La ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication a choisi le troisième jour des épreuves du Bac partiel pour s’exprimer sur ce qu’elle a appelé «la restriction d’accès aux réseaux sociaux». Est-ce fortuit ?
Beaucoup en doutent, qui semblent convaincus que la sortie médiatique d’Imane-Houda Feraoun, une interview accordée à l’Agence de presse officielle, est motivée, pour une grande part, par «les recettes» que certains médias, dont des sites électroniques, ont donné aux internautes pour contourner cette restriction. Et dans le même temps, pour répondre aux critiques de certains «experts» qui considèrent que cette mesure est inefficace du fait, précisément, du contenu de ces «recettes» ; à savoir que les internautes ont la possibilité de se rabattre sur «les VPN (Virtual Private Network)» pour accéder aux réseaux sociaux bloqués. En qualifiant ces «recettes» de «machination (dépassant) de loin le stade de simples fraudeurs ordinaires», elle n’a fait que recadrer le problème de la fuite des sujets du Baccalauréat, à l’origine de l’organisation de ce Bac partiel, dans ses véritables dimensions; celles, déjà soulignées par nombre de responsables gouvernementaux et politiques, dont la ministre de l’Éducation, elle-même, d’un complot visant la stabilité du pays. Ce que son annonce de la prise «de mesures sévères (…) à l’encontre des fraudeurs utilisant ces techniques (et) des artisans de cette machination», confirme amplement. Comme le confirme, également, sa réponse indirecte aux «experts» précités qui ont mis en doute l’efficacité des mesures prises de restreindre l’accès aux réseaux sociaux. En assénant que «ces mesures ont permis l’avortement de tentatives criminelles qui visaient à mettre en péril le devenir des milliers de candidats au Baccalauréat», la ministre de la Poste et des TICs est, toutefois, allée au-delà de la confirmation de la thèse du complot: elle a également révélé que les tentatives de saboter le principal examen national de fin d’année ont continué avec le début des épreuves du Bac partiel. Dans la foulée, elle n’a pas manqué, dans le souci évident de répondre à toutes les voix malintentionnées qui se sont faites entendre, ces derniers jours, sur les supposées retombées négatives de «la restriction de l’accès aux réseaux sociaux» décidée, sur l’activité économique du pays. Dans un premier temps, en précisant qu’il ne s’agissait aucunement «de coupure (de l’Internet)» mais «d’une simple réduction du trafic» durant un moment précis: «la première moitié du premier examen», a-t-elle déclaré. Et dans un second, en ajoutant que «le blocage, pendant la nuit, n’avait concerné que les réseaux sociaux».
Des mesures dont la finalité, a poursuivi la ministre, revenant en cela à son idée première du caractère prémédité et criminel des faits qui ont entaché le déroulement de la session de cette année du Baccalauréat, était «de déjouer les desseins de certains groupuscules qui activent pour perturber le déroulement des épreuves». Tout en précisant que la restriction (de l’accès aux réseaux sociaux), décidée «en relation avec l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications (ARPT) et l’ensemble des opérateurs de télécommunication», Imane-Houda Feraoun l’a défendue en rappelant que lorsqu’il s’agit de l’avenir de nos enfants, eux-mêmes, avenir du pays, le gouvernement à toute la latitude pour prendre les mesures conservatoires d’urgence» qui s’imposent. Dans le même registre, elle a appelé la frange juvénile de la population «portée sur les TICs» à laquelle une telle restriction a causé, sûrement, «des désagréments à une meilleure compréhension de la situation et de sa gravité: «Le devenir de nos enfants candidats au Bac nous oblige à accepter de céder un peu de notre bien-être personnel», a-t-elle, en effet, déclaré.
Ceci non sans faire part de sa conviction que «les Algériens (qui) sont connus pour leur sens de la citoyenneté et de la responsabilité ne peuvent qu’être «satisfaits des mesures» prises. Surtout qu’ils sont, a-t-elle ajouté dans le clair souci de faire passer son message auprès des jeunes, pour être réfractaires «à la fraude», partisans «de l’égalité des chances» en toutes circonstances et soucieux «de voir nos enfants à l’abri de toute surenchère».
De là son appel «aux pouvoirs publics, à la société civile, aux parents d’élèves et aux médias» à œuvrer de concert pour assurer aux candidats la sérénité voulue; une sérénité qui «les encouragera à redoubler d’efforts pour obtenir et mériter leur passage à l’Université… »
Mourad Bendris