Les Etats-Unis ont réduit le nombre de leurs conseillers militaires auprès de la coalition arabe intervenant au Yémen sous commandement saoudien, tout en affirmant que cette décision n’était pas liée au nombre élevé de pertes civiles.
Le lieutenant Ian McConnaughey, porte-parole de la 5e flotte américaine basée à Bahreïn, a indiqué samedi à l’AFP que cette réduction s’expliquait par une baisse de la demande d’assistance » des Saoudiens.
Accusant l’Iran de chercher à la déstabiliser via les rebelles Houthis du Yémen, l’Arabie saoudite avait monté en mars 2015 une coalition militaire arabe pour soutenir le président Abd Rabbo Mansour Hadi, chassé de Sanaa quelques mois plus tôt.
L’Arabie saoudite fait face à des critiques répétées de la part des défenseurs des droits de l’Homme en raison du nombre élevé de civils tués dans les raids aériens de la coalition au Yémen. Cette réduction intervient avant une visite en Arabie saoudite, le 24 et 25 août, du secrétaire d’État américain John Kerry, qui devrait être dominée par la guerre au Yémen.
Les responsables américains n’ont cessé de demander à leur allié saoudien d’éviter les pertes civiles lors des opérations militaires contre les rebelles chiites Houthis qui contrôlent la capitale Sanaa et une bonne partie du nord du Yémen.
Le lieutenant McConnaughey a expliqué que la réduction du nombre de conseillers américains n’affectait pas le soutien apporté par les Etats-Unis aux Saoudiens et était dictée par une meilleure gestion des ressources humaines de l’US Navy.
« C’en est la principale raison et ça a été dicté par le niveau de soutien demandé par les Saoudiens », a-t-il assuré.
Une poignée de conseillers
Selon lui, les Etats-Unis gardent un nombre limité de conseillers auprès de la coalition, soit « moins de cinq qui travaillent au sein de la cellule de conseillers ».
L’US Navy avait auparavant environ 45 conseillers auprès de la coalition travaillant en Arabie saoudite comme à Bahreïn.
La cellule avait été établie avec le début de l’intervention militaire de la coalition arabe au Yémen en mars 2015, selon l’officier américain.
Après une vague de raids aériens contre les positions rebelles, la coalition a envoyé des troupes au sol qui ont aidé les forces du président Hadi à reprendre plusieurs régions du sud du Yémen. La coalition assure tout faire pour éviter les pertes civiles en utilisant des bombes de précision, fournies notamment par les Etats-Unis.
Mais elle continue d’être accusée de « bombardements sans distinction » par des organisations comme Médecins sans frontière (MSF) qui a décidé jeudi d’évacuer son personnel de six hôpitaux du nord du Yémen après un raid ayant fait 19 morts et 24 blessés dans l’un de ces établissements.
Plus de morts civils
D’après MSF, c’est la quatrième fois qu’une structure qu’elle soutient est touchée au Yémen. La coalition a ouvert mardi une enquête « indépendante » après le raid, qui avait provoqué une vive indignation internationale. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait déclaré que « toute attaque contre les hôpitaux, le personnel médical ou des civils (…) est une grave violation du droit humanitaire international ».
Le lieutenant McConnaughey a indiqué que l’US Navy fournissait notamment aux Saoudiens des « images leur permettant de mieux évaluer la situation sur le terrain ».
Il a assuré que la coopération en matière d’échange d’informations se poursuivait avec les Saoudiens.
Les raids de la coalition arabe se sont intensifiés depuis le 9 août dernier après l’échec de négociations de paix qui se déroulaient depuis trois mois au Koweït sous l’égide des Nations unies. Mardi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a actualisé le bilan des victimes du conflit yéménite entre le 19 mars 2015 et le 15 juillet 2016, qui s’établit à 6.571 morts et 32.856 blessés, dont de nombreux civils.
Quelque 80% de la population a besoin d’une assistance humanitaire, selon l’ONU. Entre la destruction de centaines de structures et la pénurie d’électricité, d’eau potable et de médicaments, le système de santé est en passe de s’effondrer au Yémen, avertissait en avril l’OMS.