artistes les plus importantes de sa génération. » En juin, le musicien devrait donc être un homme en paix avec lui-même. « Hum… En racontant ma vie pour ce livre, je me suis rendu compte que Tony Banks et Mike Rutherford [les deux musiciens de Genesis deuxième période] étaient de vrais amis.
Il n’y a qu’avec eux que j’ai pu arriver en studio sans aucune idée et repartir quinze jours plus tard avec un disque entier. » Sans vouloir replonger dans le grand bain du showbiz, on sent en lui une pointe de nostalgie. « Les jets privés, les concerts dans les stades, les tournées à rallonge, c’est fini. Aujourd’hui, je sais que je peux dire non. Bon, on ne me le demandera probablement plus, c’est à l’époque que j’aurais dû l’ouvrir. » Pas question donc de mourir tout de suite. Il n’est jamais trop tard pour s’offrir un nouveau tour de piste.

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