L’Entreprise du métro d’Alger (EMA) déplore un manque à gagner dans l’exploitation du tramway d’Alger. Et pour cause, un nombre important d’usagers de ce moyen de transport ne payent pas leur dû. Selon Omar Hadbi, P-DG de cette entreprise, 40% d’entre eux recourent à la fraude.
En effet, intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, dans le contexte de la grève enclenchée par le personnel du tramway, depuis mardi dernier, Hadbi a tiré la sonnette d’alarme sur cette pratique frauduleuse qui est en passe de devenir un phénomène à Alger. Cet état de fait a engendré des dommages financiers importants à l’Entreprise, dont le responsable a pointé du doigt l’incivisme citoyen comme étant la cause derrière cette pratique pour le moins illicite. Ainsi, le P-DG n’a fait que révéler avec la langue des chiffres ce qui est visible quotidiennement au vu et au su de tout le monde. À en croire ses déclarations, le taux de fraude enregistré par son entreprise est de 40%. Ce ratio est à l’origine d’une perte financière estimée à près de 50 millions de dinars, soit 50% de moins de ressources pour la trésorerie de l’EMA. Déjà confrontée à la problématique de financement de ces projets, notamment le programme de réalisation et de parachèvement de métros et de tramways, au niveau des grandes villes du pays, ce préjudice ne fait que rajouter une couche à ce déficit. Du point de vue de l’affluence des voyageurs sur le tramway d’Alger, il semble que ce moyen de transport urbain connaît un engouement auprès des clients.
Quelque 100 000 usagers sont enregistrés quotidiennement, en effet, si ce n’est la rentabilité financière qui fait défaut, et laquelle étant donc imputée au fait que quatre voyageurs sur 10 ne payent pas le ticket. Devant cet état de fait, cette Entreprise publique dotée du statut d’une SPA (Société par actions) semble assister impuissante à ce qui s’apparente à un phénomène prenant de l’ampleur.
Quand bien même un système de contrôle est mis en place et exécuté par une armada d’agents-vérificateurs et de sécurité déployés sur tout le réseau ferré du tramway. Mais, cette situation semble échapper complètement à l’EMA, comme l’a laissé entendre Hadbi, qui ne voit pas l’utilité d’intensifier le travail de contrôle. «On ne peut pas mettre un contrôleur derrière chaque passager», a-t-il indiqué à ce titre. Selon lui, hormis le fait de contrôler la validité du ticket, surveiller de près et passer au peigne fin tout le flux de milliers de voyageurs qui prennent les 38 stations du tramway, chaque jour, relève d’une mission presque impossible à accomplir. C’est le cas de le dire, puisqu’il n’est plus un secret pour personne, que le nombre de cas de voyageurs qui prennent le tramway de manière frauduleuse se voit tous les jours, pour le simple habitué de ce moyen de transport. D’ailleurs, l’un des faits avérés en la matière est celui des jeunes supporters de football du Championnat national. En effet, et assez souvent, les fans des clubs de l’Algérois prennent d’assaut le tramway à tel point qu’il devient presque impossible pour le personnel de cette Entreprise de tout contrôler. Comme ce fut le cas d’ailleurs pour les matchs de football qui se déroulent au stade 20-Août–1955 des Annassers (Ruisseau). Non seulement une bonne partie de certains supporters indélicats ne payent pas le ticket du voyage, mais aussi, souvent, la ligne du tramway est la proie à des actes d’incivisme allant jusqu’à menacer la sécurité des usagers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette situation d’anarchie a même amené l’EMA à adapter la programmation des dessertes au calendrier du Championnat national. Autre cas d’incivisme, pointé du doigt par ce P-DG, c’est le problème de stationnement des voitures tout au long de la voie ferrée du tramway. Face à cet obstacle, qui quand bien même constitue un problème pour la sécurité des voyageurs, l’EMA assiste impuissante sans pouvoir faire quelque chose. Il en appelle aux autorités locales pour lui venir en aide à même de mettre fin à cette situation désobligeante.
Farid Guellil